: Reportage "Ce n’est pas de la com', c'est du concret, des vies, des gens, des familles" : Fabien Roussel reçu à Matignon pour défendre les bas salaires
Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, a été reçu à Matignon, samedi 3 février, avec 200 fiches de paie sous le bras et accompagné de quatre employés à peine au-dessus du Smic, dans le cadre de son opération "Vérité sur les salaires".
"Ce n’est pas de la com', c'est du concret. C'est des vies, des visages, des gens, des familles", lance Fabien Roussel, à franceinfo, à quelques pas de Matignon. Sur une grande estrade, trônent des boîtes remplies de fiches de paie et de pétitions.
34 ans d'ancienneté et 1 486 euros de salaire
Parmi ces visages, quatre salariés accompagnent le secrétaire national du PCF. Leur histoire : une carrière de plusieurs décennies mais des salaires qui ne bougent presque pas. Comme celui de Soumaya, qui apporte avec elle une pochette de fiches de paie de ses collègues. Elle est salariée de Monoprix au rayon textile, syndiquée CGT : "Regardez l'ancienneté : 34 ans, ça lui fait 1 486 euros net, 21 ans, 1 440 euros net... On était à la Une des journaux quand c'était le Covid, on était mis en valeur. Mais depuis le Covid, ça y est on ne parle plus de ces gens-là."
Sa collègue, Lamia, est maman solo. Elle touche moins de 2 000 euros par mois : "On vit au jour le jour, on n'a plus de rêves. On est obligés de calculer. J'ai un enfant de 16 ans, il a besoin d'un téléphone, il a besoin de baskets, de cours de soutien..." Le petit groupe s'engouffre à Matignon.
À la sortie, après une heure et quart d'entretien avec le cabinet du Premier ministre, Soumia et Lamia ont la sensation de descendre du ring : "C'était vraiment les yeux dans les yeux. Ils étaient un peu gênés. Ils ont dit qu'ils allaient étudier le dossier, on verra la suite..."
"Méfiez-vous, ça peut encore craquer"
Pas d'avancée sur l'indexation des salaires, sur l'inflation, ni sur une nouvelle conférence sociale - ce que réclame Fabien Roussel - mais un rapport sur lequel travaillent deux économistes et qui sera livré en juin pour "désmicardiser la France", comme le veut Gabriel Attal. "On n'est pas rendus", commente l'élu communiste.
Une goutte d'eau pour le patron des communistes qui se vante d'être un lanceur d'alerte depuis 2018 : "Nous avions rencontré Edouard Philippe en lui disant 'C'est pas possible, ça va craquer' et, quelques mois après, on avait les gilets jaunes. J'ai dit la même chose aujourd'hui : 'Méfiez-vous, ça peut encore craquer si vous n'agissez pas immédiatement sur le pouvoir d'achat." Après son appel à envahir les préfectures, il y a quelques mois, le voilà évoquer la possibilité de bloquer les routes comme les agriculteurs, pour de meilleurs salaires.
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