Cet article date de plus d'un an.

L’inquiétant désintérêt pour la parentalité en Chine : "Deux ou trois enfants, ce serait trop de pression, trop de fatigue", résume une Pékinoise

Les députés chinois réunis depuis dimanche en session plénière se penchent sur l’inquiétant vieillissement de la population chinoise. Malgré de nombreuses mesures incitatives, le gouvernement ne parvient pas à relancer la natalité.
Article rédigé par franceinfo, Sébastien Berriot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Une image qui se raréfie en Chine. Trop de pression, trop de fatigue... Les familles chinoises n'ont plus de désirs d'enfants. (JADE GAO / AFP)

À la sortie du métro pékinois, nous croisons une mère de famille pressée. À 38 ans, cette Pékinoise travaille dans les relations publiques. Elle a une petite fille de huit ans et n'a pas du tout l'intention d'avoir d'autres enfants. Les incitations financières du gouvernement ne feront pas changer ses projets. "Avec deux ou trois enfants, ce serait trop de pression, trop de fatigue. Un enfant, pour nous, ça suffit. Une prime ne changera rien", tranche-t-elle.

>> La Chine vieillit à grande vitesse

La jeune mère affirme "très bien comprendre ce que les jeunes d'aujourd'hui pensent. Ils sont désireux d'être libres, de vivre pour eux-mêmes. Ils estiment que la vie est désormais si stressante qu'ils ont peur du mariage et de la parentalité".

"Je ne veux pas avoir d'enfant"

Ce jeune homme de 23 ans, vendeur dans un magasin de prêt à porter, confirme. "Je ne veux pas avoir d'enfant. Je suis heureux comme ça. Ce sont mes affaires, même si mes parents me mettent la pression. C'est inutile." Une façon de penser qui a tendance à se généraliser dans les grandes villes chinoises. Difficile dans ces conditions de relancer la natalité alors que pour la première fois depuis six décennies, le pays le plus peuplé du monde a vu sa population diminuer de 850 000 personnes en 2022. 

Le temps de la politique de l’enfant unique paraît donc désormais bien loin et la tendance menace très sérieusement l’économie chinoise. Au point que cette semaine, au Parlement, plusieurs députés vont faire des propositions comme Cai Xiujun, qui représente la province du Zhejiang. "Nous devons adapter les mesures aux différents groupes de personnes pour régler cette question de la faible fécondité. Par exemple, les femmes pourraient pratiquer le télétravail, mettre en place une politique pour aider les parents ayant plus d'un enfant à acheter un appartement."

"Le gouvernement invite à avoir des enfants, mais ce sont les entreprises qui paient."

Nie Huihua, économiste

à franceinfo

Des propositions que l'économiste Nie Huihua, de l'Université du peuple à Pékin, juge largement insuffisantes ou partielles. "Il n'y a pas de politique efficace en place pour inciter les parents à avoir des enfants. Je suis très déçu par la politique démographique actuelle. Le problème n'a pas été anticipé, déplore l’économiste. La crise a été perçue mais aucune approche efficace n'a été mise en place".

Ces dernières semaines, de nouvelles mesures ont été annoncées. La grande ville de Hangzhou, par exemple, a promis des primes allant jusqu'à 2 800 euros pour un troisième enfant. La province du Sichuan a même levé totalement le contrôle des naissances. Mais pas sûr que cela fonctionne. Faire des enfants n'est plus une priorité aujourd'hui pour les jeunes couples chinois.

La baisse démographique, inédite en Chine depuis 60 ans, inquiète - Reportage de Sébastien Berriot

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.