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Coupe du monde 2022 : interdiction des stars dans les pubs, "charte de bonne conduite"... Comment mieux encadrer la publicité pour les paris sportifs ?

L’enjeu est de taille à quelques semaines du début du Mondial de football au Qatar, qui devrait atteindre des records en termes de mises. Une charte de bonne conduite est en cours de négociation pour éviter les dérives.

Article rédigé par Jérôme Val
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Des applications de paris sportifs sur smartphone. Illustration (DYLAN MEIFFRET / MAXPPP)

Les publicités pour les paris sportifs sont partout, parfois jusqu’à la saturation : à la télévision, dans les couloirs de métro et désormais de plus en plus sur internet et sur les réseaux sociaux. En France, presque la moitié des investissements des opérateurs (48%) se font désormais dans le numérique.

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Pour tenter d’endiguer les excès, le Royaume-Uni a pris une initiative radicale : à partir du 1er octobre, aucun sportif ne peut apparaître sur une publicité vantant une entreprise de paris. Une avancée majeure pour certaines associations. "L’exposition à la publicité et les mécanismes qui incitent à consommer sont très liés aux images qu’on voit et en particulier s’il y a des personnages humains, analyse Bernard Basset, le président de l'association Addictions France. La force de la publicité est d’autant plus importante que les personnes représentées sont très connues." 

"C’est clair que si vous représentez un footballeur comme Kylian Mbappé, tous les jeunes vont s’identifier et auront tendance à jouer."

Bernard Basset

à franceinfo

En France, cette question n’est pas encore d’actualité. L’Autorité nationale des jeux (ANJ) a dévoilé en février dernier des recommandations. Elle négocie aussi une charte de bonne conduite avec les 17 opérateurs agréés. Elle devrait être signée d’ici fin octobre pour éviter de répéter les dérives du dernier Euro de football avec une publicité envahissante et parfois en dehors des clous. L’ambition est clairement affichée : faire baisser la pression publicitaire. "Ce que l’on recommande par exemple, c’est qu’un internaute ne soit pas exposé plus de trois fois par un opérateur à une publicité sur les jeux d’argent, détaille Christel Fiorina, directrice des marchés, de la conformité et de la protection des joueurs à l'ANJ. Il faut aussi travailler sur des pratiques plus responsables des influenceurs et des ambassadeurs de ces sites, ne pas laisser croire par exemple qu’on va forcément gagner de l’argent. Les opérateurs ont tout intérêt à aboutir à ces accords de bonne conduite plutôt que de se voir exposer à une décision défavorable de l’ANJ."

Le secteur des jeux est en pleine expansion

Son chiffre d'affaires a progressé de 22% en 2020, les joueurs sont de plus en plus nombreux, y compris des mineurs alors que c’est interdit par la loi. Une récente enquête, en partenariat avec l’ANJ, révèle que plus d’un tiers des 15-17 ans interrogés jouent, avec un risque accru de tomber dans une dépendance. Il est six fois plus grand pour les mineurs. "Les paris sportifs en ligne sont très faciles à faire matériellement et peuvent générer ce que l’on appelle une addiction comportementale, alerte Bernard Basset de l’association Addictions France. Il est légitime de faire le parallèle entre les addictions avec des produits (alcool ou tabac) et les addictions aux jeux."

L'association réclame l'équivalent, pour les paris sportifs, de la loi Evin, mais une interdiction totale ou ciblée de la publicité comme en Italie ou en Belgique est contre-productive, selon l'ANJ. "Interdire la publicité officielle n’empêchera pas que vous ayez des opérateurs non agréés qui se mettent à faire de la publicité non-officielle et qui fassent découvrir leur offre au détriment de l’offre légale", argumente Christel Fiorina. 

"La position de l’ANJ est d’avoir une politique pragmatique, on met en place des recommandations et on fera des contrôles si nécessaire."

Christel Fiorina

à franceinfo

Selon les prévisions de l'ANJ, la prochaine Coupe du Monde au Qatar sera l'événement sportif où les mises sur internet seront les plus importantes : au minimum 530 millions d'euros. C’est 70% de plus par rapport au précédent Mondial en Russie.

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