Ces six dossiers chauds qui attendent le gouvernement pour la rentrée
Les membres de l'exécutif se réunissent mercredi à l'Elysée pour le Conseil des ministres qui marque la rentrée politique.
Après la prérentrée diplomatique, avec l'accueil de Vladimir Poutine au fort de Brégançon (Var), Emmanuel Macron fait sa rentrée pour de bon. Le chef de l'Etat reçoit, mercredi 21 août au palais de l'Elysée, le premier Conseil des ministres post-pause estivale. Le président devrait à nouveau exhorter ses ministres à accélérer les réformes tout en écoutant davantage les Français, son leitmotiv depuis le grand débat national.
Car Emmanuel Macron sait que la contestation peut flamber à nouveau. "Je ne crois pas du tout que ce qui, à un moment, crée la colère sincère d'une partie de la population soit derrière nous", a-t-il ainsi reconnu après son arrivée dans le Var. Une prudence bienvenue tant la rentrée s'annonce semée d'embûches pour l'exécutif. Franceinfo fait le tour des dossiers potentiellement explosifs pour le gouvernement.
1La réforme des retraites
Système à points pour remplacer les 42 régimes actuels, mise en place d'un âge incitatif de 64 ans pour une retraite à taux plein... Après sa présentation au début de l'été, la réforme des retraites va très rapidement connaître un premier test. Les partenaires sociaux, pour la plupart hostiles aux préconisations énoncées par le haut-commissaire Jean-Paul Delevoye chargé du dossier, seront reçus par Edouard Philippe les 5 et 6 septembre.
Si la CFDT souhaite profiter de l'occasion pour réclamer des aménagements, notamment sur le fameux âge de 64 ans nécessaire pour obtenir une retraite à taux plein, FO et la CGT ont d'ores et déjà annoncé des manifestations contre le texte les 21 et 24 septembre.
Visiblement conscient du caractère sensible du dossier, le gouvernement a préféré se donner du temps en ouvrant une nouvelle phase de concertation, sans fixer de date finale. "La question de la méthode est très importante. Il faudra, sur cette réforme, renouer avec l'esprit du grand débat", assure ainsi un conseiller du chef de l'Etat au Parisien. Le quotidien, qui table sur un passage du texte devant le Parlement au premier semestre 2020, indique qu'une "grande concertation nationale" sur les retraites pourrait être mise en place dans les mois à venir.
2Le projet de loi bioéthique et l'ouverture de la PMA à toutes les femmes
Promis par le candidat Macron, maintes fois repoussé, le projet de loi sur la bioéthique doit être examiné à partir du 24 septembre par les députés. La mesure phare du texte concerne l'extension du droit à la procréation médicalement assistée (PMA) aux couples de femmes et aux femmes seules. Présenté le 24 juillet en Conseil des ministres, il prévoit aussi la possibilité d'autoconserver ses ovocytes et la fin partielle de l'anonymat du don de sperme.
La majorité fait valoir le soutien d'une partie des députés de droite et d'une large approbation populaire (65% des Français se disent favorables à l'ouverture de la PMA aux couples de femmes, selon un sondage publié fin avril). Mais certains dans les rangs macronistes mettent en garde contre un possible réveil du camp conservateur. La Manif pour tous rêve de saisir cette opportunité pour retrouver la capacité de mobilisation qu'elle avait il y a six ans, lors des débats sur le mariage pour tous. Elle promet déjà que le projet "ne passera pas comme une lettre à la poste", et appelle à manifester le 6 octobre.
3Le bouclage du budget pour 2020
Si, sur le front économique, Emmanuel Macron peut se targuer d'avoir obtenu un taux de chômage au plus bas depuis dix ans (à 8,5%) en dépit d'une croissance ralentie, le budget 2020 s'annonce déjà très compliqué à boucler. Et pour cause : les caisses de l'Etat ont été délestées sur 2019 et 2020 de près de 17 milliards d'euros en baisses d'impôts et aides post-crise des "gilets jaunes".
Le président de la République a aussi renoncé à une forte baisse du nombre de fonctionnaires, allégeant la pression politique sur ce sujet explosif. Mais la Cour des comptes a épinglé en juin le flou sur le financement des mesures et craint un dérapage des déficits. Autre point noir, la récession qui menace l'Allemagne, principal partenaire économique de la France. En revanche, l'étau sera desserré par le bas niveau des taux d'intérêt de la dette publique.
4Les agriculteurs "exaspérés" par le Ceta
Déjà échaudés par une sécheresse éprouvante pour leurs bêtes et leurs récoltes, certains agriculteurs ont laissé exploser leur colère cet été en prenant pour cible les permanences de députés de la majorité qui avaient voté en faveur du Ceta. Ils accusent notamment le traité de libre-échange entre le Canada et l'Union européenne d'entraîner une baisse de la qualité des produits sur le marché français. "Le Ceta, c'est la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. L'exaspération est à son comble", a tonné Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, auprès du Parisien.
Il est certain que nous allons exprimer notre mécontentement. On ne va pas mourir en silence, ni se laisser étouffer sans rien faire.
Christiane Lambert, présidente de la FNSEAau Parisien
5La grève qui s'éternise dans les urgences
La situation est également explosive du côté des urgences, où la grève est toujours aussi étendue, cinq mois après le début du mouvement. Le collectif Inter-Urgences dénombrait 217 services en grève lundi 19 août. Patients parfois entassés sur des brancards, manque de moyens et de personnel... Les soignants dénoncent des conditions de travail plus qu'éprouvantes. La prime mensuelle de 100 euros net pour les professionnels (hors médecins) des urgences publiques, accordée au début de l'été par le gouvernement, n'a pas suffi à faire retomber la tension.
Lui-même ancien urgentiste, le député LREM Thomas Mesnier planche sur un rapport pour tenter de mettre fin au conflit. Selon le ministère de la Santé, Agnès Buzyn "annoncera dès la rentrée de nouvelles mesures issues des premières recommandations" du texte.
6Les enseignants toujours remontés contre la réforme du lycée
Le ministre de l'Education, Jean-Michel Blanquer, doit lui aussi s'attendre à quelques remous. Après le mouvement de grève qui a perturbé la correction des copies du bac, certains enseignants restent déterminés à afficher leur opposition à la réforme du lycée, adoptée au printemps dernier mais accusée d'accentuer les inégalités.
"Dans plusieurs régions, comme à Rennes, des enseignants ont déjà annoncé qu'ils refuseraient d'endosser des fonctions de professeurs principaux à la rentrée, en signe de désaccord", écrit Le Parisien.
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