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Covid-19 : on vous explique tout sur les tests antigéniques de dépistage déployés en pharmacie

Ces tests antigéniques indiquent en une demi-heure maximum si le patient est positif ou négatif au Covid-19. Un avantage incomparable par rapport aux tests PCR, dont il faut attendre les résultats un ou plusieurs jours.

Article rédigé par Anne Brigaudeau
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Une pharmacie pratique des tests antigéniques dans une tente posée à l'exterieur, à Paris, le 5 novembre 2020. (NICOLAS PORTNOI / HANS LUCAS / AFP)

Devant les croix vertes des pharmacies, des tentes blanches sont désormais déployées ça et là. Les officines indiquent ainsi à leurs clients qu'elles pratiquent les tests antigéniques de diagnostic du Covid-19, dont le résultat peut être délivré en quinze minutes (30 minutes maximum). Mais comment ce nouveau mode de dépistage s'harmonise-t-il avec les autres ? Qui peut faire le test ? Dans quel cas vaut-il mieux faire un test PCR ? Franceinfo récapitule ce qu'il faut savoir sur cette technique.

Un test réservé aux patients sans facteur de risque et aux dépistages collectifs

Gratuits et sans ordonnance, les tests antigéniques peuvent être utilisés dans deux cas de figure, selon le site de la Sécurité sociale, Ameli. D'abord pour diagnostiquer des patients symptomatiques "dans les quatre premiers jours après l'apparition des symptômes" (fièvre, toux sèche, perte de l'odorat ou du goût, etc.), à condition que ces patients n'aient pas de risque de développer une forme grave de la maladie. En clair, ils doivent être âgés de moins de 65 ans et ne pas présenter de comorbidité (maladie chronique, surpoids, etc.).

Second cas répertorié : ces tests peuvent servir au "dépistage collectif ciblé" de personnes sans symptômes, dans le cadre de groupes bien définis. Les pharmaciens peuvent ainsi les pratiquer "par exemple pour les Ehpad, les entreprises…" relève le président de l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO), Gilles Bonnefond, contacté par franceinfo.

Vous vous prenez déjà à rêver d'un curage de nez en famille pour Noël, avant de commander la bûche ? Cela n'entre pas pour l'instant dans le cadre du dépistage collectif ciblé, mais les règles pourraient changer, affirme le représentant des pharmaciens.

Il devrait y avoir des évolutions d'ici quinze jours, et des adaptations dans le cadre de la stratégie de déconfinement.

Gilles Bonnefond, président de l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine

à franceinfo

Evolution qui lui paraît d'autant plus logique, fait-il valoir, que "beaucoup d'asymptomatiques font des tests en laboratoire qui coûtent deux fois plus cher". Les pharmaciens facturent 34,49 euros le test de dépistage antigénique à l'Assurance-maladie. Le test RT-PCR, lui, était facturé 54 euros au patient avant que l'exécutif ne décide de sa gratuité.

Un prélèvement par écouvillon et de préférence sur rendez-vous

"Mieux vaut prendre rendez-vous, prévient Gilles Bonnefond, car c'est un prélèvement qui nécessite beaucoup de protection. On ne peut pas le pratiquer au fil de l'eau !" Mais ne vous faites pas d'illusions, le test antigénique n'est pas plus agréable qu'un test RT-PCR : il s'effectue aussi par écouvillon, une sorte de coton-tige enfoncé dans la narine pour aller chercher le virus au fond du nez. La différence entre les deux tests tient à ce qui est recherché : le test RT-PCR traque les traces d'ARN du virus (son génome) tandis que le test antigénique "cherche les protéines qui sont à la surface du virus. Celles-ci ne sont détectables que si le virus est vivant", précisait en septembre l'immunologiste Frédéric Altare, de l'Inserm, à franceinfo.

Il reste à souhaiter que l'officiant soit habile, mais Gilles Bonnefond se veut rassurant, même si, reconnaît-il, le geste "chatouille un peu".

Il y a beaucoup d'organismes de formation, par e-learning et en présentiel. On a aussi des nez artificiels pour s'entraîner.

Gilles Bonnefond, président de l'USPO

à franceinfo

Selon lui, "entre 5 et 10% des pharmaciens ont démarré le dépistage antigénique lors de la première semaine, et ce sera 40% dans les prochains jours". "Les médecins, infirmiers diplômés d'Etat et les pharmaciens pourront réaliser les tests antigéniques dans leur cabinet, au domicile du patient, au sein des officines ou dans des barnums", précise le site de la Sécurité sociale.

Un "complément" aux tests PCR, qui restent la référence

Selon l'Agence régionale de santé d'Ile-de-France, les tests RT-PCR restent indiqués pour les personnes âgées de plus de 65 ans et les personnes à risque, avec ou sans symptômes, pour les patients qui ont des symptômes depuis plus de quatre jours, et enfin pour les cas contacts et les personnes testées "dans le cadre d'un cluster identifié". Car les "tests RT-PCR restent la technique de référence pour la détection de l'infection à la Covid-19", précise le site Ameli. Les nouveaux tests antigéniques "viennent en complément".

En cas de résultat positif, le même protocole qu'après un dépistage par PCR

Si un client est positif au test antigénique, le pharmacien doit transmettre ses nom, prénom et coordonnées à l'Assurance-maladie, par messagerie sécurisée de santé ou par téléphone. "Un test antigénique positif ne nécessite pas de confirmation par un test RT-PCR", indique l'Agence régionale de santé d'Ile-de-France. Ensuite, "l'Assurance-maladie se charge, dès qu'elle est prévenue, de joindre le patient et de faire le tracing des cas contacts", expose à franceinfo la Caisse primaire d'Assurance-maladie. Le patient suit alors le protocole habituel, et s'isole pendant sept jours après l'apparition des premiers symptômes. S'il est testé négatif, mais que des symptômes apparaissent, ou persistent, il doit se faire tester à nouveau. Un test RT-PCR peut alors être prescrit.

Des résultats qui devraient être comptabilisés à partir du 15 novembre

La courroie de transmission entre pharmaciens et autorités sanitaires ne semble pas encore optimale. "On enregistre les résultats sur une messagerie sécurisée de la Caisse primaire d'Assurance-maladie. C'est elle qui est chargée ensuite de les transférer au système SI-DEP [pour "système d'informations de dépistage", une base de données sécurisée]", explique Gilles Bonnefond.

En principe, les pharmaciens renseigneront eux-mêmes cette base de données à partir de la mi-novembre. Selon Santé publique France, les nouveaux tests rapides antigéniques devraient ainsi être comptabilisés dans la base de données SI-DEP à partir du 15 novembre.

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