Covid-19 : départements confinés ou en "vigilance renforcée", vaccination... Ce qu'il faut retenir de la conférence de presse d'Olivier Véran sur l'épidémie
Tout en affirmant que la "tendance n'est pas bonne", le ministre de la Santé a de nouveau justifié jeudi soir le choix de ne pas imposer un confinement strict dans les départements les plus touchés par la circulation du virus.
"La tendance est presque partout à l'accélération de l'épidémie." Le ministre de la Santé a fait le point sur la progression du Covid-19 en France, jeudi 25 mars, lors d'une conférence de presse. Evoquant une "dynamique épidémique forte", Olivier Véran a notamment annoncé l'extension des nouvelles restrictions sanitaires au Rhône, l'Aube et la Nièvre. Voici ce qu'il faut retenir de sa conférence de presse.
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La pression hospitalière "va continuer de monter dans les prochains jours"
Olivier Véran a d'abord évoqué la situation sanitaire au niveau national, annonçant que "plus de 45 000 Français ont été diagnostiqués au coronavirus ces dernières 24 heures". "La situation est la plus préoccupante en Ile-de-France, dans les Hauts-de-France et en Provence-Alpes-Côte d'Azur", a précisé le ministre de la santé, ajoutant que "la dynamique épidémique est forte".
"La pression hospitalière, déjà forte, va continuer de monter dans les prochains jours", a-t-il poursuivi, rappelant que "le profil des patients [hospitalisés] change : plus jeunes et parfois sans comorbidités". Quelque 408 malades sont entrés en réanimation en France lors des dernières 24 heures, portant le nombre total de malades dans les unités de soins intensifs à 4 709, selon les chiffres de Santé publique France publiés jeudi.
La situation est particulièrement préoccupante en Ile-de-France. "Dans la région, plus de 1 400 lits [de réanimation] sont déjà occupés par ces malades". L'objectif est de parvenir à 2 250 lits de réanimations en Ile-de-France pour les patients atteints de Covid-19. Pour cela, "entre 35 et 40% des activités programmées ont été reportées, et à terme, ce sont sans doute 80% des activités qui devraient être déprogrammées", a précisé Olivier Véran.
Les "mesures de freinage fortes" étendues à trois départements
Les nouvelles restrictions sanitaires, dont la fermeture de commerces et l'interdiction de se déplacer au-delà de 10 km sans dérogation, ont été étendues à trois départements supplémentaires : le Rhône, l'Aube et la Nièvre. "Après concertation" avec les élus et les préfets, "il est apparu indispensable d'amplifier les mesures de protection" pour ces trois départements, a déclaré le ministre de la Santé. Parmi les mesures figurent aussi l'interdiction des déplacements interrégionaux et la mise en place de jauges divisant par deux le nombre d'élèves par classe dans les lycées. Olivier Véran a précisé que ce nouveau régime sanitaire commencerait pour ces trois départements à compter du vendredi 26 mars à minuit – donc dans la nuit de vendredi à samedi –, et ce pour quatre semaines.
Au total, ce sont donc 19 départements qui sont désormais concernés par ces mesures. Le ministre de la Santé a fait valoir qu'il était "trop tôt" pour en mesurer l'efficacité. "Si la situation devait s'aggraver", "nous serions amenés à nous demander s'il faut aller plus loin", a-t-il ajouté.
Au total, 24 départements placés en "surveillance renforcée"
La liste des départements placés en "vigilance renforcée" s'est, elle aussi, allongée. Seize nouveaux départements s'y ajoutent : "L'Ain, les Alpes-de-Haute-Provence, les Ardennes, l'Indre-et-Loire, l'Isère, le Jura, le Loir-et-Cher, la Loire, la Lozère, la Marne, la Meuse, l'Orne, la Savoie, la Haute-Savoie, le Vaucluse et l'Yonne". "Des moyens supplémentaires, en 'contact tracing' notamment, y sont désormais mis en œuvre", a déclaré Olivier Véran.
Le gouvernement réfléchit à des "protocoles sanitaires renforcés" pour les écoles
Le ministre a défendu la décision de l'exécutif de maintenir les écoles ouvertes malgré l'accélaration de l'épidémie. "La fermeture des écoles est une décision de dernier recours, que nous voulons à tout prix éviter parce que nous savons qu'elle a des conséquences très lourdes sur le développement des enfants et sur le quotidien des parents", a expliqué Olivier Véran. Le ministre a promis qu'il "y aura[it] un après-Covid. Bientôt". "Etre parvenus à maintenir les écoles ouvertes sera une force pour la jeune génération", a-t-il estimé.
