Covid-19 et grippe : pourquoi le gouvernement appelle à un "sursaut" de vaccination des Français à l'approche des fêtes
Une situation inquiétante. La France, comme ses voisins européens, se bat actuellement contre trois épidémies simultanées : le Covid-19, la grippe et la bronchiolite. Au regard de cette situation sanitaire et face à des messages de prévention qui ont du mal à passer, le gouvernement a appelé solennellement, vendredi 9 décembre, les Français à un "sursaut" avant les fêtes de fin d'année, les enjoignant à se faire vacciner et à remettre le masque dans les transports. Franceinfo vous détaille les raisons de cette alerte.
Parce que la France connaît une triple épidémie de Covid-19, de grippe et de bronchiolite
"L'hiver nous expose particulièrement aux virus respiratoires, cet hiver ne fait pas exception, bien au contraire", a exposé François Braun en conférence de presse, vendredi. "Nous faisons face à une triple épidémie [Covid-19, grippe et bronchiolite] qui, de surcroît, est plus précoce qu'habituellement", a assuré le ministre de la Santé et de la Prévention, évoquant une "situation sérieuse" sur le plan épidémique.
Concrètement, sur le front de la neuvième vague du Covid-19, 65 509 nouveaux cas ont été confirmés au 9 décembre, soit une hausse de 11% sur sept jours, selon Santé publique France. Le taux d'incidence, c’est-à-dire le nombre de nouveaux cas sur une semaine pour 100 000 habitants, a atteint 608 en milieu de semaine (en hausse de 16% en sept jours). Enfin, le nombre de nouvelles hospitalisations est monté à 1 288 en moyenne glissante sur sept jours, "avec plus de 1 000 personnes désormais hospitalisées pour Covid-19 dans les services de soins critiques". La souche BQ1.1, un sous-variant de BA.5, est associée à "une forte transmissibilité" et "n'est pas sans risque pour les personnes les plus fragiles", prévient le ministre. Tous les indicateurs sont donc en hausse et, même si l'épidémie ne montre pas de signes d'emballement, les projections montrent que les hospitalisations vont se poursuivre dans les prochaines semaines.
Les indicateurs de la grippe sont également en forte hausse. Le taux d'incidence est en augmentation de 39% sur la semaine 48 (du 28 novembre au 4 décembre) par rapport à la semaine précédente et le nombre de passages aux urgences pour syndrome grippal est en augmentation de 94% sur la même période, avec 3 352 cas. "La grippe n'est pas un gros rhume (...) Elle provoque des complications lourdes, voire invalidantes", a prévenu François Braun.
"Chaque année, la grippe tue et endeuille des familles."
François Braun, ministre de la Santéen conférence de presse
Au niveau de la bronchiolite, la tendance est "à la stabilisation (...) à un niveau très élevé en France métropolitaine", selon le dernier bulletin de Santé publique France. "Les hospitalisations pour bronchiolite représentent pour la cinquième semaine consécutive la moitié des hospitalisations" après "un passage aux urgences chez les enfants de moins de 2 ans". François Braun alerte d'ailleurs sur le fait que les "services de soins critiques pédiatriques sont à ce jour occupés à quasi pleine capacité". Cette tension sur le système hospitalier a déjà forcé les autorités à transférer 72 enfants vers un autre établissement "pour assurer leur prise en charge".
Parce que les taux de vaccination sont trop bas
Pour lutter contre les épidémies, les autorités sanitaires disposent de trois armes : la vaccination, les gestes barrières et les traitements. Sur le premier point, qui concerne pour le moment la grippe et le Covid-19, les messages de prévention "sont moins bien passés, ont moins bien été relayés" depuis quelques semaines, a regretté François Braun. Seulement "2,8 millions de personnes sont vaccinées contre le Covid-19 depuis début octobre, c'est bien moins que nos voisins européens", a souligné le ministre de la Santé, évoquant spécifiquement la campagne de rappel en cours. Désormais, tous les publics sont éligibles à une nouvelle dose de rappel, quel que soit leur âge ou leur profil, a-t-il précisé.
"Ces gestes, qui ont pu lasser certains d'entre nous, protègent et sauvent des vies."
François Braun, ministre de la Santéen conférence de presse
Du côté de la grippe, "9,9 millions de vaccins ont été vendus en officine", soit une baisse de 5% par rapport à 2021. En conséquence, "les Français sont moins bien protégés cette année" et "j'en appelle solennellement à un sursaut de la vaccination", a-t-il répété. Le vaccin contre la grippe de cette année "protège particulièrement" face à la souche qui circule, a appuyé la présidente du Covars (ex-Conseil scientifique), Brigitte Autran. "Les vaccins protègent contre le Covid-19 et contre la grippe."
"Un rappel qui date de moins de six mois protège jusqu'à 90% contre le risque de mortalité, contre le risque d'hospitalisation pour des formes graves."
Brigitte Autran, présidente du Covars (ex-Conseil scientifique)en conférence de presse
Le ministre de la Santé en a aussi appelé "solennellement à la responsabilité" des directeurs d'Ehpad pour accélérer la vaccination contre le Covid-19 des résidents, dont un cinquième seulement sont vaccinés. "Le taux de protection contre le Covid est trop faible en Ehpad, comme dans la population générale, de l'ordre de 21% et 23% pour les plus de 80 ans", a précisé le ministre des Solidarités, Jean-Christophe Combe. Les directeurs peuvent rendre le port du masque obligatoire en Ehpad, notamment en cas de cluster, a-t-il ajouté. "Face à cette triple épidémie, nous avons besoin d'un triple sursaut : de vaccination, de gestes barrières, et de soutien vis-à-vis des professionnels engagés", a insisté le ministre.
Parce que la période des fêtes est propice aux transmissions
Le ministre de la Santé a appelé à la vigilance des Français "à l'approche des fêtes de fin d'année et des retrouvailles avec tous ceux qui nous sont chers". Les agapes de Noël et du Nouvel An sont traditionnellement l'occasion de rassemblements familiaux propices à la transmission des virus, avec des grands-parents qui retrouvent leurs petits-enfants. Dans ce contexte, le ministre de la Santé a insisté sur l'importance des gestes barrières : se laver les mains, aérer régulièrement, porter le masque dans les lieux clos. "Dans les transports en commun, dans les trains", a-t-il plaidé. François Braun a toutefois exclu de rendre le masque obligatoire, comme le réclament nombre de soignants : "Il y a des gestes simples qui n'ont pas besoin d'un texte."
Sur BFMTV, le ministre a aussi fait valoir que tout le monde pouvait "se faire vacciner" avec un rappel anti-Covid, alors que la communication sur la vaccination de rappel de cet automne a été critiquée pour sa confusion. Interrogé sur le refus de certains pharmaciens de vacciner des moins de 60 ans, le ministre a estimé que ce n'était "pas acceptable". Il a rappelé que les "plus fragiles" restent les premiers ciblés, mais juge "tout à fait normal" de se faire vacciner "si vous allez voir vos parents âgés pendant les fêtes".
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