Élections européennes : comment les quatre listes de gauche abordent la concurrence entre elles

Le paysage à gauche est clarifié pour les élections européennes du 9 juin : Raphaël Glucksmann est officiellement la tête de liste du PS, Manon Aubry pour les Insoumis, alors que Marie Toussaint est investie pour les écologistes et Léon Deffontaines pour les communistes.
Article rédigé par Aurélie Herbemont
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
Fabien Roussel, Olivier Faure, Marine tondelier et Manon Aubry, à un rassemblement contre la loi sur l'immigration, le 21 janvier 2024. (GUILLAUME BAPTISTE / AFP)

Officiellement, à gauche personne n’aura d’ennemi à gauche pendant cette campagne pour les élections européennes. L'écologiste Marie Toussaint confie vouloir "que chacun fasse le meilleur score possible". Même chose pour le communiste Léon Deffontaines, il souhaite à la gauche d'avoir "plus de députés qu'en 2019". Tous les deux utilisent le même argument : plus d'eurodéputés de gauche, ça fera moins de députés pour l'extrême droite et pour la liste d'Emmanuel Macron. 

Manon Aubry assure aussi ne pas vouloir affaiblir la gauche, même si la candidate insoumise considère toujours que le meilleur pacte de non-agression aurait été une liste commune de la Nupes. Les candidats affichent plein de bonnes intentions mais en réalité, la bagarre a déjà commencé et chacun veut arriver en tête de la gauche.

Pacte de non-agression théorique

Pour l'instant, c'est la liste du PS qui a une petite longueur d'avance. Raphaël Glucksmann tutoie les 10% dans les sondages mais il est loin de tuer le match. Marie Toussaint et Manon Aubry sont en embuscade. Au PS, certains se prennent à rêver d'atteindre les 15-16% mais pour ça, il faut piller les petits camarades : "On doit assécher les verts et prendre des électeurs LFI lassés de Mélenchon", théorise un cadre socialiste.

En face, pas question de se laisser faire : des écologistes accusent Raphaël Glucksmann de n'être qu'un "énième revival de la social démocratie". Au PC aussi, Léon Deffontaines cogne sur le candidat du PS, incarnation de "la gauche dollar qui s'accommode du libéralisme". Et Manon Aubry rappelle que les groupes où siègent socialistes et écologistes au Parlement européen votent les traités de libre-échange. En clair, la non-agression entre ces listes de gauche est très théorique.

Chacun sa chapelle et son électorat

Les quatre listes s'adressent évidemment à la gauche, mais chacune a des cibles électorales spécifiques. Le Parti socialiste veut "attraper les déçus du macronisme", explique un élu. Marie Toussaint veut élargir sa base en portant d'autres causes que l'écologie, par exemple avec une pétition pour inscrire l'IVG dans la charte des droits fondamentaux européens. Manon Aubry veut attirer aux urnes les jeunes, les quartiers populaires et ceux qui croient encore en la Nupes. Enfin, Léon Deffontaines aimerait récupérer des "électeurs qui votent RN par colère".

Quatre listes concurrentes mais complémentaires en somme. PS, PC et écologistes en sont persuadés : à l’arrivée, ça fera plus de sièges qu'une liste Nupes... au grand dam de LFI qui voulait l'union pour concurrencer le RN et la macronie.

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