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"On sait très bien que la désinfection, ce ne sera pas pour le 11 mai" : l'inquiétude d'un conducteur de métro parisien avant le déconfinement

Bastien Berthier, militant syndical à l'UNSA et conducteur de métro à la RATP, dénonce les conditions de reprise mises en oeuvre pour le déconfinement.

Article rédigé par franceinfo, Raphaël Ebenstein
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Une station de métro à Clichy (Hauts-de-Seine), quasi vide en heure de pointe en raison du confinement lié à l'épidémie de coronavirus (Covid-19), 8 avril 2020. (VICTOR VASSEUR / RADIOFRANCE)

En seize ans passés à la RATP dont sept comme conducteur sur la ligne 5 du métro parisien, Bastien Berthier, militant syndical à l'UNSA, n'a jamais connu pareille situation ni une telle peur d'aller au travail. "Pour tous les collègues, c'est anxiogène car on a la peur du virus, la peur de le ramener à la maison. Tout le monde a peur, ce qui est logique", assure Bastien Berthier.

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Le conducteur a à sa disposition un kit de protection fourni par la RATP dans la cabine de conduite du métro. "Dans le kit, il y a deux masques de type chirurgical pour un service. Donc pour une journée, on a deux masques, un paquet de lingettes et du gel hydroalcoolique ainsi qu'un petit sachet poubelle pour jeter", détaille Bastien Berthier. Mais ce kit ne suffit pas à rassurer le syndicaliste alors  que le trafic des métros est censé doubler le 11 mai par rapport à la période de confinement. "On va plus que doubler le nombre du personnel. Au niveau des voyageurs, on va plus que le doubler, peut-être le tripler voire le quadrupler par rapport à ce qu'il est maintenant. Donc on a peur d'une deuxième vague. Les premiers touchés seront les personnels sur le terrain", redoute Bastien Berthier.

Pour ce conducteur de métro, il y a un manque criant de mesures préventives pour le personnel de la RATP. Il aurait notamment souhaité des prises de température des agents avant de pouvoir accéder aux locaux.

Ne pas tester tout le monde avant une reprise, c'est une erreur.

Bastien Berthier

à franceinfo

"En France, en 2020, on nous dit qu'il n'y a pas assez de thermomètres pour prendre la température des agents après le service, c'est une situation ubuesque", déplore le militant UNSA. Il a donc beaucoup de mal à envisager l'après 11 mai, à gérer sa propre inquiétude ainsi que celle de ses proches. "Mes parents ne comprennent pas pourquoi on rouvre les transports aussi tôt, aussi vite, à autant de personnes. Au niveau promiscuité, les transports en commun, il n'y a pas mieux pour que le virus circule."
 
Le conducteur de métro exprime d'ailleurs ouvertement sa défiance envers le gouvernement. "On ne vit pas dans le monde des Bisounours, on sait très bien que la désinfection, ce ne sera pas pour le 11 mai, que les tests, ce ne sera pas pour le 11 mai et là, on en veut vraiment à nos politiques". Au point qu'il n'exclut pas, comme certains de ses collègues, de faire jouer si besoin son droit de retrait après le 11 mai.
 
L'Union des transporteurs publics (UTP), dont fait partie la RATP, a d'ailleurs écrit au Premier ministre, le 30 avril, pour lui faire part de ses inquiétudes en vue du déconfinement. Les transporteurs publics, y expliquent n'avoir "ni les moyens humains ni matériels" de faire respecter les gestes barrières souhaités par le gouvernement.

Portrait de Bastien, conducteur à la RATP, inquiet des conditions de travail en prévision du déconfinement

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