Covid-19 : quatre ans après, des pays réfléchissent aux améliorations possibles en cas de pandémie

L'heure est au bilan après l'arrêt du dispositif Covax le 1er janvier 2024. Si à Genève, on réfléchit à une meilleure répartition des sites de production vaccinale dans le monde, l'Inde s'est penchée sur le poids des confinements sur l'éducation. Nos correspondants décrivent la situation sur place.
Article rédigé par franceinfo, Jérémie Lanche - Côme Bastin
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Production de vaccins Sinovac par une société égyptienne au Caire, en 2021. Les autorités voulaient alors faire de l'Égypte le plus grand producteur de vaccins du Moyen-Orient et de l'Afrique. (KHALED DESOUKI / AFP)

Le 11 janvier 2020, la Chine annonçait qu’une personne était décédée, deux jours plus tôt à Wuhan, des suites d’une infection liée à un nouveau coronavirus. S'est ensuivie une panique mondiale, avec plusieurs millions de morts et encore plus de personnes contaminées. Quatre ans plus tard, le Covid-19 semble n’être plus qu’un mauvais souvenir. Même si beaucoup l'on encore attrapé cet hiver, peu se font vacciner. Le dispositif Covax, piloté depuis Genève, a même cessé de fonctionner depuis le 1er janvier 2024.

Ce système, lancé par l'OMS en 2020, avait pour but de garantir un accès équitable à l'échelle mondiale aux vaccins contre le Covid-19. Aurélia Nguyen, l’ex-directrice de Covax, explique qu'ils ont délivré "deux milliards de doses dans 146 pays" et que "la grande majorité des doses est allée dans les pays qui en avaient le plus besoin", dont "68% aux pays africains" et "74% à des pays à faible revenus". Les pays pauvres ont ainsi atteint une couverture vaccinale globale de 57%, un peu moins que la moyenne mondiale qui est plutôt autour de 67%. Ce n'est pas si mal pour un mécanisme monté en urgence en pleine pandémie, alors qu’on ne savait même pas quand le vaccin allait être prêt.

Covax a mis en lumière la pénalisation liée au manque de sites de production

On sait aujourd’hui que tout le monde n’a pas été vacciné en même temps, loin de là. Covax n’a jamais pu mettre fin au "chacun pour soi" qui a régné pour l'obtention des vaccins, ce qu’on a appelé le "nationalisme vaccinal". L'Europe, les États-Unis et tous les pays riches en général, ne se sont pas privés pour passer des commandes directement auprès de Pfizer, Moderna et consorts. Impuissant, le mécanisme de répartition passait ses commandes après, ou devait attendre que ces pays riches veuillent bien donner des doses. D’où l’importance de faire différemment la prochaine fois, dit Aurelia Nguyen. "Le continent africain a été pénalisé du manque de sites de production". Désormais, GAVI, l’Alliance du vaccin, "est en train d'investir plus d'un milliard de dollars pour aider la production africaine de vaccins".

Les promoteurs de Covax estiment que le mécanisme a permis d’éviter 2,7 millions de morts du Covid. Une étude parue dans la revue Nature dit en revanche que la course aux vaccins à laquelle se sont livrés les pays riches a provoqué 1,3 millions de morts. Covax n’a donc pas changé la face de la pandémie, mais sans lui, cela aurait sans doute été pire.

Aggravation de la fracture sociale en Inde d'après un rapport sur l'éducation

En Inde, on se souvient des images terribles de ces cohortes de familles de travailleurs pauvres, forcées de quitter les villes à pied, pour regagner leurs villages lors du premier confinement. Autant d’enfants souvent arrachés à leurs écoles, parfois pendant plusieurs années. Dans les villes, la désorganisation de l’école liée à la pandémie a fait exploser la fracture entre les pauvres et les plus riches, qui ont pu compenser avec des cours particuliers ou des écoles privées.

Si le dernier rapport annuel sur l'état de l’éducation en Inde montre que les bancs des écoles se sont à nouveau remplis, des conclusions suscitent cependant l’inquiétude. En effet, on constate une baisse importante du niveau en mathématiques et en langue, même dans les États plutôt riches. On note aussi un transfert du nombre d'élèves des écoles privées vers les écoles publiques, ce qui, en Inde, témoigne de l’appauvrissement de nombreuses familles liée au Covid. 

Un autre phénomène lié au Covid-19 est l’engouement du pays pour l’éducation en ligne. Le gouvernement central a fait de la numérisation et de l’homogénéisation des programmes scolaires une priorité nationale après la pandémie. Il ambitionne de faire passer tous les savoirs et les cursus sur une plateforme internet accessible à tous. Cependant, il y a d’énormes disparités dans l'accès à Internet, entre les campagnes et les villes, et entre les États. Le risque est donc de renforcer encore les inégalités, même avec de bonnes intentions.

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