Les "petits" candidats à la présidentielle 2022 veulent peser pendant la campagne : "Nous voulons que nos idées gouvernent"
Avec ou sans parti, parfois sans militant et souvent sans les 500 parrainages, des Français se lancent en tant que candidat à l'élection présidentielle. Un chemin semé d'embuches qui ne les découragent pas.
Ils tentent de se frayer un chemin au milieu de ceux qui occupent tout l'espace, ou presque, ce sont les "petits" candidats auto-proclamés à la présidentielle. Difficile de dire combien ils sont précisément, plusieurs dizaines, pour la plupart inconnus du grand public. Ils n'ont plus qu'un mois et demi pour convaincre et recueillir les 500 parrainages.
Une présidentielle, c’est le tournant à ne pas manquer si on veut se faire une place. Pas très loin de Bordeaux, à Langon, une avocate jongle entre ses rendez-vous clients et des coups de fil sur les parrainages. Vous ne connaissez peut-être pas son nom, Hélène Thouy, mais celui de son parti : le parti animaliste. Elle se déclare candidate pour porter ses idées le plus loin possible.
“À défaut de gouverner, nous voulons que nos idées gouvernent et que la question animale puissent être un sujet majeur, explique Hélène Thouy. Et parce qu’elle sera un enjeu majeur de la présidentielle par notre présence, par la communication et les actions que nous ferons et par la place qu’elle occupera, ça soit une question qui soit inscrite à l’agenda politique des cinq prochaines années.”
D'autres jouent la carte du citoyen qui parle au citoyen et qui promet d'améliorer le quotidien. Contrairement à Hélène Thouy ou à d’autres, ils n'ont ni parti, ni militant, ni compte de campagne, comme Gérard Pignol, ce retraité et musicien, qui vit près de Lyon.
“Aujourd’hui, une telle candidature peut-elle aller à son terme ? Le défi est immense, je le relève. Vous ne voulez plus de candidature programmée, négociée, frustrante ? Moi non plus. Vous ne voulez pas d’un deuxième tour Emmanuel Macron contre Marine Le Pen ? Moi non plus”, déclare-t-il en musique sur Youtube. Il se fait appeler le "candidat au chapeau", et a 200 000 vues pour sa vidéo mais pas plus... de cinq signatures d'élus à son actif.
"On verra où ça nous mène"
Une campagne est éreintante, coûte cher, qu'on soit "petit" ou "grand" mais ils persévèrent. Pour certains, c'est la volonté d'aller jusqu'au bout des choses.
Entouré de quelques militants, Fabrice Grimal, "gilet jaune", et candidat déclaré, colle des affiches en plein Paris dans le froid pendant de longues heures. "Il y a peu de places, elles sont chères et accaparées par des gros poissons, déclare le candidat. Mais le problème, c’est que les gros poissons nous ont déçu. On sait ce qu’ils valent et c’est pour ça qu’on est dans la rue pour faire connaître autre chose."
Pour lui, après la révolte des "gilets jaunes”, il faut transformer l’essai.
“C’est impératif de porter ce mouvement le plus haut possible. En France, le plus haut possible, c’est l’élection présidentielle qui est un passage obligé." souligne-t-il.
"Notre hantise était de passer pour des amateurs de la politique."
Fabrice Grimalà franceinfo
"Sur le plan des constats et des solutions, on veut faire les choses bien avec un compte de campagne notamment. On s’est rendu compte que, sans parti, on ne pouvait rien faire. Donc on en a créé un. On n'est pas dupes, on sait qu’il y a le problème des 500 signatures qui est un obstacle énorme. On dit qu’on joue le jeu. On le fait, ensuite on verra où ça nous mène."
En cinq ans, le contexte a bien changé. La colère est liée au pouvoir d’achat mais pas seulement. Yaya Lam, agent des finances publiques du Poitou, tente lui aussi la course vers l’Élysée. pour lui l’épidémie de Covid-19 change la donne et lui ouvre une fenêtre.
“Cette élection présidentielle sera la plus bizarre qu’on a jamais vu en France, lance-t-il. Il n'y aura pas les grands meetings ou déplacements comme avant. Cette élection présidentielle va se dérouler entre quatre murs. C’est bon pour nous.” Yaya Lam assure être en très bonne voie dans sa quête de signatures. Mais en réalité, lors des deux dernières présidentielles, aucun "petit" candidat, inconnu du grand public, n'a atteint le premier tour. Ils paient, en plus, cette fois la fin de l'anonymat des parrainages. Des maires n'osent plus signer. Certains assurent avoir perdu des subventions de leur intercommunalité en soutenant tel ou tel candidat.
Gérer la vie d'après-campagne
Ils ont jusqu’au 4 mars, date limite de dépôt des parrainages. Si les candidats n'ont pas les 500 signatures, ce sera la fin de l’aventure. Certains continueront de s'engager en politique. D'autres tomberont dans l'oubli comme d'autres avant eux ou se serviront de ce nouveau réseau pour autre chose.
En 2012, Maxime Vernère a échoué à se présenter au 1er tour, à 130 parrainages près. Mais peu importe, il en tire le meilleur : “C’est d’abord une expérience collective, ça vous apporte des relations. Étudiant, boursier, 21 ans, j’avais très peu voyagé et ça m’avait permis de rencontrer la France tel qu'elle était en tout cas. Les maires, les responsables locaux, parfois les parents de mes responsables locaux, mettaient un peu d’essence dans la voiture.
"Quand tout ça s’arrête du jour au lendemain, qu’il faut rentrer dans la vie active et gagner son bifteck, j’ai galéré très longtemps. C’est vrai que l’après-campagne a été une période un peu déprimante.”
Maxime Vernère, candidat à l'élection présidentielle de 2017à franceinfo
Aujourd’hui, il gère une boîte de conseil et reste influent dans certaines sphères politiques. Un monde difficile à quitter pour les "grands" comme pour les "petits" candidats.
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