Le décryptage éco. Réforme des retraites : va-t-elle permettre de réaliser des économies ?
Combien va coûter la réforme des retraites ? Va-t-elle vraiment permettre de faire des économies comme le promettait Emmanuel Macron ? Le décryptage éco de Fanny Guinochet ("L'Express").
À l’occasion de ses vœux, mardi 31 décembre, Emmanuel Macron devrait parler de la réforme des retraites et il y a une question qui se pose, c’est le coût de cette réforme : est-ce que l’on peut l’évaluer ? C’est beaucoup trop tôt pour faire un chiffrage précis. Mais il y a cette inquiétude qui commence à monter, même au sein de la majorité : cette réforme risque de coûter cher, très cher même.
L'inquiétude monte
Au fur et au mesure que le gouvernement fait des concessions pour tenter de déminer le conflit, aux policiers, aux routiers, aux cheminots, aux agents de la RATP, aux danseurs de l’Opéra, il alourdit la facture. Avec le risque qu’au final l’addition soit salée. La crise des "gilets jaunes" avait déjà coûté 17 milliards l'an dernier et selon certains députés En Marche, la réforme des retraites pourrait peser encore plus.
Lorsqu’en 2008 Nicolas Sarkozy avait fait sa réforme des régimes spéciaux, à la SNCF et à la RATP, il l’avait faite passer au prix d’importantes contreparties, en revalorisant les grilles de salaire, en octroyant des primes de fin de carrière. Le résultat n'est guère brillant si l'on en croit le bilan sans appel établi par la cour des comptes cet été : "Le coût de ces dispositifs est plus élevé que les gains attendus, au moins jusqu’en 2020". Ce rapport estival de la cour des comptes ressemble fort à un avertissement adressé à Emmanuel Macron.
Remettre les comptes à l’équilibre
Pas question de basculer dans un régime par points si les comptes ne sont pas dans le vert, insiste le gouvernement qui ne veut pas renvoyer l’addition aux générations suivantes. Il se base sur le dernier rapport du conseil d’orientation des retraites selon lequel il manquera dans les caisses des régimes entre 8 et 17 milliards d’euros à l'horizon 2025. Et c’est pour cela qu’il tient tant à l’introduction d’un âge pivot dans sa réforme, cet âge pivot ayant pour objectif de faire travailler les Français plus longtemps et de réduire les déficits. On estime par exemple que la réforme de Marisol Touraine en 2014, qui allonge la durée de cotisation, c’est-à-dire le nombre de trimestres pour avoir une retraite à taux plein, va permettre d’économiser près de 3,5 milliards d’euros à l'horizon 2030. Cela reste très Insuffisant pour l’exécutif qui veut donc accélérer le rythme.
Réduire les frais de gestion
Il y aura moins de personnel, un seul système informatique etc. Normalement, les coûts devraient être réduits mais là encore, tout dépend du temps que prendront les transitions. Et puis, encore faut-il être sûr que l’on arrive à un seul système à la fin, sans une myriade de spécificités ou de particularismes, où un euro cotisé ouvre les mêmes droits à tous, comme le promettait Emmanuel Macron pendant sa campagne. Là-dessus, on peut avoir des doutes. D’ailleurs les éléments de langage du gouvernement apparaissent déjà pour dire que système universel ne veut pas dire forcément système uniforme.
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