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Après l’Italie et la Suède, la droite française va-t-elle finir par s’allier avec l’extrême droite ?

Les Républicains vont se doter d’un nouveau président d’ici quelques semaines. Y a-t-il de véritables différences de fond entre les prétendants ? L'édito politique de Renaud Dély.

Article rédigé par franceinfo, Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Eric Ciotti arrive au QG de LR, le 21 juin 2022, Ă  Paris. (THOMAS COEX / AFP)

Quelle est la différence entre un LR et un autre LR ? Pas vraiment de différences, mais plutôt des nuances. Le jeune député du Lot, Aurélien Pradié, qui déclare sa candidature mardi 13 septembre dans Le Figaro, est ainsi porteur d’une sensibilité disons un peu plus sociale. Il tente ainsi de se démarquer du duel engagé au sein de l’aile droite du parti entre le député des Alpes-Maritimes, Eric Ciotti, particulièrement ferme sur les questions de sécurité et d’immigration ; et le sénateur de Vendée, Bruno Retailleau, plus conservateur sur le sujets sociétaux. Mais au total, tous les trois sont partisans d’une opposition sans concession à Emmanuel Macron. 

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Quant à la stratégie à l’endroit du Rassemblement national, là aussi, officiellement, ils sont unanimes : pas question de s’allier avec l’extrême droite. Sauf qu’à force de se replier sur un carré de plus en plus radical, les Républicains se montrent plus indulgents envers Marine Le Pen. Ils ne la rallient pas, pas encore, certes, mais ils ne la combattent plus. C’est ce qu’on pourrait appeler la "Ciottisation" des esprits de la droite. L’an dernier, Eric Ciotti expliquait que ce qui différenciait LR du RN, c’était "la capacité à gouverner" de la droite. Plus de différences de nature ou de valeurs, juste une question d’expérience en quelque sorte…

L'exemple italien ou suédois

Reste que de l’expérience, le RN est en train d’en acquérir à l’Assemblée Nationale. Et ça, ça change tout. Passe encore que Marine Le Pen ait obtenu cinq fois plus de voix que Valérie Pécresse à la présidentielle. Mais surtout, le RN est devenu le premier groupe d’opposition au Palais-Bourbon avec 89 députés contre seulement 62 sièges sauvés par LR. L’extrême droite fait profil bas, se grime en opposition raisonnable, constructive... et c’est la droite, affaiblie, qui se retrouve en position de supplétif.

Une inversion du rapport de forces que l’on retrouve ailleurs en Europe. En Suède, le parti d’extrême droite, les Nouveaux démocrates, est aux portes du pouvoir après s’être allié au parti conservateur qu’il a largement devancé. En Italie, c’est la cheffe de file du parti post-fasciste Fratelli d’Italia, Giorgia Meloni, qui est la favorite des législatives du 25 septembre, à la tête d’une coalition où la droite classique ne joue plus qu’un rôle subalterne. Et c’est sans doute le principal enjeu qui pèse sur l’avenir de LR : à force de ménager Marine Le Pen, et de concentrer ses flèches contre Emmanuel Macron, combien de temps la droite française, affaiblie, résistera-t-elle encore avant de s’abandonner à l’extrême droite ?

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