Pass sanitaire des adolescents : "Il faudrait revenir sur les tests payants", estime l'infectiologue Gilles Pialoux
63% des 12-17 ans ont reçu leurs deux doses de vaccin anti-Covid. À compter de jeudi, le pass sanitaire est également exigé pour cette tranche d'âge.
"Il faudrait revenir sur les tests payants, au moins pour ceux qui n'ont pas accès de manière large à la vaccination", a estimé mercredi 29 septembre sur franceinfo Gilles Pialoux, infectiologue et chef de service à l’hôpital Tenon à Paris. Le pass sanitaire devient obligatoire dès ce jeudi 30 septembre pour les adolescents âgés au moins de 12 ans et 2 mois.
franceinfo : Olivier Véran, le ministre de la Santé a-t-il raison de s’être félicité de ne pas avoir eu "d’effet rentrée scolaire", ou "d’effet rentrée universitaire" sur l’épidémie ?
Gilles Pialoux : Oui, il n’y a pas encore eu d’impact de la rentrée scolaire. Mais il faut bien comprendre qu’il y a une incertitude puisque les enfants sont essentiellement asymptomatiques. Il faut le temps qu'ils transmettent aux adultes les plus vulnérables qui ne sont pas vaccinés. Donc, il faut être assez prudent. Ce n'est pas du tout pareil que chez les adultes qui sont directement impactés par l'hospitalisation. Pour l’instant, il n'y a effectivement pas eu d'impact, sachant que la France, contrairement à d'autres pays, ne dépiste quasiment pas en milieu scolaire.
Faut-il faire vacciner les adolescents de 12 à 17 ans et les enfants ?
Je crois qu’on a compris que l’immunité collective est maintenant une étoile un peu lointaine, notamment compte tenu du variant Delta. L’immunité collective, elle sera probablement atteinte autour de 90 ou 95% de personnes vaccinées. On n’y arrivera pas sans aller chercher ceux qui sont non vaccinés. Il y a probablement plus d’un million de personnes de plus de 75 ans, ultra à risque, qui ne sont pas encore vaccinées. Il y a aussi les adolescents, ensuite on discutera de la question des enfants. Mais je pense que le pass sanitaire, pour les enfants et les ados, n’est pas un souci. Ils vivent complètement embarqués avec des applications mobiles et je pense qu'on n'a pas cette résistance qu'on voit chez certains adultes.
Est-ce que les tests qui vont devenir payants, ça ne va pas être un obstacle au dépistage?
Je pense qu'il y a une incohérence à imposer le pass sanitaire pour les 12-17 ans, tout en leur laissant payer le PCR. Parce que je vous rappelle que dans le pass, il y a la vaccination, le test PCR de moins de 72 heures, et puis les critères de guérison. Donc il faut maintenir ces trois éléments. Ce n'est pas un pass vaccinal, c'est un pass sanitaire. Et évidemment, si les ados ne peuvent pas faire de tests de dépistage en attendant la deuxième injection, on va à contre-courant de ce qu'est une démarche de santé publique. Il faudrait revenir sur ces tests payants, au moins pour ceux qui n'ont pas accès de manière large, encore suffisante à la vaccination. Je rappelle que chez les 12-17 ans, on est à 63% de double injection. Donc, là encore, il y a encore du monde à aller chercher.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.