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"Complosphère", "crush", "mégabassine", "mégenrer"... Ces nouveaux mots qui font leur entrée dans le dictionnaire

150 mots, notamment liés aux nouvelles technologies et à l'environnement, ont été sélectionnés pour l'édition 2024 du Petit Robert, explique sa directrice éditoriale, mardi sur France Inter.
Article rédigé par franceinfo - Laurine Benjebria - France Inter
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Dictionnaire le Petit Robert, en 2020 (image d'illustration). (MATTHIEU DE MARTIGNAC / MAXPPP)

"Je suis en PLS, mon crush m'a ghosté, et ça me fait bader." Besoin d'une traduction ? Cela signifie "je suis au bout de ma vie, celui qui me plaît ne donne aucune nouvelle et ça me rend triste." Mais si vous n'avez rien compris, il va falloir se mettre à la page, car tous les mots de la première phrase viennent de faire leur entrée dans le dictionnaire.

>>Tous les mots du monde sont-ils dans le dictionnaire ?

France Inter dévoile mardi 9 mai le millésime 2024 du dictionnaire Le Petit Robert, qui sort jeudi 11 mai en librairies. Au total, environ 150 mots ou sens nouveaux ont été sélectionnés par l'équipe de lexicographes de l'édition 2024, reflétant les préoccupations et l'évolution de la société. Ces verbes, adverbes ou noms communs nouveaux "sont un miroir tendu sur la société", explique ainsi sur France Inter Géraldine Moinard, directrice éditoriale du Robert.

Outre les mots employés par les jeunes - on compte aussi spoiler et instragrammable dans la cuvée 2024 - ces 150 nouveaux mots font la part belle à l'environnement, avec "mégabassine", "dette climatique", "microplastique" ou encore "greenwashing". L'"indice de réparabilité" et la "zone à faible émission" font aussi partie de la sélection. Ces nouveaux mots reflètent une certaine inquiétude et c'est tout à fait normal, juge la directrice éditoriale du Robert qui rappelle que "nous avons besoin de vocabulaire pour exprimer ces craintes" avec "complosphère qui s'inscrit dans cette veine". La lexicographe indique aussi que de nombreux termes liés aux nouvelles technologies font leur entrée dans le millésime 2024 : "le métavers, le minage de cryptomonnaie, le cryptoart, le moissonnage de données", liste Géraldine Moinard.

Des mots belges et québécois 

Le climat sécuritaire donne lieu également à l'arrivée d'un verbe nouveau "nasser". Il désigne le fait pour les forces de l'ordre d'encercler les manifestants et a été utilisé dans le cadre du maintien de l'ordre lors des manifestations contre la réforme des retraites. On trouvera également dans Le Petit Robert 2024 le terme "mégenrer", qui signifie le fait d'attribuer volontairement ou non à une personne un genre dans lequel cette personne ne se reconnaît pas.

La langue française s'enrichit par ailleurs de mots provenant d'autres pays ou de régions francophones : "On va retrouver le mot belge 'gayole' qui peut désigner une petite cage dans laquelle on renferme des oiseaux, ou une cage de but au football ou encore une prison", indique Géraldine Moinard. Le terme québécois "infonuagique" qui vient traduire "cloud". De l'étranger, Le Petit Robert importe aussi quelques recettes, et il y en a pour tous les goûts. Le "mochi", gâteau japonais à base de pâte de riz gluant, ou encore le plat coréen "bibimpab" sont au menu.

Élisabeth Borne et Charles III font leur entrée

Enfin, comme chaque année, plusieurs anglicismes entrent aussi dans le dictionnaire, notamment "crush" (équivalent de béguin), "ghoster" (ne plus donner signe de vie pour éviter la confrontation d'une rupture) ou "spoiler" (révéler un élément clé de l'intrigue d'un film, d'une série ou d'un livre). Des personnalités font aussi leur entrée dans Le Robert Illustré 2024, qui sort en librairies mercredi 17 mai, comme la Première ministre, Élisabeth Borne, le roi britannique Charles III. Kamel Daoud, le poète canadien David Goudreault et la philosophe française Geneviève Fraisse intègrent également le Robert.

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