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Nationalisations, prime de reconnaissance, congés imposés... Le "8h30 politique" de Geoffroy Roux de Bézieux

Geoffroy Roux de Bézieux, président du Medef, était l'invité du "8.30 franceinfo", lundi 23 mars.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
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Le président du Medef Geoffroy Roux de Bézieux, au ministère de l'Économie à Paris, le 3 mars 2020. (ERIC PIERMONT / AFP)

Le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, était l'invité de franceinfo lundi 23 mars. Il est revenu notamment sur l'idée de prime pour les salariés restant physiquement sur leur lieu de travail, mais également sur les possibilités d'imposer des jours de congés aux salariés et sur le dialogue entre employés et patrons en cette période très particulière, liée à l'épidémie de coronavirus Covid-19.

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Le versement d'une prime de reconnaissance : "Très compliqué"

"Verser la prime va être très compliqué. C'est pour ça qu'on dit que cela doit faire partie du package global de mesures de soutien", a affirmé Geoffroy Roux de Bézieux. Il réagissait à l'idée d'une prime de reconnaissance, pour les salariés qui continuent à travailler physiquement sur leur lieu de travail malgré l'épidémie de coronavirus. Une idée déjà évoquée par plusieurs personnalités politiques, dont le ministre de l'Économie Bruno Le Maire et Xavier Bertrand, le président de la région Hauts-de-France.

"Il faudra récompenser évidemment les gens qui se sont mobilisés sous forme de volontariat, bien sûr, poursuit le leader du syndicat patronal. L'État ira récompenser les personnels soignants. Dans les entreprises privées celles qui peuvent le faire l'ont annoncé. Mais la difficulté pour les entreprises aujourd'hui, c'est que la très grande majorité d'entre elles ont perdu énormément de chiffre d'affaires et ont des problèmes de liquidités, de trésorerie."

Geoffroy Roux de Bézieux dit aux entreprises qui "peuvent le faire et qui ont les moyens financiers 'faites-le', si vous le décidez, c'est une prime volontaire. Surtout, je dis à l'État qu'il faut réfléchir collectivement pour savoir comment on peut faire pour, à l'issue de cette crise, récompenser ceux qui ont été au front".

"Dialogue" entre direction et salariés sur les congés

Concernant l'obligation, pour certains salariés, de prendre des congés afin d'alléger les entreprises financièrement, "cela doit se faire par le dialogue", a insisté Geoffroy Roux de Bézieux. "On ne doit pas traverser cette crise contre les salariés, on doit le faire avec les salariés." Il ne faut donc pas aller au-delà de la mesure prise par le gouvernement sur la possibilité de discuter d'une éventuelle prise de congés avant le 31 mai. "Si certains acceptent de prendre plus de congés qu'une semaine, pourquoi pas. Mais cela doit se faire dans le dialogue avec les représentants des salariés et la direction."

Le jour de carence, en cas d'arrêt maladie, a été suspendu pendant cette crise sanitaire. "Cela me paraît aller dans le sens d'une 'union sacrée'. On laisse tomber nos habitudes et nos tabous", a lancé Geoffroy Roux de Bézieux. Cette crise "va forcément créer un effet de récession, on le sait tous. L'important, c'est de réfléchir au plan de relance et comment on fait redémarrer rapidement notre outil productif. Il y aura une reprise après la fin de cette pandémie", a conclu le dirigeant du syndicat patronal.

"Il faudra que l'État soit là"

Pour aider certaines entreprises, il faudra peut-être en passer par la nationalisation. "Il faut ne pas avoir de tabou en la matière", a déclaré Geoffroy Roux de Bézieux. "On est face à un phénomène qui est totalement unique. Il ne s'agit pas d'une crise financière comme on a pu le connaître en 2008. En 2009, les Américains ont nationalisé General Motors."

"À un moment, le capital privé ne peut plus faire face à l'arrêt de l'économie. Si je prends Air France par exemple, elle n'a plus de chiffre d'affaires ou quasiment plus. Donc, elle va épuiser sa trésorerie en quelques mois et il est légitime que l'État français, qui est actionnaire, vienne à son secours, a estimé le président du Medef. Il faudra que l'État soit là, si besoin, pour venir au secours des entreprises qui seraient dans une situation financière ou de trésorerie difficile."

"L'économie repartira"

L'économie devrait encore tenir "un mois ou deux", selon le dirigeant du syndicat patronal. "Je pense qu’on y arrivera. Après, ça va être plus compliqué. Cette crise va forcément créer un effet de récession. L'important, c'est de réfléchir au plan de relance et comment faire pour redémarrer rapidement notre outil productif."

Geoffroy Roux de Bézieux s'est dit "inquiet" pour l'économie, tout en restant "confiant, parce que l’on se mobilisera tous, que l'on soit salarié ou patron, pour faire repartir le système". Le temps de reprise dépendra de ce que font les autres pays, selon le numéro un du Medef. "Le scénario catastrophe, je n'y crois pas. Il y aura une reprise à la fin de cette pandémie. Restons avec l'idée que l'économie repartira dès que le confinement aura montré ses effets."

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