Covid-19 : six personnes à table, respect des gestes barrières... Cinq conseils pratiques pour passer Noël en famille
Après une longue période de confinement, les Français pourront se rassembler en famille les 24 et 31 décembre pour célébrer les fêtes de fin d'année. Mais l'épidémie va chambouler ces retrouvailles et les habitudes.
Les célébrations de Noël 2020 auront une saveur inédite. Le couvre-feu sera allégé les 24 et 31 décembre pour permettre aux familles de se réunir, a annoncé Emmanuel Macron mardi 24 novembre. Mais les "réunions privées devront être limitées au maximum" en raison de l'épidémie de Covid-19, a-t-il précisé. Lors de la conférence de presse sur la stratégie vaccinale, jeudi 3 décembre, Jean Castex a recommandé "une jauge de six adultes, sans compter les enfants", pour les repas de fêtes.
A moins d'un mois des fêtes de fin d'année, les Français oscillent entre soulagement et appréhension à l'idée de se retrouver pour réveillonner. Nombreux sont ceux qui ont déjà prévu de changer leurs plans pour se réunir en plus petit comité cette année, pointe un sondage Ifop pour la plateforme médicale Odero, réalisé auprès de 1 549 personnes et publié mardi par Le Parisien. Peut-on organiser un Noël "Covid-compatible" ? Comment ? Franceinfo a posé la question à plusieurs spécialistes en infectiologie et santé publique.
1Initier une discussion sur le sujet
Tous s'accordent à dire qu'aucune solution magique ne permettra de s'assurer un Noël "zéro risque". L'option la plus sûre serait de repousser les célébrations ou alors de se retrouver virtuellement. Mais l'envie de se réunir physiquement est compréhensible. Pour ceux qui prévoient de passer les fêtes de fin d'année en famille ou entre amis, avec des membres extérieurs à leur foyer, l'objectif sera donc de limiter au maximum les risques de contamination au Covid-19, sans dépasser la jauge de six personnes, indiquée par le gouvernement.
Pour ce faire, il faut en discuter en amont, préconise Didier Lepelletier, professeur hygiéniste au CHU de Nantes et co-président du groupe de travail sur le Covid-19 du Haut Conseil de la santé publique. "Il faut que chaque famille ait une perception du risque et se retrouve pour en discuter. On peut imaginer se retrouver dans un conseil familial pour déterminer comment on peut se retrouver, décider de qui va cuisiner...", explique-t-il. La recommandation s'applique aux personnes qui ont l'intention de se retrouver et qui ne se sont pas confinées ensemble.
"C'est important de comprendre les positions de chacun et de se rendre compte que les personnes en face de soi peuvent être angoissées."
Emmanuel Rusch, président de la Société française de santé publiqueà franceinfo
Cette discussion permettrait d'évaluer les risques encourus, mais aussi de répondre aux angoisses de chacun, estime Emmanuel Rusch, président de la Société française de santé publique : "C'est important d'en parler avec les personnes avec qui on va être et de ne pas être dans les non-dits."
2Prendre des précautions en amont
Les familles ou groupes d'amis qui souhaitent se retrouver pourraient ainsi décider de prendre des précautions en amont : "La semaine avant, je ne vais pas faire des fêtes par exemple", recommande Didier Lepelletier. "Je vais essayer de m'isoler, d'avoir peu de contacts, et si j'ai eu des contacts à risque, alors je ne vais pas au repas de Noël. Pareil si j'ai des symptômes". Objectif : éviter les contacts sans respect des gestes barrières avec des personnes extérieures dans la semaine qui précède les retrouvailles familiales ou amicales.
Quid de se faire tester en amont ? Les tests antigéniques, disponibles en pharmacie sans ordonnance et remboursés par l'Assurance-maladie, peuvent apparaître comme la solution idéale pour se faire tester en moins de 30 minutes et rejoindre ses grands-parents sans crainte. Il s'agit pourtant d'une mauvaise idée, estime Alexandre Bleibtreu, médecin infectiologue à la Pitié-Salpêtrière à Paris : "Un résultat négatif ne garantit pas que la personne n'est pas asymptomatique ou en phase d'incubation", prévient-il. "Le risque, c'est que le test donne une fausse impression de sécurité".
