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Migrants à la frontière avec la Pologne : à quoi joue la Biélorussie ?

Plusieurs milliers de personnes se massent à l'une des frontières extérieures de l'Europe, entre la Pologne et la Biélorussie. Des migrants que Minsk pousse à passer en force vers l'Union européenne.

Article rédigé par Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des migrants à la frontière avec la Pologne dans la région de Grodno (Biélorussie), le 8 novembre 2021. De l'autre côté du mur de barbelés, la police polonaise. (LEONID SCHEGLOV / MAXPPP)

Ils sont déjà 3 à 4 000 à camper dans le froid, près des clôtures de barbelés et des milliers d'autres encouragés par les autorités biélorusses convergent vers la  frontière entre la Pologne et la Biélorussie

Régulièrement, des hommes s'attaquent au grillage à l'aide de pelles ou de pinces coupantes. Lundi 8 novembre, Varsovie assure avoir empêché une première tentative de franchissement massif. La Pologne accuse même les hommes d'Alexandre Loukachenko de tirer dans la foule pour créer panique et chaos. Minsk dénonce des accusations sans fondements.

Côté polonais, des milliers de soldats et de policiers anti-émeutes ont été positionnés dans la zone, sous état d'urgence depuis deux mois. Les demandeurs d'asile qui arrivent à passer sont souvent battus, maltraités et aussitôt renvoyés côté biélorusse. Au moins dix personnes sont mortes sur la frontière depuis cet été.

Si la Biélorussie encourage l'entrée illégale des étrangers chez son voisin polonais, c'est pour faire payer à l’Union européenne toutes les sanctions qui ont été prises contre son régime dictatorial, sa répression brutale de l'opposition, ses violations répétées des droits de l'homme.

Rapport tendu entre Minsk et Bruxelles

Depuis la présidentielle frauduleuse de l'été 2020, confisquée par Alexandre Loukachenko, les relations entre Minsk et Bruxelles n'ont fait que se détériorer. Et le dirigeant (soutenu par Moscou) n'a pas eu à chercher bien loin pour trouver un moyen de pression : jouer sur la crise migratoire, réveiller le spectre de l'année 2015 qui a tant divisé les Européens. Les autorités biélorusses sont même soupçonnées de faire venir des demandeurs d'asile directement en avion, depuis l'Irak notamment, avant de les conduire à la frontière polonaise.

Dès lundi soir soir, la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen a appelé les 27 à valider de nouvelles sanctions contre Minsk dénonçant une "inacceptable instrumentalisation" politique des migrants. Les États-Unis et l'Otan s'en mêlent, demandent à Alexandre Loukachenko de respecter le droit international.

La Pologne elle-même accuse son voisin de "menacer la stabilité et la sécurité de l'Union" tout entière. Pour autant les relations entre Bruxelles et Varsovie sont difficiles on le sait, notamment sur la question de respect de l'état de droit. Jusqu'ici le gouvernement nationaliste a d'ailleurs refusé l'aide de Frontex, l'agence commune de garde-frontières... sans doute pour mieux pouvoir accuser l'Europe d'inaction. Cette crise est un nouveau test de solidarité pour l'Europe.

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