Covid-19 : l'hydroxychloroquine responsable d'au moins 16 990 décès lors de la première vague, d'après une étude

Présentée à tort comme une molécule miracle contre le Covid-19, l'hydroxychloroquine est, d'après une étude française, à mettre en lien avec près de 17 000 décès survenus dans six pays.
Article rédigé par Anne Le Gall
Radio France
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Temps de lecture : 2 min
En 2020, l'hydroxychloroquine a été prescrite et fabriquée de façon accélérée dans le monde entier, sous l'impulsion de certains médecins comme Didier Raoult, ou de certains politiques comme Donald Trump. (LOUAI BESHARA / AFP)

Les travaux de chercheurs français révélant les dangers de l'hydroxychloroquine viennent d’être publiés dans une très sérieuse revue internationale de pharmacologie. Au printemps 2020, l’hydroxychloroquine a causé la mort de 16 990 personnes, selon cette étude, en Belgique, en Espagne, en France, en Italie, en Turquie et aux États-Unis.

En France uniquement, cette molécule est à mettre en lien avec 200 décès lors de la première vague du Covid-19. Ce médicament, utilisé contre le paludisme au départ, avait été présenté par le professeur Didier Raoult, ex-directeur de l’IHU de Marseille, comme un traitement efficace contre le Covid-19. Il a été prescrit massivement dans de nombreux pays durant la première vague.

Troubles du rythme cardiaque

Mais par la suite, plusieurs travaux de recherche ont souligné son inefficacité dans cette indication. Une étude, parue dans Nature en 2021, a fait état d’une augmentation de 11% du taux de mortalité, en lien avec sa prescription contre le Covid-19, à cause d’effets indésirables potentiels comme des troubles du rythme cardiaque, mais aussi en raison de pertes de chance par rapport à l’utilisation d’autres traitements, qui, eux, étaient efficaces.

Pour parvenir à ce chiffre de 16 990 décès, les chercheurs des Hospices civils de Lyon (13 hôpitaux publics d’excellence) ont dû croiser, pour chacun des six pays étudiés, les données d’hospitalisation pour Covid-19, l’exposition à l’hydroxychloroquine, et l’augmentation du risque relatif de décès lié à ce médicament, les fameux 11% publié dans la revue Nature précédemment. On parle donc bien ici de données statistiques, sur lesquelles il existe une marge d’erreur.

Un nombre de victimes probablement bien plus grand

Mais pour les auteurs, le nombre de victimes est probablement bien plus grand, car cette étude ne concerne que six pays sur la période mars-juillet 2020, alors que l’hydroxychloroquine a été prescrite plus largement. Les auteurs de ces travaux mettent en tous cas en évidence les dangers d’une utilisation précipitée de vieux médicaments. Et c’est aussi ce que rappelait, dans une tribune du  journal Le Monde en mai dernier, un collectif de scientifiques : "La démonstration des effets des médicaments chez l’homme répond à des normes éthiques et scientifiques construites depuis des décennies, écrivaient-ils, les respecter est essentiel pour garantir la sécurité des patients."

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