Guerre en Ukraine : le conflit fait voler en éclats la doctrine antimilitariste de l'Allemagne
Quelques jours après l'invasion de l'Ukraine par la Russie, le chancelier allemand Olaf Scholz a promis de consacrer plus de 2% de son PIB aux dépenses militaires. Un changement politique profond pour le pays.
À la fin de la Seconde Guerre mondiale, horrifié par les exactions du nazisme, l'Allemagne se fixe une règle immuable pendant des décennies : demeurer un pays pacifiste. Berlin a un dogme bien établi pas question de livrer des armes létales à des pays en guerre.
Des effectifs militaires de plus en plus réduits
Faute d'investissements, les conséquences sont immédiates. Les avions de chasse, les navires de guerre, les chars vétustes de la Bundeswehr sont régulièrement victimes de pannes. Année après année, les effectifs de l'armée fondent et passent, entre 1990 et aujourd'hui, de 500 000 hommes à 200 000. Mais l'invasion de l'Ukraine va faire voler en éclats la doctrine antimilitariste de l'Allemagne. Et quand il s'adresse aux députés, le 27 février 2022, trois jours après le début du conflit, le chancelier Olaf Scholz évoque un changement d'époque. "Avec l'invasion de l'Ukraine, le monde est entré dans une nouvelle ère, déclare le chancelier allemand. Cela signifie que le monde d'après ne sera plus le même que le monde d'avant. Et cette nouvelle réalité réclame une réponse claire. Notre principe est le suivant ce qui est nécessaire pour garantir la paix en Europe sera fait. L'Allemagne y apportera sa contribution et sa solidarité. Mais il ne suffit pas de le proclamer.
"Nous devons investir beaucoup plus dans la sécurité de notre pays afin de protéger notre liberté et notre démocratie. Le budget 2022 prévoira un investissement exceptionnel de 100 milliards d'euros."
Olaf Scholz
Dans la foulée, le chancelier allemand promet aussi de consacrer plus de 2% de son PIB aux dépenses militaires, conformément à l'objectif que l'OTAN a fixé à ses membres. Pour Olaf Scholz et l'Allemagne, c'est un revirement de taille, même si les sommes débloquées ne seront sans doute pas suffisantes pour rattraper le retard d'investissements de ces dernières années. Face à un événement extérieur majeur, Olaf Scholz prouve que l'Allemagne est capable de changer profondément de politique, comme l'avait déjà fait Angela Merkel en 2011 après la catastrophe de Fukushima. Celle qui était encore chancelière avait décidé de sortir du nucléaire.
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