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Protocole sanitaire à l'école : "Je ne sais pas si ça va être plus simple" mais la version précédente "était inapplicable", réagit un médecin

Le président de la branche "généralistes" de la Confédération des syndicats médicaux français espère que le nouveau protocole sanitaire va réduire la pression sur les pharmacies, débordées par les demandes de tests antigéniques. 

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Depuis la rentrée scolaire, le 3 janvier, les parents se bousculent dans les pharmacies pour faire tester leurs enfants, et obtenir des autotests. (ALEXANDRE CHASSIGNON / RADIO FRANCE)

"Je ne sais pas si ça va être plus simple" mais "le protocole précédent était inapplicable", constate le président de la branche "généralistes" de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF) Luc Duquesnel, vendredi 7 janvier sur franceinfo, après l'allègement du protocole sanitaire dans les écoles. Si, après un premier cas positif dans une classe, un autre se déclare, les parents d'élèves n'auront pas à recommencer tout le cycle de dépistage à J0, J+2 et J+4.

franceinfo : Le nouveau protocole sanitaire dans les écoles va-t-il simplifier les prises en charge médicales et les dépistages ? 

Je ne sais pas si ça va être plus simple. En tout cas, le protocole précédent était inapplicable puisqu'on se retrouvait sollicités dans nos cabinets toute la journée, avec l'incapacité de pouvoir tester les cas contacts. Les cas contacts des enfants avaient rendez-vous cinq jours ou six jours après pour pouvoir être testés, soit dans les pharmacies pour faire des tests antigéniques, soit dans les laboratoires, si bien que ça coinçait toute la chaîne.

"Nos collègues pharmaciens se retrouvaient dans l'incapacité de pouvoir continuer à vacciner tellement ils étaient sollicités pour faire des tests antigéniques."

Luc Duquesnel, président de la branche "généralistes" de la Confédération des syndicats médicaux français

à franceinfo

L'accord des deux parents est maintenant nécessaire pour qu'un enfant de 5 à 11 ans se fasse vacciner. Comprenez-vous cette évolution ? 

C'est toute la problématique qui peut exister dans des couples. On le voit, on a quand même des familles où l'un des deux parents est vacciné et l'autre parent y est totalement opposé. Finalement, rien que sur un plan purement médical et judiciaire, il faut voir les problèmes que ça peut poser. En plus de l'accord des deux parents, il faut que l'enfant soit accompagné par l'un des deux parents, ce qui n'est pas le cas pour tous les 12-18 ans, puisque même au-delà de 16 ans, un jeune peut se présenter tout seul chez le médecin. Ça ne simplifie pas le flux, même si on peut le comprendre, parce qu'on pourrait voir des enfants avec une autorisation parentale qui serait un faux, ou accompagné par quelqu'un de la famille, ou par une personne tierce. Alors nous sommes amenés à refuser des enfants entre 5 et 11 ans qui arrivent dans les centres de vaccination, parce que ce n'est pas un des deux parents qui les accompagne. 

Vous gérez huit centres de vaccination en Mayenne. Avez-vous beaucoup de primo-injections depuis les propos du président Emmanuel Macron qui a dit vouloir "emmerder" les non-vaccinés ? 

Il est encore trop tôt pour le dire. On aura les chiffres en début de semaine prochaine puisque ce sont souvent des chiffres hebdomadaires. Ce que l'on a remarqué jusqu'à la semaine dernière, c'est que le nombre de primo-injections augmentait. Le ministre l'a même rappelé lundi : on avait 66 000 primo-injections, mais c'était avant les déclarations du président de la République. Ces nouvelles primo-injections touchent deux populations. Premièrement, toute la population qui s'aperçoit que finalement, le pass vaccinal va bien être instauré. Mais aussi toute la population des personnes âgées, qui jusque-là n'étaient pas forcément anti-vaccin, mais estimaient vivre en zone rurale, ne voir personne, ne croiser personne et donc ne rien risquer. Finalement, c'est cette cinquième vague qui leur fait prendre conscience que cette crise sanitaire n'est pas terminée. Non seulement elle n'est pas terminée, mais on vit une circulation du virus comme on n'en a jamais connue.

"Des personnes âgées non vaccinées ont aussi des amis non vaccinés, qui se retrouvent hospitalisés, certains en réanimation."

Luc Duquesnel, président de la branche "généralistes" de la Confédération des syndicats médicaux français

à franceinfo

Ces deux facteurs-là - l'évolution du pass sanitaire en pass vaccinal et l'évolution de cette crise sanitaire - incitent des gens à se vacciner. Je sais que dans notre département, on a noté la semaine derrière un nombre important de primo-injections.  

Le personnel des centres de vaccination est-il aussi impacté par le Covid-19 ? 

C'est la même problématique que dans les hôpitaux, où il y a bien sûr des gens malades. Cette semaine, on a des infirmières libérales qui travaillent dans les centres de vaccination, et qui sont cas positifs. La semaine dernière, on avait deux médecins généralistes positifs dans nos centres. Bien sûr, on ne va pas les mettre en contact avec les patients dans les centres de vaccination. La circulation du virus aujourd'hui n'épargne pas les professionnels de santé, bien au contraire, puisque ce sont eux qui sont au contact des gens malades pour les prendre en charge. Il n'y a d'ailleurs pas que le Covid-19, il y a aussi la grippe. On a beaucoup de patients à prendre en charge, ce qui nous expose, comme pour les autres virus, à des risques de contamination. On prend des protections importantes. Les mesures barrières doivent encore plus s'appliquer aujourd'hui qu'hier.

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