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Défilé militaire du 14-Juillet : la défense européenne a encore des progrès à faire

Les cérémonies du 14 juillet en France nous donnent l'occasion de faire le point sur la défense européenne. Un vieux serpent de mer, sauf que la guerre en Ukraine accélère le mouvement.

Article rédigé par Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié
Temps de lecture : 93 min
Projet européen du Scaf (Systeme de combat aérien futur), au Salon international de l'aéronautique et de l'éspace du Bourget (Seine-Saint-Denis), le 17 juin 2019. (ERIC PIERMONT / AFP)

Pour la première fois de son histoire, l’Union européenne a mobilisé des fonds, 1,5 milliard d’euros, pour acheter des armes létales et les envoyer à l'armée ukrainienne. Ca n'était jamais arrivé. Même l'Allemagne a fait sauter ses tabous.

Il y a eu des décisions symboliques aussi. On a beaucoup parlé de la Suède et de la Finlande qui ont rejoint l'Otan mais début juin, le Danemark lui a choisi – par référendum – de rejoindre la politique de défense européenne. Concrètement, ça lui permet de bénéficier d'une disposition selon laquelle si un État membre est "l'objet d'une agression armée, les autres lui doivent aide et assistance". Décision historique car Copenhague a toujours été du côté des euro-sceptiques, rejet en 92 du Traité de Maastricht, refus en 2000 d'adopter l'euro, refus encore en 2015 d'intégrer la politique commune en matière d'affaires intérieures et de justice. Mais la guerre est entrée dans le paysage et tout a changé.

L'armée européenne, elle, n'est pas pour demain. À 27 c'est beaucoup trop compliqué. Même sur le plan matériel. Imaginez, il y a 12 modèles de chars différents en Europe (les Américains en ont un seul). Mais les choses avancent... En mars, l'europe a adopté ce qu'elle appelle sa "boussole stratégique". L’équivalent d’un livre blanc sur la défense et la sécurité pour définir les menaces et se préparer ensemble à y répondre. Mais c’est une première. Il a quand même fallu deux ans pour en accoucher. Cette boussole s'accompagne de la création d'une force de déploiement rapide : d’ici à 2025, 5 000 hommes pourront être prélevés dans les armées nationales en cas de besoin pour que l'europe soit plus réactive.

Bruxelles propose des achats d'armes en commun, mais...

Sur la question des moyens aussi l'europe monte en puissance. Il existe un Fonds européen de défense 8 milliards d’euros pour 2021-2027. C’est peu par rapport à la somme des budgets militaires des États membres qui se monte à 200 milliards par an, mais ça permet de faire avancer les projets comme l'avion de combat du futur.
Bruxelles propose aussi que les achats d'armes et de munitions se fassent en commun comme on l'a fait pour les vaccins. Ce serait aussi une façon pour l'industrie d'armement d'acheter plus de matériel européen .

Mais aller plus loin, ça semble impossible parce que les européens restent divisés entre le camps des européistes, emmenés par la France, qui pousse pour plus d'autonomie et de souveraineté, pour que l'europe soit responsable de sa propre sécurité. Et le camp des atlantistes, comme la Pologne ou les pays Baltes, qui eux préfèrent largement rester sous la protection de l'Otan et des Américains (pour mémoire 21 pays européens sur 27 font partie de l'Organisation). Et il ne faut pas se mentir : c'est d'abord l'Otan qui s'est renforcée ces derniers mois avec la guerre, bien plus que la défense européenne.

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