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Dose de rappel, télétravail, confinement... Quelles mesures peut prendre le gouvernement face à la cinquième vague de Covid-19 ?

Article rédigé par franceinfo
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 9min
Une soignante se fait vacciner à la fois contre la grippe et contre le Covid-19, à l'hôpital Saint-Camille de Bry-sur-Marne (Val-de-Marne), le 18 novembre 2011. (ALINE MORCILLO / HANS LUCAS)

Face à une nouvelle flambée du nombre de contaminations en France, l'exécutif a annoncé qu'un Conseil de défense sanitaire se tiendrait mercredi.

"Cette cinquième vague démarre de façon fulgurante." L'avertissement était signé, dimanche, du porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, sur Europe 1En moyenne calculée sur sept jours, le nombre de cas quotidiens de Covid-19 en France a en effet presque doublé en une semaine. Il était de 18 189 dimanche 21 novembre, contre 10 023 le dimanche précédent, soit une progression de 81,4%. Et cette hausse est exponentielle, signe que l'épidémie progresse vite. Au point que le chef de l'Etat, Emmanuel Macron, a annoncé lundi qu'un Conseil de défense sanitaire se tiendrait mercredi 24 novembre pour tenter d'endiguer cette nouvelle vague. Quelles sont les mesures qui peuvent être envisagées ?

Accélérer la vaccination

C'est un des principaux leviers du gouvernement pour lutter contre le Covid-19.  Certes, plus de 75% de la population est complètement vaccinée, selon les chiffres de l'agence Santé publique France. Néanmoins, "on a encore 10% de personnes qui n'ont pas reçu d'injection, qui ne sont pas vaccinées du tout, déplorait l'épidémiologiste à l'Institut Pasteur et membre du Conseil scientifique Arnaud Fontanet, lundi, sur franceinfo. Ces personnes sont très à risque de s'infecter et de faire des formes graves. Je pense surtout aux plus de 80 ans dont 13% ne sont pas vaccinés. Leur risque de mourir est supérieur à 10% s'ils sont infectés", a-t-il expliquéLa vaccination permet en effet de restreindre le nombre de contaminations, et se montre particulièrement efficace contre les formes graves de la maladie, donc contre l'hospitalisation, ce qui permet d'éviter de saturer les hôpitaux.

Dans un avis publié le 20 novembre, le Conseil scientifique, chargé d'éclairer l'exécutif, demande donc de "maintenir, voire renforcer les efforts de primo-vaccination, puisque les personnes non vaccinées ont un risque de l’ordre de 10 fois supérieur d’hospitalisation et de séjour en soins critiques". 

De son côté, l'exécutif met désormais la pression sur la dose de rappel, qui sera nécessaire aux plus de 65 ans et aux personnes vaccinées avec Janssen pour conserver leur pass sanitaire au-delà du 15 décembre. La mesure pourrait être étendue au fur et à mesure aux autres populations invitées à effectuer cette dose de rappel. Celle-ci renforce l'efficacité vaccinale, rappelle Arnaud Fontanet.  

"Le rappel booste vraiment votre immunité. Cela divise par 10 votre risque d'infection, par 20 votre risque d'hospitalisation par rapport à des gens qui ont eu une deuxième dose mais pas de rappel. Donc ce rappel est très important, notamment pour les personnes qui sont à risque de formes graves."

Arnaud Fontanet, épidémiologiste

à franceinfo

Un tiers des plus de 65 ans (l'âge est un des principaux facteurs de risque) a déjà reçu cette dose. Le mouvement s'était accéléré après l'allocution d'Emmanuel Macron le 9 novembre.

Rétablir plus largement le port du masque

Autre mesure prônée par le Conseil scientifique pour limiter la transmission du virus : "Maintenir et renforcer les gestes barrières, individuels et collectifs (...), notamment le port du masque" et "réintroduire le port du masque dans certains lieux". A l'automne, l'obligation du port du masque s'était relâchée, en partie sous l'impulsion de l'exécutif. Le gouvernement avait ainsi annoncé que le masque ne serait plus obligatoire pour les élèves du primaire dans les départements les moins touchés par l'épidémie. Mais face au rebond en cours, il a dû faire marche arrière. Le port du masque a été rétabli à partir du 15 novembre dans toutes les écoles de France.

