Vladimir Poutine, maître du jeu au Kurdistan
La planète tourne et vendredi nous posons le doigt à Moscou, d'où Vladimir Poutine contrôle la situation à la frontière entre la Turquie et la Syrie.
Nous allons à Moscou, parce que c’est de là que Vladimir Poutine tire les ficelles du théâtre de guerre syrien. Un petit retour en arrière : on se disait il y a trois jours à quel point Bachar El Assad, le dictateur syrien, jouait une carte maîtresse, sous contrôle de Moscou, en redéployant ses troupes à la frontière turque. Mais qui accompagnait les troupes syriennes ? Les soldats russes. Tout s’est joué à Manjib il y a 48 heures. Cette petite ville était tenue depuis trois ans par les forces kurdes des fameux YPG, les unités de protections du peuple. L’armée turque se rue vers la ville, devenue un symbole. Dans le même temps, l’armée syrienne s’y dirige aussi, ayant passé un accord de dernière minute avec les Kurdes. Bref, l’affrontement va avoir lieu. Et puis, Vladimir Poutine, quasi silencieux depuis le début de l’invasion turque, parle. Il est à Abu Dhabi, pas loin, en voyage officiel. Il dit : "Cet affrontement serait inacceptable". Traduction immédiate : les soldats russes qui sont présents depuis 2015 en Syrie investissent la ville. Les forces turques reculent. Le bain de sang n’a pas lieu. Le maître Poutine a gagné. Il a imposé sa loi.
Un coup des Russes ?
Donald Trump et son vice-président Mike Pence peuvent bien faire les fanfarons et expliquer à quel point ils ont réussi à imposer un cessez-le-feu, c’est Vladimir Poutine qui a eu gain de cause. Et sur tous les plans. Dès que les Américains ont annoncé leur retrait de cette région, laissant les Kurdes à leur sort, Moscou a vu l’opportunité de renforcer son poulain Bachar al-Assad : en dix jours, non seulement la tentative de Kurdistan a été écrasée et balayée, mais la Russie a imposé son agenda. Le régime syrien redevient maître de la région, avec l’appui essentiel des soldats russes, et de la stratégie redoutable de Poutine. Il peut laisser Trump à ses tweets, Poutine n’a pas besoin de faire de bruit. Ce Kurdistan gênait ses deux alliés, l’Iran et la Syrie. Il n’existe plus. Bachar El Assad croit avoir remporté une victoire : c’est en fait celle de Poutine. Plus que jamais, il domine et contrôle le président syrien qui ne peut plus rien faire sans lui. Les Américains quittent la région, les Russes s’y installent durablement. Même le président turc a compris la leçon magistrale. Il ira à Moscou rencontrer le maître du jeu dans moins d’une semaine. Ça s’appelle "échec et mat".
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