Quel est le danger d'exposer trop tôt les enfants aux écrans ?

"Un enfant de moins de 6 ans passe en moyenne 830 heures par an devant un écran, c'est-à-dire un nombre d'heures équivalent à celui qu'il passe en classe", alerte Gabriel Attal, le ministre de l'Éducation nationale.
Article rédigé par franceinfo - Manon Derdevet
Radio France
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D'après une étude de Santé Publique France l'an dernier, un enfant de deux ans passe en moyenne 56 minutes par jour sur un écran. Image d'illustration. (VINCENT VOEGTLIN / MAXPPP)

"Une catastrophe sanitaire et éducative chez les enfants et les ados" : ce sont les mots du ministre de l'Éducation nationale Gabriel Attal, dans les colonnes du magazine Madame Figaro, concernant l'usage des écrans à la maison. Le ministre s'est alarmé des chiffres : "Un enfant de moins de 6 ans passe en moyenne 830 heures par an devant un écran, c'est-à-dire un nombre d'heures équivalent à celui qu'il passe en classe." Pour Gabriel Attal, il faut proposer des alternatives aux écrans dès le plus jeune âge, dans toutes les écoles primaires.

D'après une étude de Santé Publique France l'an dernier, un enfant de deux ans passe en moyenne 56 minutes par jour sur un écran. Ça grimpe à 1 heure 20 à l'âge de 3 ans, et plus d'une heure et demie à 5 ans. Très souvent, les plus jeunes regardent la télévision, et plus ils grandissent, plus ils multiplient les supports : ordinateurs, tablettes, smartphones et consoles de jeux. Une durée bien supérieure aux recommandations de l'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom), qui conseille de ne pas exposer les enfants de moins de 3 ans à un écran, et pas plus de 30 minutes par jour entre 3 et 8 ans.

Des difficultés à mémoriser des informations

Cependant, tous les usages du numérique ne se valent pas. Quand un jeune utilise un écran avec un adulte, cela peut avoir des effets bénéfiques : par exemple, à l'école ou avec ses parents, quand les enfants utilisent des contenus pédagogiques interactifs, cela peut les aider à acquérir des savoirs par le jeu.

Les principales inquiétudes des spécialistes concernent l'utilisation du numérique seul à la maison, par exemple lorsque le jeune utilise son téléphone tout en faisant autre chose à côté. "Le fait d'avoir ce type de pratiques va être associé à une plus grande distractibilité attentionnelle et à des troubles de la mémoire, c'est-à-dire des difficultés à mémoriser des informations", explique Séverine Erhel, maîtresse de conférence en psychologie cognitive à l'université de Rennes.

"Si vous faites vos devoirs tout en regardant votre téléphone, il y a de plus grandes chances que vous ayez de mauvaises performances scolaires."

Séverine Erhel, maîtresse de conférence en psychologie cognitive à l'université de Rennes

à franceinfo

Chez les adolescents, l'utilisation trop importante des écrans peut aussi aggraver des fragilités psychologiques. "Si je suis anxieux et que j'essaie de gérer mes émotions négatives sur TikTok, je vais scroller. Et ce système infini de vidéos va, chez des personnes vulnérables, accélérer les problèmes de régulation par rapport à l'usage du réseau social", explique Séverine Erhel, maîtresse de conférence en psychologie cognitive à l'université de Rennes.

Les enfants les moins favorisés socialement sont les plus exposés car ils font souvent moins d'activités et on les laisse plus souvent seuls devant la télévision. Pour les spécialistes, la clé pour résoudre ces problématiques, c'est avant tout l'éducation au numérique pour toutes et tous, enfants et adultes compris.

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