Résultats présidentielle 2022 : "C'est la vraie France !", clame le maire de Châteaudun, cette ville qui vote "comme les Français"

C'est la ville-miroir de la France : les candidats à l'Elysée dans l'ordre, avec des pourcentages de voix quasi similaires à ceux de la France entière. Un peu comme on consulte un oracle, une boule de cristal, Châteaudun et ses 13 000 habitants, vote comme le reste de la France depuis près de 20 ans. La sous-préfecture du département de l'Eure-et-Loir, à un peu plus d'1h30 de Paris, n'a pas dérogé à la règle lors du premier tour de l'élection présidentielle : Emmanuel Macron a devancé Marine Le Pen, devant Jean-Luc Mélenchon.

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Dans cette "France miniature", au coeur de la Beauce, les Dunois partagent évidemment les mêmes préoccupations que les autres Français : pouvoir d'achat, sécurité, emploi, éducation, santé... À tel point que les résultats de cette ville sont observés de très près à chaque élection, explique Fabien Verdier, le maire de 40 ans sans étiquette de la Châteaudun. "C'est le pays réel ! Le pays réel qui a une maison, qui travaille, qui a un enfant au collège qui a parfois des difficultés de harcèlement par Instagram... C'est ces gens qui vivent, qui ont deux voitures, qui ont un problème de pouvoir d'achat. Châteaudun est une ville moyenne avec un territoire rural autour. L'identité de la France, c'est la ruralité", glisse-t-il.

"Je le dis souvent sur le marché le samedi matin, place de la Liberté, on écoute les Dunoises et les Dunois et c'est la vraie France ! C'est mieux qu'un sondage IFOP"

Fabien Verdier, maire de la ville

à franceinfo

"Je ne crois plus aux promesses"

Et cette année encore, donc, Châteaudun a voté comme la France avec Emmanuel Macron, en tête, devant Marine Le Pen, puis Jean-Luc Mélenchon, Eric Zemmour et Valérie Pécresse. Et les Dunois qui n'ont voté ni pour Emmanuel Macron ni pour Marine Le Pen au premier tour ? Ils sont résignés, un peu déboussolés parfois, comme Nicole, 73 ans, grand-mère de quatre petits-enfants. 

Au premier tour, elle fait partie des 139 électeurs à avoir choisi l'écologiste Yannick Jadot. Et pour le second tour, elle est indécise : "Monsieur Macron, la retraite à 65 ans, le pouvoir d'achat, la pension, tout ça, ça ne bouge pas. Et puis, pour nos jeunes, il faut les aider ! Marine Le Pen ne m'inspire pas tellement. Elle aussi, elle veut faire ceci et cela. Je suis désabusée et je ne crois pas aux promesses. Je crois que je vais voter blanc", conclut-elle.

"À contre-coeur"

Du côté des électeurs de Jean-Luc Mélenchon, on a entendu l'appel des Insoumis, martelé le soir-même du premier tour :"Pas une voix pour Marine Le Pen". Alors, Myriam, 65 ans, essaie de se résoudre à suivre la consigne. Mais elle confie scruter surtout le programme des candidats du second tour pour voir lequel fait le plus écho à ses attentes : "Premièrement, c'est le pouvoir d'achat ! Comme tout le monde, qu'on soit salarié, retraité, chômeur, quoi que ce soit, le pouvoir d'achat, c'est obligatoire. Après, il y a l'emploi : il faut penser aux jeunes. Il y a la sécurité, la santé... De toute façon, ça se devine que Macron va être élu encore une deuxième fois. Je ne sais pas ce que je vais faire, je l'avoue. Je ne veux pas voter Le Pen, mais ça m'ennuie de voter Macron aussi. Même si je vote Macron, ce sera à contre-coeur, ce sera hors de mes idées", précise-t-elle finalement.

Comme Myriam, les électeurs qui ne sont pas représentés au second tour l'avouent dans les rues de Châteaudun, ils ne comptent pas forcément suivre les consignes de votes de leurs candidats de coeur. Pour beaucoup, peu importent les appels à voter pour Emmanuel Macron ou contre Marine Le Pen. Swann, 25 ans, commercial pour un constructeur de maisons, avait ainsi choisi Jean-Luc Mélenchon dimanche 10 avril, au premier tour. Et le 24 avril, il a prévu de voter pour Marine Le Pen, à contre-courant de l'appel lancé par son candidat. "C'est compliqué parce que pendant cinq ans, on se plaint de notre président et après on revote le même, je ne comprends pas trop. J'ai du mal à me voir voter pour Emmanuel Macron et un peu moins pour Marine Le Pen", indique le jeune homme.

"L'idée est de faire barrage à Macron, que ce soit un grand écart entre Mélenchon et Le Pen, au final, peu importe"

Swann

à franceinfo

Laurent, fidèle électeur du Rassemblement National, est, lui, persuadé que Marine Le Pen va l'emporter, même si plusieurs candidats éliminés au premier tour ont appelé à voter pour Emmanuel Macron. Et il a son hypothèse sur le "front républicain" qui pourrait empêcher le Rassemblement national d'accéder au pouvoir : "Vous croyez qu'on les tient en laisse les électeurs ? Ce ne sont pas des bêtes ! On est en démocratie et ils sont libres de voter pour qui ils veulent. Je pense qu'il y a un désordre total, partout. Il n'y a pas de front républicain en France, ça n'existe plus !"

Reste alors une question : si Châteaudun est la ville qui vote comme le reste de la France, qui va gagner le second tour ? Selon les habitants et le maire de Chateaudun qui se sont prêtés à l'exercice des pronostics, ce sera "très serré", mais ils penchent pour une victoire d'Emmanuel Macron. Et ils ne prennent pas trop de risques : au second tour, en 2017, Emmanuel Macron l'avait largement emporté à Châteaudun avec 65% des voix contre 35% pour Marine Le Pen. Et déjà, la ville avait voté comme la France.