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La Turquie d'Erdogan tente, tant bien que mal, de se sortir du piège de l'inflation

L'inflation a atteint 48 % en juillet dernier en Turquie, et elle doit encore grimper d'ici la fin de l'année. Cette situation dure depuis de très longs mois. Face à cela, la Turquie a décidé ce jeudi d'une nouvelle hausse des taux d'intérêts.
Article rédigé par franceinfo, Marie-Pierre Vérot
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Officiellement, un pic d'inflation à 85 % a été atteint en 2022. D'après des économistes indépendants, il était à plus de 100 %. (DAVID ADEMAS / OUEST-FRANCE / MAXPPP)

La Turquie lutte toujours contre l'inflation. Face à cette situation économique compliquée, elle a encore augmenté jeudi 24 août ses taux d'intérêt. Cette fois, la nouvelle équipe économique, nommée par le président Erdogan au lendemain de sa réélection le dimanche 28 mai, a surpris les marchés et dans le bon sens. Les taux d’intérêt sont passés de 17,5 à 25 %, ce qui est plus que ce que les économistes attendaient.

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Il faut dire qu’ils avaient été échaudés jusqu’à présent. La gouverneure de la banque centrale Hafize Gaye Erkan avait bien mis un terme à la politique de baisse continue de ces taux imposée par le président Erdogan, afin de juguler la terrible inflation. Officiellement, un pic à 85 % a été atteint en 2022, il était à plus de 100 % selon les économistes indépendants.

Malgré tout, cette gouverneure s’était montrée trop timide jusqu’à présent pour convaincre. Il semble donc que cette fois-ci le président lui ait laissé les coudées un peu plus franches. Erdogan n’avait pas vraiment le choix. La valse continue des étiquettes étrangle chaque jour davantage la population, contraignant les autorités à réviser leurs prévisions d’inflation à la hausse. En juillet, elle atteint 48 % et il est prévu qu'elle monte à 58 % à la fin de l’année. À titre de comparaison, l'inflation était à un peu plus de 4 % en France en juillet. 

Le prix du sucre n'en finit pas de grimper

En Turquie, il y a un produit dont l'augmentation donne le vertige, c'est le sucre. En août, il subit une 11ème augmentation depuis l'élection du mois de mai, en à peine trois mois donc. Le çay, le thé turc a déjà tutoyé des sommets, avec trois hausses en autant de mois, et c’est désormais le sucre qui rend la potion encore plus amère. 

L'objectif affiché avec cette hausse des taux d'intérêt est d'arriver à faire baisser l'inflation. Elle a déjà permis à la livre turque de se redresser immédiatement face au dollar et à l'euro. Cela va alléger le coût des importations pour le tissu industriel turc. En revanche, cette hausse des taux comporte un revers : la population est très endettée et le renchérissement du coût du crédit va peser sur les ménages. Le pouvoir avance en fait sur une ligne très fine.

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Il lui faut retrouver la confiance des investisseurs mais il doit aussi préserver le pouvoir d’achat, d’autant qu'il y a des élections municipales en mars prochain en Turquie, et que le président Erdogan entend bien reprendre les grandes villes tombées aux mains de l’opposition, et en particulier, Istanbul. C’est sa ville, celle dont il fut maire et qui lui a permis de gravir les échelons jusqu’à la magistrature suprême. Il n’en a jamais digéré la perte. S’il veut rallier les électeurs, Erdogan doit donc juguler l’inflation sans trop renchérir le coût du crédit. L’indice de confiance des consommateurs a déjà chuté de 23 % depuis la présidentielle. 

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