"Paradise Papers" : qui sont les personnalités et entreprises impliquées dans les révélations ?
De nombreuses personnalités internationales, comme la reine d'Angleterre ou le pilote de F1 Lewis Hamilton, figurent dans les documents du cabinet Appleby.
Après les "Panama Papers", voici les "Paradise Papers". Une enquête menée sous l'égide du Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ), à laquelle ont participé la cellule investigation de Radio France et l'émission "Cash Investigation" de France 2, révèle, depuis le dimanche 5 novembre, comment certaines personnalités ont utilisé des montages fiscaux complexes pour échapper à l'impôt.
>> L'article à lire pour comprendre le scandale des "Paradise Papers"
Fondée sur des documents du cabinet Appleby, cette enquête met également en lumière des liens d'affaires surprenants. Franceinfo vous résume quelles sont les premières personnalités égratignées par ces "Paradise Papers", dont la publication s'étalera sur plusieurs jours.
La reine d'Angleterre
Selon ces documents, Elisabeth II possède une société qui gère ses biens, intitulée "Duché de Lancaster". En 2005, cette société a investi 7,5 millions de dollars dans un fonds situé aux îles Caïmans. Et ce fonds a investi dans un autre fonds qui contrôle BrightHouse, une société épinglée par les élus britanniques pour ses pratiques commerciales douteuses.
>> Les étranges placements d'Elisabeth II dans des paradis fiscaux
Le secrétaire américain au Commerce, proche de Donald Trump
Malgré les sanctions contre la Russie, Wilbur Ross possède toujours des intérêts dans la compagnie de transport maritime de gaz liquéfié Navigator Holdings. Cette compagnie fait des affaires avec un géant du gaz et du pétrole, Sibur, contrôlé par des proches du président russe, Vladimir Poutine.
>> Les liens d'affaires opaques entre un ministre de Donald Trump et des oligarques russes
Un proche du Premier ministre canadien, Justin Trudeau
Autre personnalité impliquée, le milliardaire canadien Stephen Bronfman. Cet ami d'enfance du Premier ministre Justin Trudeau, acteur clé de sa campagne victorieuse en 2015 et trésorier de son parti, a utilisé, avec un sénateur du Parti libéral, un trust aux îles Caïmans pour échapper à l'impôt. Un montage qui pourrait relever de la fraude fiscale.
>> Comment l’entourage du Premier ministre canadien Justin Trudeau utilise les paradis fiscaux
Le chanteur Bono
Il a réagi de manière originale. Le chanteur irlandais du groupe U2, Bono, a salué l'enquête des "Paradise Papers". Selon les révélations du Guardian (article en anglais), l'artiste a utilisé une entreprise basée à Malte, où l'imposition est faible, pour acheter une part dans un centre commercial en Lituanie. L'ensemble a ensuite été transféré sur l'île de Guernesey, où les profits sont taxés à seulement 5%.
L'artiste Madonna
La chanteuse, actrice et femme d'affaires américaine Madonna détient 2 000 actions d'une société de fournitures médicales enregistrée aux Bermudes, explique Radio Canada. L'entreprise a été dissoute en 2013. Contactée, l'artiste n'a pas souhaité répondre aux sollicitations de l'ICIJ.
Le pilote de F1 Lewis Hamilton
Parmi les sportifs épinglés figure le Britannique Lewis Hamilton, quadruple champion du monde de Formule 1 (2008, 204, 2015, 2017). Grâce à ses conseillers juridiques, il a réussi à échapper à la TVA qu'il aurait dû verser dans le cadre de l'acquisition d'un rutilant jet privé et d'un motor-home de luxe.
L'ex-trésorier des Tories, Michael Ashcroft
Vice-président et ancien trésorier du Parti conservateur de la Première ministre britannique Theresa May, Michael Ashcroft ne paie pas d'impôts au Royaume-Uni. Comme l'explique Libération, l'homme n'a jamais abandonné son statut de non-résident fiscal malgré les promesses qu'il avait faites pour devenir lord en 2000 et en 2010 quand un premier scandale avait éclaté. Les "Paradise Papers" révèlent qu'il est toujours résident du Belize et qu'il a contourné la loi, via un trust, pour éviter de payer ses impôts. Interrogé par la BBC (en anglais) début octobre, il a préféré fuir aux toilettes.
