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Covid-19 : quatre questions sur la réintégration des soignants non vaccinés

Les députés de La France insoumise ont échoué jeudi 24 novembre à faire adopter à l'Assemblée nationale le texte pour la réintégration des soignants non vaccinés.

Article rédigé par Solenne Le Hen
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
La question de la réintégration des soignants non vaccinés contre le Covid-19 revient dans le débat public. Photo d'illustration. (PASCAL GUYOT / AFP)

Après les discussions abandonnées, jeudi 24 novembre, à l'Assemblée nationale sur la question de la réintégration des soignants non vaccinés contre le Covid-19, Emmanuel Macron en déplacement à Dijon vendredi 25 novembre a été interrogé sur le sujet. Le président affirme qu'il faut une décision "scientifique" et pas "politique". La France insoumise, notamment, veut réintégrer ces soignants pour pallier, explique-t-elle, la pénurie de personnel à l'hôpital.

1Combien sont ces soignants non vaccinés ?

Vaste question. Il y a un peu plus d'un an, quand l'obligation de vaccination a été mise en place dans les hôpitaux et les Ehpad, le ministre de la Santé de l'époque, Olivier Véran, avait lâché le nombre de 15 000 personnes suspendues. Mais ce chiffre comptait les non-vaccinés parmi tout le personnel : les administratifs, les agents qui s'occupent du ménage, de la blanchisserie aussi par exemple. Depuis, certains soignants se sont fait vacciner. Dernièrement, François Braun, le nouveau ministre, a évoqué 1 050 infirmiers suspendus et quelques dizaines de médecins. 

2Que sont devenus ces soignants non vaccinés ?

Le métier d'infirmier est, généralement, un métier qui n'est pas exercé toute une carrière durant, mais plutôt 10 à 15 ans maximum en moyenne. Il est logique que parmi les infirmiers suspendus en 2021, certains aient depuis tourné la page, naturellement ou forcés, et se sont reconvertis. Ensuite, ce que n'avoue pas le gouvernement, c'est que certains soignants non vaccinés ont obtenu des certificats d'arrêt maladie de complaisance pour ne pas reprendre le travail et ne pas être suspendus.

>> "On va rester suspendus dix ans ?" : la question de la réintégration des soignants de nouveau soumise à l'avis des autorités médicales

Depuis un an, il y a encore des soignants non vaccinés, mais combien ? C'est difficile à chiffrer. Enfin, certains soignants suspendus ont eu le droit de revenir travailler durant plusieurs mois parce qu'ils ont eu le Covid-19 et logiquement ont été immunisés pendant plusieurs mois. Il y a donc une infinité de situations et aujourd'hui, il est impossible de dire si les soignants suspendus et prêts à revenir travailler à l'hôpital ou en Ehpad sont encore nombreux.

3Quel que soit leur nombre, leur réintégration suffirait-elle à pallier la pénurie ?

Il s'agit de l'argument de La France insoumise ou du Rassemblement national. Si on fait le calcul, en comptant largement, on peut dénombrer 1 000 à 2 000 soignants non vaccinés et suspendus. Par rapport au nombre total de médecins, d'infirmiers et d'aides-soignants en France, environ 1,2 million, c'est une goutte d'eau, qui représente 1 pour 1 000. Mais cela reste des bras utiles, et toute aide est bonne à prendre. En effet, si on réintègre ces soignants plus d'un an après, combien seront candidats pour retourner travailler à l'hôpital et en Ehpad ? Il se peut qu'ils ne soient pas très nombreux.

De l'autre côté, ils ne sont pas toujours attendus avec des roses. Parmi leurs anciens collègues, vaccinés, dans les hôpitaux beaucoup disent ne plus vouloir travailler avec des antivax. Au sein des services, une rupture a eu lieu au moment de l'obligation de vaccination.

4Pourquoi la question de la réintégration des soignants non vaccinés revient-elle ?

C'est davantage une question politique et une question de principe. C'est pourquoi le gouvernement botte en touche, en quelque sorte, et se retranche derrière deux futurs avis scientifiques, celui du Comité d'éthique et celui de la Haute autorité de santé (HAS), probablement en janvier 2023. La HAS avait d'ailleurs déjà dit à l'été 2022 qu'elle souhaitait maintenir l'obligation de vaccination des soignants contre le Covid-19.

Cette fois, la question qui lui est posée est plus large. Le gouvernement lui a demandé de plancher sur toutes les vaccinations qui pourraient être obligatoires pour les soignants. On pense notamment à la grippe, seulement recommandée aujourd'hui. Mais ce sera un autre débat, et il promet d'être épineux lui aussi.

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