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Pas d’enfants, pas de seniors... En Corée du Sud, les zones d’exclusion dans les lieux publics se multiplient

Les médias et les réseaux sociaux se déchirent autour de ces lieux, cafés, magasins ou bibliothèques, dont on interdit l’accès aux enfants ou aux personnes âgées.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
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Dans ce restaurant sud-coréen, les plus de 60 ans ne sont pas bienvenus, contrairement aux chiens d'aveugle. (CAPTURE D'ECRAN)

Le sujet affole les réseaux sociaux. Depuis quelques jours, la photo d’un café fait le tour de la toile coréenne et de Twitter. À l’entrée, à côté des heures d’ouverture, le propriétaire a inscrit en coréen l’expression "no senior zone", c’est-à-dire qu’ils refusent les clients de plus de 60 ans. Il ne dit pas pourquoi il a mis en place ces restrictions, mais des jeunes internautes expliquent que cela leur paraît tout à fait normal. Les adultes plus âgés seraient trop désagréables, trop bruyants ou monopoliseraient des tables pendant des heures en ne consommant presque rien.

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L’image a particulièrement choqué, car, à côté de l’inscription "Pas de senior ici", il y a un autre signe qui dit que les chiens d’aveugles sont, par contre, les bienvenus dans l’établissement.

 

 

Ces restrictions restent extrêmement rares. Les médias coréens n’ont identifié, pour le moment, qu’une poignée d’établissements refusant les plus de 50 ans ou plus de 60 ans. Mais elles viennent s’ajouter à des discriminations contre d’autres catégories de la population, comme les enfants. Des centaines de lieux dans le pays les refusent désormais, des restaurants, des cafés, des musées, et même beaucoup de bâtiments publics. Et c’est maintenant plutôt accepté par la population. L’an dernier, Hankook Research avait fait une étude d’opinion sur le sujet et il avait découvert que près de 73% des sondés étaient favorables à ces zones sans enfant. Il n’y avait que 18% des gens pour les condamner. 

Le taux de natalité le plus bas au monde

Ces discriminations sont-elles légales ? Le gouvernement n’est pas vraiment intervenu dans ce débat, mais des élus commencent à s’offusquer. Au début du mois, Yong Hye-in, une députée d’un petit parti progressiste, a pris la parole à l’assemblée, avec dans ses bras, son petit garçon de bientôt deux ans. Et elle a appelé le gouvernement central à agir et à interdire ces discriminations contre les enfants dans les établissements où il n’y a aucun risque pour les petits. Elle explique que ces zones sont une aberration dans une société qui cherche justement à créer un cadre plus accueillant pour les familles.

 

Comme le Japon ou Taïwan ou même la Chine, la Corée du Sud est confrontée à un effondrement de sa démographie, car les jeunes ne font plus d’enfant. L’an dernier, le taux de fécondité dans le pays est tombé à 0,78, c’est le plus bas au monde.

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