Attaque terroriste à Arras : Dominique Bernard était "la première cible, la tâche principale", a déclaré Mohammed Mogouchkov lors de son interrogatoire

Mohammed Mogouchkov, principal suspect de l'attentat d'Arras, a affirmé lors d'un interrogatoire avoir intentionnellement ciblé le professeur de lettres Dominique Bernard, le 13 octobre 2023.
Article rédigé par Pierre de Cossette
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le portrait de Dominique Bernard sur le fronton de la mairie d'Arras, le 19 octobre 2023. (FRANCOIS LO PRESTI / AFP)

Dominique Bernard, c’était "la première cible, la tâche principale", a déclaré l'assaillant de l'attentat du 13 octobre à Arras. Franceinfo a eu accès à l'interrogatoire de Mohamed Mogouchkov qui a eu lieu le 10 novembre. Le suspect de 21 ans, radicalisé, était resté muet en garde à vue, devant les enquêteurs. Mais quelques semaines plus tard, devant la juge d’instruction, il a longuement parlé. Ces déclarations glaçantes éclairent l’assassinat, il y a bientôt quatre mois, de Dominique Bernard, ce professeur de français d’Arras, poignardé le 13 octobre devant son lycée.

Ce que l’on comprend, à la lecture de ce long interrogatoire du 10 novembre, c’est que ce n’est pas l’homme Dominique Bernard après qui l’assaillant en avait : "Je n’avais pas de problème particulier avec lui", a-t-il déclaré devant la juge mais son métier. Selon Mogouchkov, "professeur de français, de lettres" est une des matières "où l’on transmet […] la passion, l’amour, de la démocratie, des droits de l’homme, des droits mécréants."

Le programme de son périple meurtrier consigné sur une quinzaine de lignes

Dominique Bernard est désigné sous la lettre "B" sur la feuille à carreaux retrouvée dans le sac à dos du terroriste. Mohamed Mogouchkov y a consigné, sur une quinzaine de lignes, le programme de son périple meurtrier mentionnant l’heure des sonneries du lycée Gambetta jusqu’à la sortie du professeur de français vers la cantine, avec deux collègues.

Le fruit de repérages que l'assaillant reconnaît, "ce qu’il y avait dans mes mains (les couteaux), la cible, c’était planifié", lâche-t-il devant la juge. Et planifié avant l’attaque du Hamas en Israël. Le jour choisi, un vendredi, est "symbolique pour l’islam", explique-t-il. Seule la date du 13 octobre n’était pas fixée, Mogouchkov laisse entendre que ce jour-là, une "fixette" l’a rattrapé.

Des relations compliquées avec sa mère et sa sœur

Mohamed Mougochov raconte aussi sa radicalisation. Lui qui, adolescent, allait voir les Avengers au cinéma a été choqué de voir son grand frère arrêté et incarcéré pour un projet terroriste. "Et puis c'est devenu normal", explique-t-il à la juge. Il était fiché pour radicalisation islamiste depuis le 1er février 2021 par les renseignements français.

Il se confie sur ses relations avec sa mère qui "ne voulait pas forcément mettre le voile" ni "faire la prière". Des relations qui se sont tendues jusqu'à la rupture, comme avec sa sœur qu’il accuse d’aimer la musique "le système de liberté individuelle en France qui permet de se soustraire aux lois musulmanes".

Avec son grand frère, il s’est de plus en plus intéressé à la religion. Il raconte avoir lu quotidiennement le Coran dans les 3 mois qui ont précédé son acte. Un cheminement individuel, selon lui. Il met notamment hors de cause son petit frère, lui aussi mis en examen. "Personne n'était au courant de ce projet", assure l'assaillant.

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