Pour ses 60 ans, l'été ne fait pas de cadeau à François Hollande
Economie grippée, majorité au bord de l'implosion, conflits internationaux… L'actualité n'est pas tendre avec le président de la République, qui souffle ses 60 bougies mardi.
Non, les Français qui subissent le mauvais temps en pataugeant dans des campings boueux ne sont pas les seuls à passer un été pourri. Le premier d'entre eux, qui fête ses 60 ans mardi 12 août, n'est guère gâté par la météo politique du moment. Contexte économique morose, tensions au sein de la majorité, conflits internationaux à gérer, rentrée délicate à négocier… L'actualité a décidé de ne pas offrir de cadeau d'anniversaire à François Hollande cette année.
Economie : en attendant un hypothétique frémissement…
L'économie française repartira-t-elle un jour ? Le 14 juillet, comme un an auparavant, le chef de l'Etat avait assuré que la reprise était "là". Mais depuis, le président et son Premier ministre ont changé de discours et insistent désormais sur la "déflation" qui menace l'Europe et la France.
Même si François Hollande ne l'a encore pas officialisé, il semble d'ores et déjà acquis que le déficit de la France en 2014 dépassera dans les grandes largeurs le niveau de 3,8% du PIB promis à Bruxelles. La faute à une croissance atone - comme devrait le confirmer l'Insee jeudi - engluée autour de 0%, que le pacte de responsabilité n'a pas encore réussi à relancer. D'autant que ce dernier a été en partie censuré par le Conseil constitutionnel, et qu'il faudra donc faire voter en septembre de nouvelles mesures pour remplacer celles qui ont été retoquées.
International : aucun répit pour le président
Entre le conflit qui s'enlise à Gaza, les violents combats dans l'est de l'Ukraine sur fond de crise diplomatique avec Moscou et la situation catastrophique d'un Irak en pleine déconfiture, François Hollande n'a pas dû pouvoir profiter outre mesure des dix maigres jours de repos qu'il s'est octroyés.
Depuis le début de ses vacances, le chef de l'Etat a d'ailleurs multiplié les entretiens téléphoniques, quasi quotidiens, avec les dirigeants concernés : le 6 août avec le roi Abdallah II de Jordanie, le 7 avec Massoud Barzani, président du Kurdistan irakien, le 9 avec Barack Obama, le 11 avec Recep Tayyip Erdogan, élu président en Turquie, et ce mardi avec Vladimir Poutine et Angela Merkel.
L'été avait déjà mal commencé pour François Hollande sur le front de la politique internationale. Auteur d'un communiqué jugé trop pro-israélien le 9 juillet, au début des frappes de l'Etat hébreu sur Gaza, il a, depuis, rectifié le tir, en condamnant, le 30 juillet, le bombardement d'une école des Nations unies. Trop tard pour faire oublier sa prise de position initiale, peu appréciée à gauche, y compris au PS.
Sondages : un rebond qui n'en est pas un
A la lecture du dernier sondage de popularité, François Hollande a peut-être entrevu une lueur au bout du tunnel ? Le chef de l'Etat a en effet gagné deux petits points, selon un sondage YouGov pour le Huffington Post publié le 7 août. Mais il reste à un niveau excessivement bas : seuls 16% des Français lui accordent une opinion favorable.
Un autre sondage a pu susciter un peu d'espoir à l'Elysée après les multiples commémorations historiques que François Hollande a présidées cet été. Une enquête de l'Ifop pour Atlantico montre que 55% des Français estiment que le président a, dans le cadre de ces commémorations, "bien assumé ses fonctions". Mais à lire l'analyse de Jérôme Fourquet, de l'Ifop, il n'y a pas de quoi pavoiser : "Dans cette séquence si consensuelle, on aurait pu imaginer qu'il ait eu des scores plus élevés. (...) Les 45% de mécontents montrent qu’il y a encore beaucoup d’efforts à accomplir pour que François Hollande soit pleinement reconnu dans sa fonction présidentielle sous la Ve République."
Politique intérieure : une majorité qui s'effrite
Communistes et mélenchonistes n'ont pas fait de pause estivale dans la critique de la politique de François Hollande. Mais la véritable menace se situe ailleurs : mécontents de la réforme territoriale, les discrets radicaux de gauche ont tapé du poing sur la table, menaçant de quitter le gouvernement. Si la menace était mise à exécution, cela équivaudrait pour la majorité à une perte sèche de 17 députés et 19 sénateurs. Autrement dit, le gouvernement, déjà lâché par les écologistes après les municipales, ne pourrait plus compter que sur le groupe PS à l'Assemblée, fort de 290 membres. Seulement un de plus que la majorité absolue dans l'hémicycle…
Or, le groupe socialiste à l'Assemblée ne se distingue pas par sa discipline. Trente à quarante députés "frondeurs" n'hésitent pas à s'abstenir, voire à voter contre, lorsque les textes présentés par le gouvernement ne leur semblent pas assez à gauche. De là à ce que ces socialistes déçus aillent voir ailleurs, il y a un pas que les intéressés n'ont pas encore franchi. Fin août, ils pourront se compter à l'université d'été de La Rochelle. Les partisans de François Hollande, comme à peu près toutes les chapelles du parti, feront de même. La rentrée pourrait donc être agitée sur le plan politique.
Une rentrée difficile à négocier
Puisque tous les voyants, ou presque, sont au rouge, difficile d'imaginer une rentrée politique sous les meilleurs auspices. Par conséquent, François Hollande passe ses vacances à préparer cette reprise de tous les dangers. Le 15 août, jour où il commémorera le 70e anniversaire du débarquement de Provence, à Toulon (Var), le chef de l'Etat s'entretiendra avec son Premier ministre, Manuel Valls, au fort de Brégançon, pour "préparer la rentrée dans la continuité du séminaire du gouvernement" qui s'est tenu début août.
Et comme si les ennuis n'étaient pas suffisamment nombreux, le début du mois de septembre devrait voir le retour en force de Nicolas Sarkozy sur la scène politique. François Hollande fait mine de ne pas s'y intéresser, mais la réalité est tout autre, selon Le Figaro. Pour certains conseillers élyséens, écrit le quotidien, Sarkozy est le "candidat rêvé" pour Hollande, car il "ressoudera la gauche contre lui", mais d'autres s'inquiètent au contraire de la "dangerosité" de l'ancien président.
Le petit bonus : la pluie
"Partout où je me déplace, la pluie est là", s'amusait François Hollande en juin 2012, seulement un mois après son élection. Un dicton qui semblait se concrétiser, à tel point qu'un journaliste français s'est saisi du sujet en avril 2013 pour constater qu'en effet, la première année de François Hollande avait été particulièrement pluvieuse.
La petite semaine passée à la résidence de la Lanterne, à Versailles, en ce début de mois d'août, ne fera sans doute pas mentir les statistiques, puisque la région parisienne a été balayée par d'incessantes averses. C'est peut-être pour rechercher le soleil qu'il a choisi de fêter son anniversaire en famille dans un lieu, tenu secret, du sud-est de la France. Avec un peu de chance, le dîner pourra se tenir en extérieur, mais attention à ne pas veiller trop tard, car devinez quoi…
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