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Covid-19 : le vaccin AstraZeneca n'est "pas le plus adapté" pour "une population aussi exposée que les soignants", estime un syndicat d'infirmiers

Le ministre de la Santé a expliqué, jeudi 4 mars, qu'il allait écrire aux soignants pour les inciter à se faire vacciner contre le Covid-19. Seul un tiers des soignants ont reçu une injection.

Article rédigé par franceinfo
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Une dose de vaccin AstraZeneca. (JUNG YEON-JE / POOL)

Lors d’une conférence de presse sur la situation sanitaire en France, jeudi 4 mars, le ministre de la Santé Olivier Véran a annoncé qu’il écrirait une lettre aux soignants pour les inciter à se faire vacciner contre le Covid-19. "On ne veut pas servir de bouc émissaire" au gouvernement, répond Thierry Amouroux, porte-parole du syndicat national des personnels infirmiers (SNPI), vendredi 5 mars sur franceinfo. Selon lui, le problème, c'est le vaccin AstraZeneca qui n'est pas "le plus adapté" pour "une population aussi exposée que les soignants".

franceinfo : Aujourd'hui, un soignant sur trois seulement s'est fait vacciner. Le ministre de la Santé a-t-il raison de vous mettre un peu la pression ?

Thierry Amouroux : Non. Le problème est lié au vaccin, pas du tout à la vaccination en général. Les soignants sont méfiants par rapport à AstraZeneca. Cette communication est totalement délétère : on a l'impression que les héros d'hier sont devenus des monstres et on ne veut pas servir de bouc émissaire à un gouvernement incapable de gérer les masques, les tests et, aujourd'hui, la vaccination. AstraZeneca, soyons clairs, c'est un vaccin correct pour l'ensemble de la population générale. Mais par contre, pour une population aussi exposée que les soignants, c'est, parmi les trois vaccins autorisés, le moins efficace.

C'est un peu comme le port du masque : le port du masque chirurgical, il est très bien partout pour tout le monde. Mais en situation de soin, un soignant a besoin d'un masque FFP2. Là, c'est la même chose. Il faut bien comprendre qu’en janvier, les soignants de plus de 50 ans avaient accès au Pfizer et, ce mois-là, les trois quarts des vaccinations étaient faites sur les soignants et simplement un quart sur les patients. Puis, est arrivé AstraZeneca et on a dit : "Quel que soit votre âge, les soignants, vous n’avez plus qu’AstraZeneca".

Est-ce la seule raison qui explique cette frilosité ?

C’est vraiment lié à ce vaccin qui n’est pas le plus adapté, en particulier sur les variants. Comment voulez-vous expliquer aux soignants de Moselle, par exemple, où le variant sud-africain est majoritaire à plus de 50% qu’on va leur donner de l’AstraZeneca qui a été arrêté en Afrique du Sud parce qu’il n’était efficace que sur 22% des cas ?

Est-ce qu'il ne vaut pas mieux un vaccin efficace à 70% comme c'est le cas du vaccin AstraZeneca que pas de vaccin du tout ?

Pfizer avait un problème de livraison en février qui était connu. Là, ils vont recommencer les livraisons en mars. Donc les soignants vont, s’ils ont accès au Pfizer, pouvoir se vacciner, comme ils l’ont fait en janvier. Nous, on est dans l’exemplarité et pas dans la contrainte. Si on dit comme message aux Français qu’on oblige les soignants à se faire vacciner, ça renforce le complotisme. Si on nous donne accès au Pfizer, les soignants vont se faire vacciner. Les soignants ne sont pas contre la vaccination. Ils estiment AstraZeneca inadapté aux soignants, mais c'est un bon vaccin pour l'ensemble des Français. Il ne faut pas que les gens se disent que l’AstraZeneca, ce n'est pas pour eux. 

>> Vaccination des soignants : le taux de protection du vaccin AstraZeneca est "tout à fait suffisant" contre le Covid-19, selon un infectiologue

[Dans un avis rendu le 2 février, la Haute Autorité de santé (HAS) avait d'abord limité l'usage de ce vaccin "à l'ensemble des professionnels" de santé "de moins de 65 ans, ainsi qu'aux personnes âgées de 50 à 64 ans, en commençant par celles qui présentent des comorbidités". Depuis, les travaux à grande échelle de l'université d'Edimbourg, qui a étudié les effets de la vaccination en Ecosse, ont changé la donne. Ils tendent à montrer que la première dose du vaccin protège fortement les personnes âgées contre le risque d'hospitalisation à la suite d'une contamination au Covid-19.]

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