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Lait infantile contaminé : trois questions pour les parents inquiets des retraits annoncés par Lactalis

La société Lactalis a annoncé, jeudi 21 décembre, le retrait et le rappel de l'ensemble des produits "infantiles et nutritionnels" fabriqués dans son usine de Craon (Mayenne) depuis février. Au total, 1 345 lots ont été retirés des rayons. 

Article rédigé par Valentine Pasquesoone
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Les autorités préconisent de remplacer les laits infantiles Lactalis par des laits équivalents fabriqués par d'autres sociétés, comme Nestlé ou Gilbert. (VOISIN / PHANIE / AFP)

C'est une "mesure de précaution maximale", prise après les cas successifs de contamination de bébés par des salmonelles. Après un premier retrait le 2 décembre, puis celui de 620 lots de laits infantiles bannis des rayons le 10 décembre, Lactalis a décidé, jeudi, "d'étendre le retrait/rappel à l'ensemble des produits infantiles et nutritionnels fabriqués ou conditionnés dans notre site de Craon (Mayenne), depuis le 15 février 2017". 

"Nous avons décidé d'étendre le rappel, car nous savons, avec les premiers résultats obtenus, que nous avons une contamination de salmonelle dispersée dans l'usine", a précisé à franceinfo le service communication de la société. "Nous en avons retrouvé dans l'environnement du site global, et pas seulement au niveau de la tour de séchage" du site, a poursuivi Lactalis. Avec 1 345 références retirées des rayons, et trois retraits consécutifs en moins d'un mois, l'inquiétude monte chez certains parents. Franceinfo répond à trois questions que vous vous posez peut-être après la décision de la société Lactalis. 

Quand l'usine de Lactalis à Craon reprendra-t-elle la production ? 

La production du site de Lactalis à Craon (Mayenne) est à l'arrêt depuis le 8 décembre, affirme auprès de franceinfo le service communication de la société. "Il y a des investigations en cours avec les autorités sanitaires. Nous ne savons pas encore quand l'usine pourra reprendre son activité", reconnaît Lactalis. "Tout est mis en œuvre pour redémarrer l'usine dans les meilleures conditions et sans plus aucune suspicion de contamination", ajoute la société. 

L'usine de Craon est le seul site de Lactalis à avoir fabriqué les produits retirés des rayons depuis le 2 décembre, après plusieurs dizaines de contaminations de nourrissons par des salmonelles. Pour chaque type de produit rappelé, la Société française de pédiatrie a publié une liste d'alternatives, des laits de substitution proposés par d'autres marques de produits infantiles. 

Comment réagissent les autres producteurs de lait infantile ? 

Plusieurs sociétés fabriquant des produits cités comme alternatives aux lots retirés ont pris des mesures, afin de faire face à une éventuelle hausse de leurs ventes. "Nous sommes prêts à faire face à une augmentation de la demande", assure Nestlé France, qui fabrique les laits infantiles Guigoz. Plusieurs références de laits Guigoz sont mentionnées dans la liste de substitution aux produits retirés, en remplacement de certains laits Picot et Milumel (tous deux fabriqués par Lactalis). "Nous pourrons fournir. Nous nous sommes organisés s'il faut augmenter la production", rassure la société.  

Au sein des laboratoires Gilbert, la production des laits Physiolac, cités à plusieurs reprises comme alternative aux laits Milumel et Picot, est déjà revue à la hausse. "Nous avons prévu plus large au niveau des approvisionnements", confirme Jeanne Barraux, cheffe de produit sur la marque Physiolac. La production de ces laits infantiles devrait ainsi augmenter de 30 à 40%, précise-t-elle. Depuis les premiers retraits annoncés par Lactalis, "davantage de pharmacies font appel à nous pour vendre nos produits", rapporte la cheffe de produit. "L'objectif, pour nous, est de ne pas être en rupture."

Chez Babybio, dont les laits du même nom et les produits Primea sont également recommandés en substitution, "nous regardons ça de très près", explique à franceinfo la société. Néanmoins, la production de l'entreprise n'a pas changé depuis les premières annonces de retrait. "Il n'y a pas encore d'impact mesurable à notre niveau", précise Babybio. 

Faut-il s'inquiéter si je change le lait de mon bébé ? 

Lactalis et les autorités sanitaires se veulent rassurantes. Un numéro vert, le 0 800 120 120, a été mis en place pour répondre aux interrogations des parents concernés. Cette ligne est disponible sept jours sur sept, 24 heures sur 24. "Il y a une équivalence pour tous les produits concernés", poursuit Alain Bocquet, pédiatre et responsable nutrition pour l'association française de pédiatrie ambulatoire (AFPA). "Il n'y a ainsi pas de souci particulier pour le remplacement" des laits retirés des rayons, assure-t-il. 

Les parents ayant nourri leurs nourrissons avec des produits désormais retirés du marché ne doivent pas s'inquiéter, poursuit le pédiatre. En cas de contamination par des salmonelles, la maladie intervient "dans les trois à sept jours", assure Alain Bocquet. "Il n'y a aucun risque après", martèle-t-il. Le médecin rappelle qu'en cas de contamination, "la salmonelle n'est pas plus grave qu'une gastro-entérite classique", et que les nourrissons peuvent en guérir "en trois à sept jours, la plupart du temps sans antibiotique"

Mais d'autres parents concernés craignent aussi un changement de lait infantile, et le fait que leurs bébés supportent mal un nouveau produit. "Il y a peu de risques d'avoir des soucis, et s'il y en a, ils sont très mineurs", tempère le médecin, évoquant une légère constipation ou un changement de couleur des selles. "Rien de grave", affirme Alain Bocquet. 

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