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Et maintenant. Vers la semaine de quatre jours ?

La crise économique majeure de l'après-confinement impose de repenser le temps de travail

Article rédigé par franceinfo - Alexandre Kouchner
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
La crise sanitaire et la crise économique entraînent la nécessité de repenser l'organisation du travail. (GETTY IMAGES)

Le confinement a entrainé une crise économique majeure. Les États vont devoir relancer rapidement la croissance mais tous ne réfléchissent pas de la même manière à la gestion du temps de travail ?


Alexandre Kouchner : "J'entends beaucoup de personnes suggérer le passage à la semaine de quatre jours. J'aimerais encourager les chefs d'entreprises à y réfléchir.” Cette déclaration n’est pas d’Emmanuel Macron mais de la première ministre néo-zélandaise Jacinda Ardern. Aucune loi n’a été passée, mais elle n’est pas la seule à y penser. Le parti travailliste britannique l’avait mis dans son programme des dernières législatives. En juin, des parlementaires de Singapour faisaient la même proposition jugée radicale dans cette cité-État où on enchaîne des semaines de 44 heures.

Ce n’est donc pas qu’un rêve d’oisifs et de fainéants ?

L’expérience a déjà été tentée au Japon et en Allemagne, pays peu réputés pour leur laxisme. Microsoft l’a expérimenté en août 2019 avec les 2 300 salariés de son département nippon. La productivité aurait alors augmenté de 40 %. En Allemagne, en 94, pour sauver 30 000 postes, Volkswagen fait passer 50 000 employés de 36 heures à 28 en baissant les salaires de 10%. Et ça marche. Le système a pris fin en 2006 mais la mesure pourrait être ressuscitée en cas de crise majeure.
Chez nous, l’entreprise de porte-bébés Love Radius basée à Toulon passe à la semaine de 4 jours à partir de mai jusqu'en septembre depuis 2017.

On voit un certain intérêt économique. Y aurait-il d’autres bénéfices ?

Des bénéfices sanitaires d’abord en réduisant le nombre d’employés présents en même temps dans les bureaux et donc les risques de contagion. A l’échelle du territoire, cela pourrait encourager l’exode urbain des cadres et donc une redistribution des richesses jusqu’ici ultra concentrée dans les villes. Mais ce qui se joue va au delà de la relance de la croissance : il s’agit de notre rapport au temps, au travail et à la société. La semaine de 4 jours dégagerait du temps non plus pour produire mais pour aider et s’engager auprès des autres. La crise économique s’annonce très dure. Il faut certes relancer l’économie, mais il faut aussi trouver de nouvelles manières de souder la société. Un peu plus de temps pour vivre, tout en alliant productivité et solidarité, cela vaut peut être la peine d’écouter la suggestion de Jacinda Ardern.

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