Salon de l'agriculture : on vous résume la polémique sur le débat avec Emmanuel Macron et Les Soulèvements de la Terre

Article rédigé par franceinfo
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Emmanuel Macron en visite au Salon de l'agriculture, à Paris, le 25 février 2023. (CHRISTOPHE PETIT TESSON / AFP)
L'Elysée avait annoncé la participation du collectif écologiste à ce temps de discussions samedi. Avant de faire machine arrière.

Les annulations sont tombées les unes après les autres vendredi, jusqu'à celle, définitive, du chef de l'Etat. Le débat souhaité par Emmanuel Macron avec les acteurs du monde agricole, samedi 24 février au Salon de l'agriculture, n'aura finalement pas lieu, après une journée de vives polémiques liées à l'invitation du collectif écologiste Les Soulèvements de la Terre. Franceinfo vous résume cet imbroglio qui a finalement mené à l'annulation du "grand débat" proposé par l'Elysée.

1 L'Elysée organise un débat

Emmanuel Macron envisageait cette année d'inaugurer "la plus grande ferme de France" différemment. Pour apaiser un secteur en pleine crise, le chef de l'Etat a proposé, jeudi après-midi, de profiter de sa venue pour organiser un débat avec les agriculteurs, leurs syndicats mais aussi des représentants de la grande distribution et des associations environnementales. Parmi elles : les Soulèvements de la Terre. 

Ce collectif, qui se présente comme un groupe de "jeunes révolté.es" qui ont "grandi avec la catastrophe écologique en fond d'écran", de "paysan.nes" et d'"habitant.es en lutte attaché.es à leur territoire", a surtout fait parler de lui lors des manifestations contre les "méga-bassines" à Sainte-Soline (Deux-Sèvres). Le gouvernement avait prononcé sa dissolution en Conseil des ministres en juin 2023, avant que le Conseil d'Etat n'annule cette décision en novembre.

2 La FNSEA refuse d'y participer

La FNSEA, qui avait dans un premier temps accepté de débattre, fait machine arrière. Jeudi soir, Arnaud Rousseau, le président du premier syndicat agricole français, qualifie la présence du collectif écologiste de "provocation inacceptable pour les agriculteurs". "J'avais accepté de participer à un débat. Dans ces conditions, je refuse de prendre part à ce qui ne sera qu'une mascarade", écrit-il sur le réseau social X, qualifiant au passage le mouvement écologiste de "groupuscule".

3 La présidence désinvite le collectif

A 22 heures, jeudi soir, l'Elysée rétropédale à son tour. Tout en maintenant l'organisation du débat "pour confronter les points de vue, même très opposés est indispensable", la présidence assure aux journalistes que Les Soulèvements de la Terre ne sont finalement "pas conviés". L'Elysée justifie cette décision par une volonté de "garantir la sérénité des débats".

4 La FNSEA ne change pas d'avis

La nuit a beau porter conseil, la FNSEA ne change pas d'avis. Vendredi matin, le syndicat affirme qu'il refuse "pour l'instant" de participer à cette discussion avec le président de la République. Son patron Arnaud Rousseau juge que l'invitation de l'Elysée montre que l'Elysée n'a "rien compris aux problématiques" des agriculteurs. Il déplore l'invitation "particulièrement cynique" du collectif.

Même son de cloche du côté des Jeunes Agriculteurs. "Nous n'avons pas compris la méthode de sélection et le moment choisi pour ce débat", regrette Pol Devillers, membre du conseil d'administration du syndicat, sur franceinfo. "Le salon est un événement fait pour et par les agriculteurs afin de communiquer sur le métier."

La Confédération paysanne n'a pas non plus l'intention d'honorer l'invitation. Sa porte-parole Laurence Marandola évoque "une mascarade pour mettre en valeur le président de la République""Tout ce sketch détourne l'attention sur le sujet principal, qui est celui du revenu des agriculteurs", réagit-elle sur franceinfo.

5 L'Elysée s'explique mais ne convainc pas

Vendredi midi, l'Elysée est contraint de s'expliquer de nouveau. Dans un message publié à la mi-journée sur le réseau social X, la présidence assure que Les Soulèvements de la Terre n'ont été "ni conviés ni contactés" pour participer au débat avec Emmanuel Macron. "Il s'agit d'une erreur faite lors de l'entretien avec la presse en amont de l'événement", affirme l'exécutif.

Mais ces explications ne convainquent pas la FNSEA. A l'issue d'un conseil d'administration, le syndicat acte vendredi midi qu'"aucun représentant" ne participerait au débat. "Les conditions d'un dialogue plus apaisé ne sont pas réunies et la dignité des agriculteurs est bafouée par cette démarche qui porte le sceau de la provocation", écrit Arnaud Rousseau sur X.

6Les patrons de la grande distribution annoncent qu'ils ne participeront pas non plus

Le syndicat n'est pas le seul à fustiger l'organisation de ce débat. "Je n'ai pas attendu l'annonce foireuse d'un 'grand débat' pour échanger avec des agriculteurs de nos régions", a réagi Michel-Edouard Leclerc sur le réseau social. Le président du groupe Leclerc, y assure ne pas "avoir reçu d'invitation du président de la République". D'ailleurs, selon franceinfo, le directeur général de Système U Dominique Schelcher n'en a pas reçu non plus. Le PDG de Carrefour, Alexandre Bompard, et le président d'Intermarché et de Netto Thierry Cotillard, assurent également ne pas avoir été invités. 

Pour les patrons de la grande distribution, une invitation n'aurait rien changé. Dans son message, Michel-Edouard Leclerc est formel : "Je ne participerai pas à ce que j'estime être une grossière manipulation."

En annulant ce rendez-vous, Emmanuel Macron n'a toutefois pas fermé la porte aux discussions : "Je serai là pour ouvrir [le Salon de l'agriculture] et irai au contact de tous ceux qui veulent échanger comme je le fais chaque année." Avec ou sans grand débat. 

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