L'infectiologue recommande de se saisir d'un autre outil : "l'application Tous AntiCovid, qui permet de savoir si on a été en contact avec des personnes contagieuses", tout en la considérant avec précaution puisque son efficacité dépend du nombre d'utilisateurs de l'application. "La vraie question ce n'est pas comment on se complique la vie en construisant des stratégies qu'on pense sécures (...), mais comment on réduit le risque de transmission", poursuit-il.
3Réfléchir à un plan de table adapté
Sachant qu'une jauge de six adultes maximum est recommandée, sans compter les enfants, il est aussi possible d'espacer au maximum les convives, et conseillé de réfléchir à un plan de table qui permette de distancier davantage les personnes présentant le plus de risques. Concernant les personnes dites à risque du fait de leur âge ou de comorbidité(s), elles pourront par exemple être davantage espacées.
Rémi Salomon, président de la commission médicale d'établissement de l'AP-HP, avait déclaré fin novembre qu'il faudrait "couper la bûche de Noël en deux, et papi et mamie mangent dans la cuisine et nous dans la salle à manger". Une déclaration "maladroite", sur laquelle il est revenu par la suite. Les experts interrogés par franceinfo préfèrent conseiller un respect scrupuleux des gestes barrières s'il n'est pas envisageable pour les personnes concernées de ne pas retrouver leurs proches physiquement ou de ne pas partager un repas.
4Respecter au maximum les gestes barrières pendant le repas et aérer
Le plus important sera de respecter au maximum les règles sanitaires déjà connues, assurent les spécialistes : se laver les mains régulièrement, garder le maximum de distance, porter le masque et nettoyer les surfaces touchées par tout le monde (meubles, poignées de portes, etc).
Concernant le repas de Noël, "il n'y a aucune donnée scientifique qui montre qu'on peut se contaminer par la nourriture", rassure Alexandre Bleibtreu. La contamination se fait par transmission aérienne ou manuportée, rappelle l'infectiologue. Il faudra donc faire attention à se laver les mains pendant les échanges de cadeaux, par exemple.
"On ne va pas passer les cadeaux au micro-ondes ou à la vapeur d'eau pour les désinfecter. On ouvre un paquet et on se lave les mains, c'est aussi simple que ça".
Alexandre Bleibtreu, médecin infectiologueà franceinfo
Autre réflexe à avoir : aérer la pièce dans laquelle on se retrouve. Didier Pelletier recommande en la matière d'aérer "10 minutes toutes les heures" les espaces intérieurs. La mesure est indicative : la durée d'aération idéale "dépend du volume de la pièce, et du renouvellement de l'air", explique-t-il. Des capteurs de CO2 existent et permettent d'évaluer la qualité de l'air intérieur, mais "on ne va pas dire aux individus d'en acheter" pour Noël, souligne le spécialiste.
D'autres solutions plus simples peuvent être envisagées, poursuit le professeur d'hygiène : "Cette année, à l'apéritif, on met des piques sur les toasts pour éviter de les attraper à la main, on ne se fait pas passer le plat, mais on décide qu'une personne va servir tout le monde", ou encore "on porte le masque jusqu'à ce qu'on mange et on évite de partager des objets". "On peut aussi penser à remettre le masque pour continuer à discuter" entre deux plats ou à la fin du repas, ajoute Emmanuel Rusch.
5Repenser les manières de se retrouver
"Il n'y a rien de très nouveau à appliquer, c'est du bon sens", pose Alexandre Bleibtreu. "On ne se fera pas de bisous à chaque cadeau, on sera moins nombreux et on gardera ses distances", résume-t-il. Pas besoin selon lui de basculer dans l'hypervigilance, mieux vaut respecter convenablement les règles édictées depuis des mois.
Pour Didier Lepelletier, la solution la plus simple revient peut-être à repenser les manières de se retrouver au lieu de chercher à reproduire un Noël classique. C'est la piste envisagée par les Britanniques et par les Américains, qui préconisent de célébrer les fêtes en extérieur. "On peut par exemple envisager de réduire le temps passé ensemble ou encore de faire un apéritif debout et puis d'ensuite partir se balader dehors, propose le médecin. Ce serait quand même idiot de tenter le diable et d'avoir ensuite un parent ou un grand-parent malade."
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