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"Les stocks des hôpitaux de la ville sont à sec" : à la frontière roumaine, la solidarité s'organise face à l'afflux de réfugiés ukrainiens

Les pays frontaliers à l'Ukraine voient arriver de plus en plus de réfugiés qui fuient l'invasion russe. En Roumanie, la solidarité s'organisent pour aider les Ukrainiens des deux côtés de la frontière.

Article rédigé par franceinfo, Mathilde Dehimi
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Des enfants ukrainiens et leurs parents sont aidés à monter dans un bus au poste frontière de Siret avec l'Ukraine, dans la ville de Siret, le 1er mars 2022. (DANIEL MIHAILESCU / AFP)

Selon le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, près de 680 000 personnes ont pu quitter l'Ukraine pour fuir la guerre. Avant de peut-être arriver en France, ils passent principalement par la Pologne, la Hongrie ou la Roumanie. Une course contre la montre a débuté à la frontière roumaine au nord du pays à Siret pour gérer au mieux l'afflux de réfugiés. 

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Il y a une image pour résumer la situation humanitaire, la file d’attente en amont de la frontière remontait mardi 1er mars d’au moins 15 km pour les piétons. Et on ne parle pas de voitures, mais bien de piétons. Une scène d’exode sous la neige où des femmes traînent enfants et valises. Certains viennent de Kiev, de Kharkiv ou de villes plus calmes, comme Irina qui arrive avec son fils de 4 ans : "Nous sommes passés par la Moldavie qui était plus proche. On est resté trois heures à cette première frontière puis environ six heures à la frontière roumaine. On a pu passer devant car mon fils à moins de 6 ans."

"Je n'ai pas envie de retourner là-bas car je ne veux pas infliger à mon fils de descendre en permanence au sous-sol sous les sirènes."

Irina, réfugiée ukrainienne

à franceinfo

La Roumanie a dû s’organiser très vite pour faire face à cet afflux de réfugiés. Partout dans le pays, on ouvre des gymnases, des écoles ou des hôtels. Les réfugiés sont pris en charge dès la douane par navettes vers les centres d’hébergement. C’est là, au chaud, qu’ils se posent pour les formalités administratives d’entrée en Union européenne. "Les enfants, s'ils n'ont pas de passeport, passent avec leur certificat de naissance, explique Dora, étudiante, qui traduit bénévolement. Les adultes qui ont un passeport expiré passent aussi. En revanche, ceux qui n'ont pas de papier et ne veulent pas faire une demande d'asile ne pourront pas passer."

Une aide des deux côtés de la frontière

La barrière de la langue complique tout mais n’arrête pas la solidarité roumaine. Cyprian a fait six heures de route pour proposer son aide. Il tient un petit carton où il a griffonné son message en roumain mais aussi en cyrillique, en ukrainien. "J'ai acheté de quoi distribuer 70 couvertures, de l'eau et des biscuits, raconte-t-il. Sur mon carton, j'ai écrit que je propose un transport et un logement gratuit jusqu'à chez moi pour six ou huit personnes. Je ne parle pas ukrainien, j'ai traduit avec un logiciel de traduction."

Il n’y a pas que les habitants, les associations ou institutions roumaines s’organisent aussi et pour apporter de l’aide de l’autre côté en Ukraine, le point noir de l'urgence humanitaire. Ces derniers jours, l'Église orthodoxe a rassemblé énormément de denrées mais jusqu’à présent ses camions restaient bloqués aux douanes ukrainiennes mais cela s’arrange. Après négociations, les premiers convois humanitaires ont pu partir au compte-goutte et pas plus loin que la grande ville à 40 km d’ici. Des vivres mais aussi du matériel médical. "On nous a dit que les stocks des hôpitaux de la ville frontalière la plus proche sont à sec parce qu'ils ont envoyé tout ce qu'ils avaient vers Kiev et les autres zones de conflit", raconte le Père Ionel Constantin Malos. 

"Ils n'ont plus rien alors il faut leur fournir des anticoagulants, des perfusions, des seringues, des pansements, des instruments médicaux pour soigner les malades."

Père Ionel Constantin Malos

à franceinfo

Il n'y a pas que l’aide humanitaire ou médicale qui commence à passer, la Roumanie a proposé à l’Otan d’être une plateforme pour acheminer des armes aux Ukrainiens. On a vu pour la première fois ici des convois militaires, mais tout ça reste discret pour ne pas exposer la frontière à l’armée russe. Mikhai Dimian, vice-président de l’université frontalière de Suceava assume : "L'autre jour, mon fils de 4 ans m'a demandé : 'On est en sécurité ici Papa ?' Non, on n'est pas en sécurité. On se dit qu'après l'Ukraine ce sera le tour de la Moldavie puis le nôtre. J'ai fait le choix de vivre ici. Certes, ce n'est pas facile mais c'est chez nous." Chez eux, aux portes de la guerre, pour la première fois, mardi 1er mars, des explosions ont eu lieu à seulement 15 km de la Roumanie.

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