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Présidentielle 2022 : Yannick Jadot face au piège du "vote utile"

A 48 heures du premier tour, Yannick Jadot s’emploie à dissuader ses électeurs de “voter utile”. C’est un enjeu de taille pour le candidat écologiste qui a vu une partie de ses troupes faire défection.

Article rédigé par franceinfo - Neila Latrous
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le candidat d'Europe Ecologie-Les Verts à l'élection présidentielle, Yannick Jadot, à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne) le 31 mars 2022 (THOMAS SAMSON / AFP)

"Le vote écologiste est toujours efficace" : Yannick Jadot le répète sur tous les tons ces derniers jours, et encore jeudi soir en meeting. "Le vote utile, c'est toujours le vote de conviction" a martelé le candidat écologiste à Nantes. Et pour cause : l’un des phénomènes de cette fin de campagne, c’est la migration bruyante d’une poignée de militants du Pôle écologiste vers Jean-Luc Mélenchon.

Pour éviter la réédition du second tour de 2017 - Emmanuel Macron face à Marine Le Pen - ces militants ont fait savoir bruyamment, sur les réseaux sociaux et dans une tribune publiée hier, qu’ils voteront finalement "utile", pour le candidat de gauche en tête dans les sondages. Et ils ont été suspendus de leur parti. Car un scénario tétanise Yannick Jadot et ses soutiens : une déperdition plus vaste non pas de militants, mais d’électeurs, aspirés eux aussi par le vote utile. Un mouvement qui ferait passer Yannick Jadot sous la barre des 5% dimanche. Dans le dernier baromètre Ipsos-Sopra Steria, le candidat écologiste était crédité de 5,5% des voix.

La barre fatidique des 5%

5%, c'est le seuil au dessus duquel l'Etat rembourse les frais engagés pendant la campagne. En-dessous, c’est Yannick Jadot et les partis qui le soutiennent qui absorbent seuls le coût de la campagne. 8 millions d’euros… Le scénario donne des sueurs froides à Europe Écologie Les Verts. “Je ne réponds à aucune question sur les 5%” balayait cette semaine un dirigeant, comme pour conjurer le sort. Un autre plus loquace explique l’enjeu : "8 millions d’euros sur une campagne, ça n’a jamais été fait chez nous. Si on fait moins de 5%, le parti est à terre, menacé d’extinction."

La faute à qui ? C’est ça qui se joue en interne. Le futur congrès pour renouveler la direction. Il opposera ceux qui voudront accabler Yannick Jadot et la direction d’EELV pour cette campagne "centriste, sans radicalité", et ceux qui auront à coeur précisément de défendre ces orientations. "C’était important de montrer que les écolos pouvaient faire une campagne sérieuse", défend d'ores et déjà Marine Tondelier, porte-parole de Yannick Jadot, à nos confrères de l’AFP.

Europe Ecologie Les Verts n'est pas le seul parti confronté à ce "piège du vote utile". Le débat fait rage aussi au Parti Communiste Français, comme en témoigne ce tweet de la députée Elsa Faucillon.

Il y avait eu débat au PCF à l'approche de la présidentielle, entre présenter une campagne autonome, et s’allier avec Jean-Luc Mélenchon et La France Insoumise. La ligne de Fabien Roussel l'a emportée, et le secrétaire national du parti a annoncé sa candidature au printemps dernier. "Si on est sous les 5%, ceux qui auront porté la stratégie autonome seront affaiblis" me confie un cadre, en visant Fabien Roussel. "Mais chez nous, il n’y aura pas de règlements de compte", me précise le même.

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