Les actes racistes augmentent fortement en France et l'indice de tolérance à l'égard des minorités fléchit, selon le rapport annuel de la CNCDH

La Commission nationale consultative des droits de l'homme publie chaque année différents indicateurs mesurant le racisme et l'antisémitisme en France.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Le rapport annuel de la CNCDH relève une forte hausse des actes racistes en France en 2023 (photo d'illustration). (PAUL ROQUECAVE / HANS LUCAS / AFP)

A trois jours du premier tour des élections législatives, pour lesquelles le Rassemblement national est donné favori dans les sondages, la Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH) relève dans son rapport annuel publié jeudi 27 juin un fléchissement de l'indice de tolérance à l'égard des minorités et une forte augmentation des actes racistes en France. Pour la seconde année consécutive, l'indice de tolérance (ILT) recule de 3 points entre novembre 2022 et novembre 2023, pour s'établir à 62 sur 100 (100 étant l'indice maximal de tolérance), selon cette étude. 

La plus forte baisse de l'ILT concerne les juifs (68 sur 100, contre 72 sur 100 l'année précédente). Plus globalement, la hiérarchie de l'acceptation des minorités "perdure dans le temps", relève la commission. "Les groupes les mieux acceptés étant les Noirs et les juifs, suivis des Maghrébins, puis des musulmans", détaille-t-elle, ajoutant que "les groupes les plus rejetés" sont "les Roms et les gens du voyage".

La CNCDH observe toutefois que l'indice global de tolérance (62) reste à un niveau relativement élevé au regard de son évolution au cours des trois dernières décennies. Cela signifie que la "France n'est pas globalement raciste, parce que l'indice de tolérance est élevé", analyse Jean-Marie Burguburu, le président de la commission, sur France Inter.

L'immigration de moins en moins bien perçue

Le rapport fait néanmoins état d'une année 2023 marquée par une très haute augmentation des actes racistes (+32%), avec, là encore, une explosion des actes antisémites (+284%). Au-delà des réactions à l'attaque terroriste du Hamas en Israël le 7 octobre et des opérations militaires israéliennes consécutives dans la bande de Gaza, plusieurs facteurs peuvent expliquer cette évolution "très préoccupante", selon la CNCDH : "la polarisation des débats relatifs" au projet de loi sur l'immigration, "les émeutes qui ont suivi la mort de Nahel tué par un tir policier" à Nanterre (Hauts-de-Seine), l'attentat contre le professeur Dominique Bernard à Arras (Pas-de-Calais) et les violences qui ont suivi la mort de Thomas à Crépol (Drôme). 

Le rapport note aussi "une dégradation sensible de la perception de l'immigration"Ainsi, 56% de Français (+3 points) estiment qu'"il y a trop d'immigrés en France" et 51% (+3 points) qu'"aujourd'hui en France, on ne se sent plus chez soi comme avant". Pour la CNCDH, ce rejet est "étroitement lié au rejet d'une France perçue comme étant de plus en plus multiculturelle". La part des Français estimant que "les étrangers devraient avoir les mêmes droits que les Français" recule de 5 points à 52%.

L'institution indépendante sort aussi de sa réserve pour la deuxième fois afin d'appeler les Français à ne pas voter pour le Rassemblement national aux élections législatives. "La première fois, c'était en 2002 quand Jean-Marie Le Pen est arrivé au deuxième tour de l'élection présidentielle", se souvient Jean-Marie Burguburu. Le président de la CNCDH justifie cet appel à faire barrage à l'extrême droite, assurant que "le programme du Rassemblement national foule aux pieds les droits fondamentaux".


Ce baromètre annuel se base sur une enquête d'Ipsos pour la CNCDH. Ce rapport a été réalisé en novembre 2023 auprès d'un échantillon de 1 210 personnes âgées de plus de 18 ans, selon la méthode des quotas. Il s'agit d'un "indice longitudinal de tolérance, c'est-à-dire un examen sur les préjugés à l'égard des minorités, des personnes d'origine étrangère, des Maghrébins, des personnes de peau non-blanche, des personnes juives ou supposées juives", explique Jean-Marie Burguburu, président de la Commission. Il précise que ces "interviews croisées" permettent de "déterminer quelle est la tolérance à l'égard de ces minorités".

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