De façon plus localisée, dans 26 départements, des arrêtés préfectoraux le rendent à nouveau obligatoire à l'extérieur, dans certains lieux ou lors de certains rassemblements, signale ainsi le quotidien Sud-Ouest. Le port du masque est ainsi obligatoire à l'abord des écoles, dans les marchés ou dans les marchés de Noël du Finistère, selon France Bleu. Et cet hiver, il sera également imposé dans les stations de ski, sur les remontées mécaniques et dans les files d'attente, selon un protocole établi par Domaines skiables de France

En revanche, le gouvernement n'est pas revenu sur la disposition prévoyant que, dans les lieux dont l'accès est conditionné au pass sanitaire, "le port du masque n’est plus obligatoire pour les personnes bénéficiant du pass sanitaire". Il est toutefois précisé que "l’organisateur, l’exploitant ainsi que le préfet ont la possibilité de le rendre obligatoire".

Revenir à davantage de télétravail

Le Conseil scientifique estime également qu'il faudrait à nouveau élargir le télétravail. La piste n'est pas évoquée par le gouvernement pour le moment. Lors d'une visite au siège de L'Oréal à Clichy (Hauts-de-Seine), la ministre du Travail, Élisabeth Borne, a plutôt appelé, lundi 22 novembre, les entreprises à se "remobiliser" sur le respect des gestes barrièresInterrogée sur un possible durcissement des règles en matière de télétravail si la situation se dégrade, elle s'est contentée de déclarer qu'il n'était pas possible "d'exclure par principe des réponses".

Depuis septembre, le protocole sanitaire en entreprise en vigueur laisse les employeurs fixer, "dans le cadre du dialogue social de proximité, les modalités de recours" au télétravail. C'est un net recul, en termes de lutte contre l'épidémie, par rapport à ce que prônait le même protocole en octobre 2020 : le télétravail devait alors, autant que possible, être la règle pour tous ceux qui pouvaient "effectuer l'ensemble de leurs tâches à distance"Les entreprises qui imposent au moins un jour de télétravail par semaine ne représentaient plus que 10% des salariés en septembre, contre 19% à la fin août, selon les données du ministère du Travail citées par l'AFP. 

"On a parlé de pass sanitaire, de l'importance de l'aération, de distanciation sociale, du port de masques, mais il faut aussi probablement encourager à nouveau le télétravail", a estimé Mahmoud Zureik, professeur en épidémiologie et en santé publique à l'université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines et directeur d’Epi-Phare, vendredi 19 novembre, sur franceinfo.

Restreindre les contacts sociaux 

En cas d'accélération de l'épidémie, l'éventail des restrictions fortes, comme le confinement ou le couvre-feu, sera évidemment sur la table, malgré les déclarations rassurantes du gouvernement. "Il n'y a absolument aucun confinement qui est prévu aujourd'hui, ni de près, ni de loin", affirmait encore Gabriel Attal, le porte-parole du gouvernement, le 16 novembre sur France Inter. Avant d'ajouter ce bémol : "Rien n'est exclu par principe." Interrogé sur franceinfo, Arnaud Fontanet a tenu à peu près le même langage. "L'évolution de cette épidémie est très volatile et il est trop tôt pour pouvoir dire jusqu'où les mesures devront aller pour bloquer cette vague."

"Si l'évolution se faisait sans pouvoir être contrôlée, qu'on voyait les chiffres absolument s'envoler, y compris les chiffres d'hospitalisations, il y a un moment ou un autre où vous vous dites qu'il faut reconfiner."

Arnaud Fontanet, épidémiologiste

à franceinfo

Il a ensuite prôné un confinement choisi : "Individuellement, on peut choisir de s'exposer moins. Ce n'est pas le moment de faire des rassemblements de familles, de se mettre dans ces situations où on est à risque." Un conseil qui tombe un mois avant Noël, moment de prédilection des réunions familiales

Réviser la politique de tests

La fin des tests gratuits pour les non-vaccinés donne-t-elle un baromètre moins sûr de l'épidémie ? Dans son dernier avis, le Conseil scientifique ne critique pas la mesure. Mais il estime qu'il faut "renforcer l’utilisation des tests de diagnostic le plus rapidement possible dès l’apparition de symptômes, et cela même chez les sujets vaccinés. Il convient d’établir une communication nationale appelant à la vigilance et incitant à l’utilisation des tests au moindre symptôme, en particulier chez les sujets vaccinés qui constituent maintenant la population majoritaire." Rappelons que les tests de dépistage du Covid-19 restent gratuits pour les vaccinés, pour les non-vaccinés sur prescription médicale et pour les cas contacts.

Enfin, le Conseil scientifique prône le "renforcement du dépistage réactif à l’école". Comme la vaccination n'est pour l'instant ouverte qu'aux plus de 12 ans, le virus risque en effet de circuler largement dans les classes. Seuls les tests permettent de mesurer ce niveau de circulation dans les établissements scolaires.

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