"Des détenus préfèrent avoir un contact téléphonique que physique" : la peur de voir le coronavirus arriver dans certaines prisons avec la fin du confinement
Le déconfinement se met en place dans les 188 prisons de France. Reportage dans le centre pénitentiaire du Pontet dans le Vaucluse qui a ouvert ses portes exceptionnellement à franceinfo.
C’est masqué que Christophe Vasques prend son service tous les jours. Il est chef de bâtiment et fait partie des 70 surveillants du centre pénitentiaire d'Avignon-Le Pontet dans le Vaucluse qui compte à ce jour 643 détenus. Il doit faire avec de nouvelles habitudes et cela commence par se laver les mains. "C’est 10 à 15 fois dans une matinée et autant dans l’après-midi, indique Christophe Vasques. Il y a du gel hydroalcoolique dans tous les secteurs. On se lave les mains à l’entrée et à la sortie."
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"Toujours dans l’objectif de ne pas contaminer les collègues et la population pénitentiaire", poursuit le surveillant. Cet établissement du sud de la France n'a compté que deux cas de Covid-19 parmi les surveillants et un seul chez les détenus. Dans le centre pénitentiaire, le déconfinement se met en place comme dans les 188 prisons de France. Il faut aménager les parloirs et petit à petit les visiteurs reviennent.
Des vitres de protection dans les parloirs
Direction les parloirs avec Christophe Vasques. Il y en a 24, douze seulement accueillent les familles pendant que les douze autres sont désinfectés. En une journée, il y a près d’une centaine de visiteurs et il faut éviter les contacts. "Nous avons retiré deux chaises et nous laissons juste la table sur laquelle nous avons positionné un Plexiglas de manière à ce que le visiteur et le détenu ne puissent pas recevoir des projections, explique Dieudonné MBeleg, le directeur du centre pénitentiaire. En créant cette structure fixe, il y a désormais une séparation."
Plus de 200 détenus ont pu quitter le centre par le biais des remises de peines exceptionnelles accordées depuis le début de l’épidémie de coronavirus. Le taux de remplissage par rapport a la capacité est passé à 113% contre 144 % avant confinement. Younes est lui toujours détenu dans la maison d'arrêt. il pense que pour certains le déconfinement ne sera pas facile à vivre : "Quelque part, on s’est fait notre petit monde. On est à l’abri de cette maladie et certains préfèrent avoir un contact téléphonique que physique."
La peur du virus à l'intérieur de la prison
"Je ne vous le cacherai pas, j’ai un peu peur qu’avec certains détenus qui ont pu avoir un contact physique avec leur proche cela entraîne l’apparition de cas, confie Younes, c’est toujours dans un petit coin de la tête." Icham, lui aussi incarcéré au centre pénitentiaire du Pontet, verra sa femme au parloir le 19 mai prochain : "On a confiance parce que l’on a vu pendant la crise que l’on n’a pas été infecté, explique Icham. Mais ce qui peut nous faire peur, c’est le déconfinement et une deuxième vague."
Les contacts avec la famille sont importants pour les détenus. On ne peut pas se priver de notre famille non plus.
Icham, détenuà franceinfo
Des familles qui devront signer avant le parloir, une charte de bonne conduite. On leur donnera un masque et elles devront s’engager à ne pas avoir de contacts physiques avec le détenu.
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