"On ne doit pas avoir honte de notre histoire" : le témoignage poignant d’une victime d’inceste
Un livre, un hashtag sur les réseaux sociaux... En quelques jours, la parole se libère et les témoignages de victimes d’inceste se multiplient. Des victimes, comme Ghislaine Pieux, qui ont décidé que la honte devait changer de camp. Elle a choisi de raconter son histoire et les conséquences sur sa vie, pour faire changer la loi.
Depuis quelques jours en France, dans le sillon de l’affaire Olivier Duhamel, accusé de viol incestueux sur son beau-fils, le hashtag #metooinceste inonde les réseaux sociaux. Des centaines de personnes révèlent les agressions sexuelles et les viols dont elles ont été victimes. Parmi elles, Ghislaine Pieux, qui, de 6 à 14 ans, a subi viols et agressions sexuelles de la part de son père. Ce n’est que vingt ans plus tard qu’elle trouvera le courage de porter plainte contre lui.
Moi, c'est la naissance de mes nièces et la rencontre avec un petit ami qui a tout fait remonter à la surface. Et quand ça remonte, c’est violent.
Ghislaine Pieux
Suppression du délai de prescription
Devenue éducatrice spécialisée et adjointe au maire de Sens dans l’Yonne, Ghislaine Pieux s’estime chanceuse d’avoir eu un procès aux assises, même si ça n’efface en rien ses années de souffrance. Son père a été condamné à sept ans de prison. Trop peu au regard des dégâts, mais Ghislaine a pu, à force de courage, se reconstruire et avancer malgré tout. "On ne doit pas avoir honte de notre histoire, ceux qui doivent avoir honte, ce sont ceux qui ont commis les actes", explique-t-elle.
Aujourd’hui si, comme des centaines d’autres victimes, elle décide de témoigner, c’est surtout pour faire bouger les lignes, dire aux victimes silencieuses qu’elles ne sont pas seules et pour que les bourreaux ne soient plus protégés par le délai de prescription. La parole se libère et fait bouger les politiques. Ce 21 janvier, le Sénat s'apprêtait justement à adopter une proposition de loi visant à créer un nouveau crime sexuel pour protéger les mineurs de moins de 13 ans. Ce texte a été enrichi en dernière minute par des mesures spécifiques à la lutte contre l'inceste, comme un alourdissement des peines, ainsi qu'un allongement du délai de prescription du délit de non-dénonciation de mauvais traitements, agressions ou atteintes sexuelles infligés à un mineur.
C’est également le jour qu’a choisi l’association Face à l'inceste pour lancer une pétition baptisée "Face à l'inceste, changeons la loi !" et une grande campagne de communication pour demander la réécriture de la loi, afin qu'un enfant victime d'inceste n'ait plus à prouver qu'il n'était pas consentant.
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