"Nous ne nions pas que le virus peut aussi se transmettre à l'école, puis de l'école vers les familles. C'est pourquoi, avec le ministre de l'Education, nous travaillerons à des protocoles sanitaires renforcés, en sus de ceux déjà mis en place dans tous les établissements scolaires", a-t-il toutefois annoncé. Interrogé sur ce que pourraient être ces nouvelles mesures, Olivier Véran n'a pas donné de précisions.
Pas "un confinement" mais "50 nuances de mesures"
Le ministre de la Santé a de nouveau justifié le choix de ne pas imposer un confinement strict, affirmant que les contraintes devaient être ajustées selon les territoires et mettant en avant "l'acceptabilité" pour les Français, "épuisés de lutter sans relâche depuis un an". A propos de l'utilisation du mot "confinement", et osant un parallèle avec "les Inuits [qui] ont plusieurs dizaines de mots pour désigner la neige", Olivier Véran a jugé que "la langue française est riche (...) mais elle manque de mots pour qualifier la situation si particulière qu'est la mise entre parenthèses d'un certain nombre de nos libertés et la mise en suspens de notre mode de vie".
"Chacun a pu constater que les mesures décidées étaient différentes de celles décidées il y a un an" pour faire face à l'épidémie, a-t-il souligné. "Il n'y a pas un confinement, il y a (...) 50 nuances de mesures, qui tiennent compte de la situation épidémique proprement dite et de ce que nous savons du virus", a poursuivi le ministre. "La situation est évolutive parce que le virus ne circule pas toujours à la même vitesse, parce que des variants sont apparus, parce que la vaccination change la donne, a-t-il insisté. Les décisions sont prises à partir de ce que nous avons appris, et nous avons beaucoup appris."
Plus de sept millions de Français ont reçu une première injection du vaccin
Le ministre de la Santé a également fait un point sur la campagne de vaccination contre le Covid-19, qui "progresse à un rythme qui doit nous donner de l'espoir". "Chaque jour est un nouveau record : hier, nous avons réalisé 300 000 injections, et je suis confiant sur le fait que le cap des 400 000, puis des 500 000 injections par jour sera franchi très bientôt", s'est-il félicité, ajoutant que le pays a "dépassé ce soir les 7 millions de personnes vaccinées". Au total, 7 168 437 personnes ont reçu au moins une première injection de vaccin en France, selon les données de Santé publique France. Parmi elles, 2 610 990 personnes ont reçu une seconde dose de vaccin.
"A compter de samedi, la vaccination sera ouverte à toutes les personnes de plus de 70 ans, qui auront le choix de se rendre en centre de vaccination, chez leur médecin traitant ou dans leur pharmacie", a rappelé Olivier Véran. Pour répondre aux difficultés qu'ont encore certains séniors à trouver un rendez-vous, "nous allons déployer une campagne d'appels téléphoniques systématiques, qui seront assurées par l'Assurance-maladie". "Vous serez appelés progressivement dans les semaines à venir pour qu'un rendez-vous puisse vous être proposé si vous le souhaitez", a précisé le ministre.
A partir du vendredi 26 mars, les infirmiers pourront non seulement injecter le vaccin contre le Covid-19 mais aussi le prescrire eux-mêmes. Cette nouvelle autorisation "va leur permettre notamment d'aller vers les populations les plus vulnérables et de vacciner au domicile des Français", a annoncé Olivier Véran. Dentistes et vétérinaires pourraient aussi être mobilisés prochainement pour éviter que la France ne manque de "vaccinateurs". Dans l'immédiat, "l'élément limitatif de notre campagne" est "les livraisons de vaccins qui nous sont faites", a-t-il toutefois reconnu, même si "cette limite est en train d'évoluer dans le bon sens".
"La production mondiale de vaccins augmente, et les livraisons à la France avec. D'ici la mi-avril, c'est-à-dire d'ici trois semaines, nous aurons vacciné plus de 10 millions de personnes, soit une majorité des personnes les plus vulnérables au virus", a garanti le ministre de la Santé. Concernant la vaccination des enseignants, il a déclaré qu'il n'avait "pas entendu qu'il y ait un plan pour la vaccination des forces de l'ordre ou d'autres catégories socio-professionnelles". "C'est en discussion", a-t-il assuré.
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