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Temps d'écran : "On atteint des niveaux extravagants", dénonce le chercheur Michel Desmurget

Michel Desmurget, directeur de recherche en neurosciences à l’Inserm, invite à poser des règles et limiter le temps d'écran à une heure par jour maximum pour les enfants, alors qu'une récente étude de l’Union nationale des associations familiales alerte sur l'augmentation de l’utilisation de la quasi-totalité des écrans pour les enfants.

Article rédigé par franceinfo
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Un enfant devant une tablette, à Mexico, le 24 août 2020. (JULIO CESAR AGUILAR / AFP)

"On atteint des niveaux de consommation d'écrans, quel que soit l'âge des enfants, qui sont totalement extravagants", a constaté lundi 7 février sur franceinfo Michel Desmurget, directeur de recherche en neurosciences à l’Inserm et auteur de La fabrique du crétin digital. Il réagissait à la publication d'une étude de l'Unaf, l’Union nationale des associations familiales, sur l’évolution de notre consommation d’écrans depuis le début de la crise sanitaire et selon laquelle il y a une augmentation de l’utilisation de la quasi-totalité des écrans pour les enfants.

Presque trois heures pour un enfant en maternelle

"Sur des enfants d'école maternelle, on frise les trois heures, sur des enfants en fin de primaire, début de collège, on est à cinq heures, et sur les ados, on dépasse les sept heures et je ne parle que des écrans récréatifs", a déploré le chercheur. "Cela prend du temps sur des activités beaucoup plus enrichissantes, sur la lecture, le sommeil, les devoirs, les interactions humaines et familiales et surtout, cela a des effets négatifs sur l'attention, sur les capacités d'apprentissage, la concentration donc c'est trop, c'est beaucoup trop", a-t-il dénoncé.

"Si on cumule le temps d'écran récréatif, on est à plus de 30 années scolaires, c'est devenu fou", a ajouté Michel Desmurget. "Ce bombardement sensoriel est constant et on s'aperçoit que, quel que soit le type d'écran ludique, la télé, les jeux vidéo, les réseaux sociaux, on a des effets sur les résultats scolaires, sur le sommeil, sur les fonctions cognitives, sur le développement du langage", a-t-il poursuivi.

"Il faut mettre des règles et les expliquer"

"Les règles, c'est la solution", selon lui. "Il faut mettre des règles et les expliquer", a indiqué Michel Desmurget, tel qu'un "temps d'écran" qui peut aller "d'une demi-heure à une heure par jour".

"Au-delà de 5-6 ans, la littérature montre que si les contenus sont adaptés et que le sommeil est respecté, jusqu'à une demi-heure par jour il n'y a pas d'effets négatifs notables."

Michel Desmurget

à franceinfo

Il estime par ailleurs qu'on peut aller "jusqu'à une heure" à condition de mettre des limites. "Pas dans la chambre, parce que cela fait exploser les consommations et les contenus ne sont pas toujours adaptés, pas le matin avant d'aller à l'école, pas le soir avant de se coucher parce que cela perturbe le sommeil, à cause de la sécrétion de mélatonine liée à la lumière des écrans", a affirmé le spécialiste.

À la question de savoir si cette hausse de la consommation des écrans est liée à la crise sanitaire, Michel Desmurget s'est voulu plus contrasté. "Il y a eu une surconsommation très notable pendant le premier confinement et tout n'a pas été résorbé. Est-ce que c'est dû au confinement, à la crise sanitaire, ou à la perpétuation d'un mouvement engagé avant ? Sans doute un peu des deux", a-t-il assuré. "À chaque étude on pense qu'on a atteint un pic, qu'on est en haut de l'Everest, et à chaque nouvelle étude on s'aperçoit que la consommation d'écran est un peu plus importante", a constaté le chercheur.

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