"Méfiance", "insuffisant", "des oubliés" : les acteurs de la solidarité et les soignants déçus par les primes annoncées par le gouvernement
Les primes annoncées par le gouvernement mercredi 15 avril à l'attention des soignants et des ménages les plus défavorisés ne satisfont pas complètement les principaux concernés.
Le gouvernement a annoncé mercredi 15 avril, à l’issue du conseil des ministres, des primes pour les soignants et des aides pour les ménages les plus défavorisés. Le Premier ministre Edouard Philippe a présenté une prime nette d'impôts de 500 à 1 500 euros pour les soignants en première ligne face au coronavirus. Elles coûteront au total 1,3 milliard d'euros.
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Une prime de 150 euros sera versée le 15 mai aux ménages au RSA plus 100 euros par enfant. Les familles qui ne touchent que les aides au logement auront droit à une prime de 100 euros par enfant. Quatre millions de foyers sont concernés par cette "aide exceptionnelle de solidarité", selon Olivier Véran le ministre de la Santé, pour faire face notamment aux dépenses du quotidien qui augmentent depuis le début du confinement.
Les infirmiers restent prudents
L'annonce de la prime pour les soignants a été accueillie avec méfiance par le Syndicat national des professionnels infirmiers. "Souvent il y a des effets d'annonce, mais c'est plutôt l'oncle Picsou qui verse les primes", réagit sur franceinfo Thierry Amouroux, porte-parole du syndicat. Il réclame une "revalorisation du salaire infirmier et pas l'aumône." Thierry Amouroux dit garder en mémoire "la prime de 800 euros par an accordée lors du plan Hôpital", en novembre 2019 qui "n'a concerné que 4 départements sur 100 et seulement 11 % des infirmiers des hôpitaux, ceux du premier échelon".
Concernant la prime aux familles les plus démunies, qui devrait concerner quatre millions de foyers, les acteurs de la solidarité sont eux aussi déçus.
C'est un geste positif mais qui ne comble pas les dépenses supplémentaires et les pertes de revenus
Florent Guéguen, directeur de la Fédération des acteurs de la solidarité
Florent Gueguen regrette sur franceinfo "quelques oubliés" dans cette mesure, notamment les "personnes isolées qui bénéficient du minimum vieillesse" et "les personnes handicapées pauvres". Le directeur de la Fédération des acteurs de la solidarité est également déçu par le montant de la prime, les associations ayant écrit au président de la République pour lui demander une aide à hauteur de 250 euros pour une personne seule. "C'est un geste positif mais qui ne comble pas les dépenses supplémentaires et les pertes de revenus qui sont très élevées notamment chez les familles populaires et dans les quartiers populaires", explique Florent Guéguen. Le délai d'un mois est, par ailleurs, "un peu long", selon lui.
Insuffisant selon le Secours Catholique
Véronique Fayet, la présidente du Secours Catholique, assure sur franceinfo avoir "la quasi-certitude que ce sera insuffisant pour faire face à deux mois de confinement". Elle aussi regrette que plusieurs publics ne soient pas touchés. "Il y a les personnes âgées, les gens qui ont l'allocation adulte handicapé, les demandeurs d'asile, tous les jeunes de moins de 25 ans", liste Véronique Fayet. Elle appelle à "revoir la question des minima sociaux avec une augmentation rapide et substantielle pour que les gens soient en sécurité en cas de difficultés et qu'on ne soit pas obligés de faire des primes exceptionnelles à chaque difficulté".
Les départements vont aider à mettre en place la distribution
"On trouvera naturellement les bonnes solutions pour que ces mécanismes se mettent en place", annonce sur franceinfo le président de l’Assemblée des départements de France, Dominique Bussereau. "Si j'ai bien compris, c'est l'État qui va verser directement cette aide par ses propres moyens, sans passer par les canaux de versement qui sont ceux des départements, comme le RSA ou l'Allocation personnalisée d’autonomie. C'est donc une prestation directe", indique-t-il.
Des échanges seront toutefois bien présents entre départements et État pour permettre le versement de cette "aide d’urgence", assure le président de l’Assemblée des départements de France. "Les allocataires du RSA ou de l’ASS, ce sont des gens que nous nous connaissons. On va trouver des méthodes pour faciliter les choses, on n'est pas dans des bagarres de compétences entre l'État et les collectivités."
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