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Face aux mauvais chiffres du chômage, Ayrault demande de "persévérer sans faiblir"

Il y avait 3 316 200 demandeurs d'emploi de catégorie A, c'est-à-dire sans activité, en janvier.

Article rédigé par franceinfo
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Une pancarte Pôle emploi au Salon de l'emploi de Toulouse (Haute-Garonne), le 17 octobre 2013. (MAXPPP)

Premier rendez-vous périlleux sur le front de l'emploi pour le gouvernement après l'échec de "l'inversion de la courbe du chômage". En janvier, le nombre de demandeurs d'emploi de catégorie A, c'est-à-dire sans activité, a légèrement augmenté de 0,3%, avec 8 900 chômeurs de plus qu'en décembre 2013. Il s'agit d'un nouveau record : on compte désormais 3 316 200 demandeurs d'emploi en catégorie A, en France métropolitaine, selon les données du ministère de l'Emploi, publiées mercredi 26 février. Sur un an, le chômage augmente de 4,4%.

Jean-Marc Ayrault a réagi, mercredi soir, en déclarant qu'il fallait "encore persévérer sans faiblir" pour faire reculer le chômage, mettant en avant le rôle du pacte de responsabilité. Ce pacte, dont le Premier ministre a dit souhaiter qu'il soit mis en œuvre "le plus rapidement possible", est "une clé qui nous permettra de faire reculer durablement le chômage dans notre pays".

En incluant les chômeurs ayant eu une activité réduite (+23 600 en janvier, soit +0,5%), 4,92 millions de demandeurs d'emploi ont été recensés à la fin du mois de janvier, du jamais-vu.

Autre chiffre notable : celui du chômage des jeunes. Après plusieurs mois de baisse, le nombre de demandeurs d’emploi de catégorie A de moins de 25 ans est stable en janvier (mais il recule de 1,4 % sur un an). Ce sont encore les seniors qui paient le plus lourd tribut au premier mois de 2014 : +1% en un mois, +11,6% en un an, soit une explosion. Ils étaient plus de 750 000 à pointer à Pôle emploi à la fin du mois dernier. 

Autre signe de la longueur de la crise, le nombre de demandeurs d'emploi de longue durée (plus d'un an) continue d'augmenter (+1,1% sur un mois, 12,3% en un an). Plus de 2 millions étaient recensés le mois précédent, un plus haut historique.

L'objectif : balayer l'échec de 2013

Les chiffres de décembre avaient sévèrement acté l'échec de François Hollande, qui avait fait de la baisse du chômage à la fin de l'année 2013 son engagement phare : non seulement le nombre de demandeurs d'emploi sans activité avait augmenté (+10 200 demandeurs en métropole), mais il avait en plus atteint un record absolu (3,3 millions). En 2013, 177 800 chômeurs sans activité de plus ont poussé la porte de Pôle emploi. Parmi eux, surtout des seniors. Le chef de l'Etat, dont la popularité est plombée par cette contre-performance, avait dit "assumer", tout en estimant qu'il était parvenu à "stabiliser" le chômage. 

Mais le gouvernement vise toujours "moins de chômeurs à la fin de l'année" 2014, a répété Michel Sapin, ministre du Travail, mercredi matin. "Les seules données de janvier n’indiquent ainsi pas encore la tendance du 1er trimestre 2014, a réagi le ministère du Travail, après la publication des chiffres. La nouvelle progression des embauches en janvier, la bonne tenue de l’intérim depuis un an ou encore les perspectives de reprise de l’activité sont autant de signes que l’année 2014 permettra de renouer durablement avec les créations d’emploi", veut croire le gouvernement.

L'outil de l'exécutif : le pacte de responsabilité

En plus de son arsenal d'emplois aidés, le gouvernement mise maintenant sur le pacte de responsabilité proposé au patronat (allègement du coût du travail pour favoriser les embauches), "qui peut faire la bascule", selon Michel Sapin. Patronat et syndicats se rencontreront vendredi pour donner le coup d'envoi des discussions.

Un allègement de charges de 10 milliards d'euros permettrait de créer au maximum 300 000 emplois en cinq ans, selon le Haut Conseil de financement de la protection sociale. Loin de "l'objectif" d'un million d'emplois annoncé par Pierre Gattaz, le patron du Medef, ou du chiffre de 1,65 million d'emplois demandé par Arnaud Montebourg, le ministre du Redressement productif. 

L'économie française a envoyé dernièrement quelques signaux positifs : pour la première fois depuis le début 2012, elle a recommencé à créer des emplois dans le secteur marchand, au 4e trimestre 2013. Une évolution liée principalement à un regain de l'intérim, considéré comme précurseur du marché de l'emploi. Selon l'Insee, la croissance a aussi été un peu plus forte que prévu en 2013 (+0,3%). Mais "il faut aller plus loin pour (…) faire reculer le chômage, reconnaît le ministre de l'Economie, Pierre Moscovici. Si on veut créer plus d'emplois, il faut une croissance plus forte que 1%."

Le hic : la croissance

La prévision actuelle de croissance du gouvernement pour 2014 est de 0,9%, celles des organismes internationaux vont de 0,8% à 1,1%. Or, les économistes estiment généralement que 1,5% est nécessaire pour faire refluer le chômage. Par conséquent, on peut s'attendre cette année à une stabilisation du chômage, mais pas à une baisse. 

Aucun organisme ne prédit d'embellie en 2014. La Commission européenne, qui estime que le chômage devrait commencer à décroître légèrement cette année dans la zone euro, a ainsi indiqué mercredi qu'elle s'attendait pour la France à une stagnation à 11% en 2014 et 2015.

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