Accusations contre Eric Coquerel : comment fonctionne le comité de suivi des violences sexuelles et sexistes de la France insoumise ?
Après avoir accusé publiquement Eric Coquerel de "gestes déplacés, offensants", la militante Sophie Tissier a saisi le comité de suivi des violences sexiste et sexuelles du parti, dimanche 3 juillet.
C'est la première femme qui sort de l'anonymat pour témoigner contre Eric Coquerel, député insoumis, fraîchement élu président de la Commission des finances de l'Assemblée nationale. Sophie Tissier, militante de gauche, et ancienne figure des "gilets jaunes", dénonce des faits qui se seraient déroulés lors d'une soirée organisée pendant les Universités d'été du Parti de gauche, à Grenoble en 2014. Elle décrit sur franceinfo "de la drague assez lourde" et "des gestes déplacés, offensants". Autant d'éléments qui l'ont amené, dimanche 3 juillet, a saisir le comité de suivi des violences sexistes et sexuelles (CVSS) de la France insoumise, qui a annoncé "traiter" ce signalement.
Une instruction en deux étapes
Sophie Tissier a réalisé cette saisine par mail : mais à quoi va-t-elle servir et comment va-t-elle être traitée alors qu'elle ne fait pas partie du parti ? Dans les faits, ce comité de suivi - composé de sept membres, toutes des femmes de différentes générations - va rapidement appeler la victime présumée pour recueillir son témoignage. L'objectif est de monter un dossier avec son récit, d'éventuels autres témoignages ou des preuves matérielles.
Créé depuis fin 2018, chaque victime présumée, élue ou militante, peut alerter ce CVSS et déposer son témoignage sur un e-mail dédié. Ce qu'à fait Sophie Tissier, avant de porter plainte contre le député LFI, ce lundi, comme elle l'avait annoncé sur franceinfo. Ce nouveau dossier, s'il s'inscrit dans la même lignée que les précédents signalement peut être traité entre deux à quatre semaines. Depuis décembre 2020, ce comité a reçu 15 signalements qui ont donné lieu à des enquêtes internes.
L'ensemble des documents sera ensuite transmis au comité de respect des principes de la France insoumise. Il est en charge d'instruire le dossier : interroger Eric Coquerel et décider d'éventuelles sanctions. Le député de Seine-Saint-Denis risque alors la suspension ou l'exclusion du parti. En revanche, cette structure ne peut pas aller beaucoup plus loin : impossible de forcer un député à démissionner.
Des cadres de la France insoumise soutiennent Eric Coquerel
Début mai, le comité de suivi des violences sexistes et sexuelles avait reçu plusieurs signalements contre Taha Bouhafs, qui était alors candidat pour les élections législatives, notamment pour agression sexuelle et violence sexuelle. Le journaliste de 25 ans avait retiré sa candidature avant la fin de l'instruction du dossier.
Pour l'instant, la plupart des cadres du parti font bloc autour d'Eric Coquerel. Jean-Luc Mélenchon, Mathilde Panot et Danièle Obono multiplient les messages de soutien sur les réseaux sociaux. Le leader de la France insoumise voit dans ces accusations une tentative de "revanche" du Rassemblement national après l'élection d'Eric Coquerel à la tête de la Commission des finances. Interrogée sur Franceinfo, lundi 4 juillet, Danielle Simonnet estime que les faits dénoncés "ne relèvent pas du pénal".
Suite à sa saisine du pôle contre les violences sexistes et sexuelles, Sophie Tissier sera auditionnée. Les faits qu’elle décrit ne semblent pas relever du pénal. La veille dans Mediapart elle considérait les faits insuffisamment graves pour justifier un signalement… #FranceInfo
— Danielle Simonnet (@SimonnetDeputee) July 4, 2022
De son côté, Eric Coquerel continue de nier les accusations. Le député insoumis a publié, dimanche 3 juillet, une tribune pour se défendre dans le Journal du dimanche, dans laquelle il affirme que "ces rumeurs sont infondées".
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