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Édito
Réforme des retraites : le refus de débattre a aussi un coût politique

Une nouvelle journée de mobilisation syndicale aujourd’hui, une nouvelle étape parlementaire jeudi 8 juin : y-a-t-il encore du suspense sur l’issue de la bataille des retraites ? L'édito politique de Renaud Dély.
Article rédigé par franceinfo, Renaud Dély
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Élisabeth Borne, dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale, le 9 mai 2023. (XOSE BOUZAS / HANS LUCAS)

Les jeux sont faits, rien ne va plus. Et c’est bien ce qui fait enrager l’intersyndicale. Elle a programmé cette journée de mobilisation, la 14e en cinq mois, deux jours avant la discussion à l’Assemblée d’une proposition de loi du groupe Liot visant à abroger la réforme. Elle voulait donc encore une fois faire peser la pression de la rue sur le Parlement. Sauf que le gouvernement a trouvé la parade en vidant le texte de sa substance lors d’un vote de la commission des Affaires sociales la semaine dernière.

>> Retraites : "Ce sera un séisme politique" si le texte du groupe Liot visant à abroger la réforme des retraites est jugé irrecevable

L’opposition va réintroduire des amendements pour supprimer le report de l’âge légal à 64 ans. Et la présidente de l’Assemblée Nationale, Yaël Braun-Pivet, va les écarter en dégainant l’article 40 de la Constitution qui interdit aux parlementaires d’engager des dépenses sans les recettes afférentes.

Le risque d'une opposition "jusqu’au boutiste"

Est-ce une marque de mépris de l’exécutif à l’endroit de ses opposants ? C’est ce que répètent la Nupes comme l’intersyndicale. Et il est vrai que dégainer l’article 40, une procédure parfaitement légale, sur un enjeu de cette importance, c’est une démarche assez inédite. Le gouvernement ne veut pas prendre le risque de subir un vote négatif dans l’hémicycle. Une défaite, même symbolique, puisque le texte de Liot n’a aucune chance d’aller à son terme législatif à cause du Sénat, ce serait un véritable camouflet politique. Sauf que ce refus de débattre a aussi un coût politique : il abîme un peu plus l’image d’un gouvernement qui a décidément peur du vote de l’Assemblée faute de majorité… Et cela renforce l’opposition. Au risque, pour elle aussi, d’en faire trop. Et de verser dans une forme de jusqu’au boutisme sans issue.

La secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, dénonce un "pur scandale démocratique". Dans une tribune commune publiée par Le Monde, les chefs des groupes parlementaires de gauche invoquent carrément un "risque d’accroissement de la colère et de la violence". Et ils réclament un "vote non biaisé" à l’Assemblée sur le report de l’âge légal. Un vote qui n’a pas eu lieu à cause du recours au 49-3 en mars, mais aussi par la faute de Jean-Luc Mélenchon qui avait ordonné à ses troupes de l’empêcher lors de l’examen du texte en février.

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