Le vendeur de jets Dassault Aviation
Petite île coincée entre l'Angleterre et l'Irlande, Man s'est spécialisée ces dernières années dans le business des jets privés, grâce à un régime fiscal alléchant qui a séduit de nombreuses personnalités comme Lewis Hamilton. Une combine bien connue des constructeurs d'avions, comme Dassault Aviation, cité dans les documents consultés par Radio France. Entre 2009 et 2012, le groupe a même créé des filiales éphémères sur l'île pour acheter ses propres avions avant de les revendre aux clients finaux.
>> Comment les jets de Dassault Aviation échappent à toute TVA en passant par l'île de Man
L'équipementier sportif Nike
Equipementier des plus grands athlètes, Nike est lui-même un champion de l'optimisation fiscale. Grâce à des montages financiers et en centralisant son activité européenne aux Pays-Bas, l'entreprise a réussi à réduire son taux d'imposition en Europe à 2%. Une combine qui lui a permis de passer de 24% à 16% d'imposition mondiale en trois ans, comme le montre ce graphique de l'Icij.
Le géant de la tech Apple
Epinglé en 2013 pour ses montages financiers en Irlande, Apple s'est rapidement réfugié… sur l'île de Jersey, comme le raconte le New York Times (en anglais). Au total, l'entreprise a accumulé plus de 110 milliards d'euros de profits dans des paradis fiscaux.
L'actionnaire du club de football d'Arsenal Alicher Ousmanov
Au Royaume-Uni, la loi interdit à une personne qui possède 10% d'un club de football de prendre une participation dans un autre club. Objectif : éviter les matchs arrangés ou truqués. Selon les "Paradise Papers", le Russe Alicher Ousmanov, qui possède 30% du club londonien d'Arsenal, détient pourtant de manière discrète une partie du capital d'Everton. Farhad Moshiri, propriétaire de 49,9% du club de Liverpool, a en effet utilisé de l'argent donné par Ousmanov pour investir dans le club, rapporte The Guardian (en anglais). Les deux hommes sont par ailleurs très proches : le second est l'employé du premier.
Le fabriquant d'électroménager Whirlpool
Les "Paradise Papers" révèlent que la multinationale d'électroménager Whirlpool met en place des systèmes complexes d'optimisation fiscale, afin de profiter des taux d'imposition avantageux des paradis fiscaux, notamment dans l'Etat du Delaware (Etats-Unis) et des Bermudes. En France, l'entreprise va transférer son usine de sèche-linge d'Amiens (Somme) en Pologne afin de "sauvegarder sa compétitivité".
>> Comment Whirlpool fait tout pour payer moins d'impôts
Le mastodonte pétrolier Total
L'entreprise pétrolière et gazière Total s'est toujours défendue contre les accusations d'évitement fiscal. Pourtant, les "Paradise Papers" révèlent que le groupe a ouvert au moins 15 filliales aux Bermudes, un paradis fiscal.
>> Total aux Bermudes, ou les bénéfices de l'offshore
La chanteuse Shakira
La star colombienne de la chanson Shakira a mis en place un système d'optimisation fiscale complexe, en se domiciliant fiscalement aux Bermudes, alors qu'elle réside à Barcelone (Espagne). Les droits d'auteurs de Shakira, d'un montant de 31,6 millions d'euros, sont répartis entre Malte et le Luxembourg, explique Le Monde.
>> De Malte aux Bahamas, comment Shakira a placé ses actifs dans des paradis fiscaux
Le prince Charles
Après la reine d'Angleterre Elizabeth II, c'est son fils, le prince Charles, qui est éclaboussé par le scandale des "Paradise Papers". Selon les éléments révélés par cette enquête, l'héritier de la couronne britannique a fait campagne pour infléchir certains accords climatiques afin d'en faire profiter une entreprise basée aux Bermudes, qu'il détient. Le prince défend la cause environnementale depuis de nombreuses années. Le duché de Cornouailles, qui gère ses fonds, a investi trois millions et demi d'euros en 2007 aux îles Caïmans, un paradis fiscal, précise la BBC (article en anglais).
Le cinéaste Jean-Jacques Annaud
"Bon cinéaste, mais pas excellent fiscaliste." C'est ainsi qu'a réagi l'avocat du réalisateur français Jean-Jacques Annaud, qui a caché pendant vingt ans au fisc une partie de son patrimoine. Le cinéaste a créé un trust aux îles Caïmans dix jours avant la sortie de Sept ans au Tibet, en 1997. En 2015 il a transféré une partie de son argent sur un nouveau trust, à Hongkong.
>> Des îles Caïmans à Hongkong, l'argent caché du cinéaste Jean-Jacques Annaud
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.