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Exonération des charges : "Un soulagement" mais "on demande la baisse de la TVA, des aides supplémentaires", réagit un gérant de bars de nuit à Paris

"Depuis la levée du confinement, des fêtes sauvages ont lieu dans tout Paris", note David Zenouda désabusé. S'il se dit "ravi que les Français se retrouvent", il craint d'avoir définitivement perdu une partie de sa clientèle.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Une boîte de nuit à Lorient (Morbihan). (FRANCOIS DESTOC / MAXPPP)

Le gouvernement va exonérer de trois milliards d'euros de charges sociales les entreprises de secteurs particulièrement touchés par les conséquences de la crise sanitaire liée au coronavirus. Il s'agit notamment de la restauration, du tourisme, de la culture ou encore du sport, a annoncé dimanche 24 mai Gérald Darmanin. Parmi les secteurs qui ne savent toujours pas quand leur activité pourra reprendre, il y a celui de la nuit. "C'est un soulagement mais nous allons demander un peu plus", a réagi lundi 25 mai sur franceinfo David Zenouda, gérant de six établissements (bars de nuit et restaurants) à Paris. "On demande la baisse de la TVA, des aides supplémentaires".

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franceinfo : Cette annonce est-elle une bonne nouvelle ?

David Zenouda : C'est un soulagement mais nous allons demander un peu plus. La TVA ,pour les restaurateurs, il faut qu'elle puisse baisser, il faut qu'on puisse nous soutenir. Ce n'est parce qu'on va rouvrir les bars et les discothèques que demain toute l'activité va reprendre. Le tourisme a disparu en France, les "after work" ont disparu. Quand vous allez organiser un anniversaire dans un établissement, est-ce que vous aurez envie de réunir 30 ou 40 personnes en sachant que la majorité a peur de sortir ? Donc, il faut un soutien de la part de l'État beaucoup plus fort que l'élimination des charges. On demande la baisse de la TVA, des aides supplémentaires.

Êtes-vous confiant pour la réouverture ?

On est très inquiets sur la réouverture parce qu'on a très peur que nos clients ne reviennent pas aussi rapidement qu'avant le confinement. Nous sommes dans une période de doute pour nos clients et nous devons répondre à toutes ces inquiétudes par des mesures d'hygiène et de distanciation sociale pour être prêt dès la réouverture. Cela va être très compliqué. On nous a parlé de 4 mètres carrés et on n'est pas très satisfaits de cette proposition.

Danser dans une boîte de nuit avec 4 mètres carrés d'écart c'est techniquement impossible. 

David Zenouda, gérant d'établissements de nuit parisiens

à franceinfo

Notre métier c'est la convivialité, le rapprochement des personnes. Comment voulez-vous faire notre métier si les gens sont distants les uns des autres ? C'est impossible. On milite pour la réouverture le plus rapidement possible avec des mesures d'hygiène pour protéger notre personnel et nos clients et avec un peu de bon sens. On ne peut pas se permettre de rouvrir avec ces mesures.

À quel point êtes-vous touchés ?

Sur l'ensemble de mes établissements, j'ai plus de 40 salariés et je pensais en embaucher une vingtaine mais tout cela est mis en suspens en fonction de la date de réouverture. Cela va aussi dépendre des clients parce qu'on les a perdus et bien perdus. La base de notre métier est faite d'after work, mais les entreprises ne vont plus envoyer leurs clients dans les établissements pour créer de la sociabilité dans leur entreprise. On s'aperçoit que, depuis la levée du confinement, des fêtes sauvages ont lieu dans tout Paris. Je suis ravi que les Français se retrouvent mais notre métier c'est d'aider ces gens-là à faire la fête de la meilleure manière possible et en toute sécurité, ce qui n'est pas le cas sur les quais de la Seine ou de la Loire.

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