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Reportage "Nous n'avons aucune leçon de morale à recevoir" : les élus de Mayotte font pression pour accélérer l'opération Wuambushu

La quasi-totalité des 17 maires de Mayotte demandent à l'État de poursuivre l'opération, voire de passer à la vitesse supérieure. Ils comptent sur l'action du gouvernement pour mettre fin à l'insécurité et à l'immigration, qui minent le territoire.
Article rédigé par Sandrine Etoa-Andegue
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
La quasi-totalité des élus de Mayotte demandent à l'État de poursuivre l'opération Wuambushu. (SANDRINE ETOA ANDEGUE / RADIO FRANCE)

L'air grave, Madi Madi Souf, le président de l'association des maires de Mayotte, lit à haute voix une déclaration commune : "Nos vies sont à présent régies par cette violence qui a transformé notre île paradisiaque en enfer sur terre", prononce-t-il d'une voix solennelle.

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Réunis jeudi 27 avril à la mairie de Mamoudzou, le chef-lieu de Mayotte, la quasi-totalité des 17 maires de l'île veulent mettre la pression sur le gouvernement pour poursuivre l'opération Wuambushu, voire de passer à la vitesse supérieure. Ils demandent au gouvernement de déclarer l'état d'urgence pour "suspendre instamment la délivrance des titres de séjour à la préfecture de Mamoudzou, suspendre tout visa d'entrée sur le territoire en provenance des Comores", poursuit-il. Ils comptent étudier la possibilité d'arrêter d'inscrire à l'école tous les enfants dont les parents sont en situation irrégulière. Une décision "justifiée", selon Maymounati Moussa Ahamadi, conseillère départementale centre gauche de Petite Terre. 

"Mayotte, c'est un quartier de Toulouse. Vous avez 70 kilomètres de long et 40 kilomètres de large. On ne peut plus contenir toute la population mondiale ici."

Maymounati Moussa Ahamadi, conseillère départementale centre gauche de Petite Terre

à franceinfo

Mais pour l'heure, c'est impossible de renvoyer les expulsés comoriens chez eux. Les liaisons en bateau entre Mayotte et les Comores restent confuses, car la compagnie maritime qui les assure a suspendu ses rotations "compte tenu du contexte actuel".

La colère contre les "associations pseudo-humanitaires"

Les élus de Mayotte se disent étonnés du silence assourdissant de la ministre des affaires étrangères Catherine Colona, à l'image du maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaila. "Aucune réponse, aucune réaction face à ces nombreuses sorties médiatiques publiques des gouvernants comoriens. Ce n'est pas acceptable, ce n'est pas républicain de sa part", déplore l'édile, très offensif lors de la réunion. Mais il pointe aussi "ces associations pseudo-humanitaires qui vont dans les bidonvilles", et qui, selon lui, ferment les yeux sur les conséquences de l'insalubrité et des risques de catastrophes naturelles pour les populations concernées.

"Eux, ce sont des criminels, qui sont loin, à Paris, dans les beaux appartements du 16ᵉ arrondissement et ils viennent ici pour nous donner des leçons. Nous n'avons aucune leçon de morale à recevoir de ces gens-là qui ne connaissent pas la détresse quotidienne de notre territoire."

Ambdilwahedou Soumaila, maire de Mamoudzou

à franceinfo

Pour Daniel Gros, le représentant de la Ligue des droits de l'Homme à Mayotte, insulter ceux qui disent leurs droits aux habitants des bidonvilles est "un aveu de mauvaise conscience".

"Nous n'avons aucune leçon de morale à recevoir" : les élus de Mayotte font pression pour accélérer l'opération Wuambushu

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