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Primaire à droite : comment les sept candidats doivent aborder le débat décisif de ce soir

Pour cette dernière joute télévisée avant le premier tour, franceinfo passe en revue ce que peuvent espérer les sept prétendants à l'Elysée, et les erreurs qu'ils ne doivent pas commettre.

Article rédigé par Ilan Caro
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Une image du générique du dernier débat de la primaire à droite sur France 2, le 17 novembre 2016. (MAXPPP)

Une campagne crispée, des sondages qui se resserrent et un épilogue de plus en plus incertain. Telle est la situation juste avant le dernier débat entre les sept prétendants de la primaire à droite, à suivre ce jeudi 17 novembre sur France 2 et Europe 1 à partir de 20h55. 

>> Regardez en direct le débat décisif entre le sept candidats de la primaire à droite

Le débat est animé par David Pujadas, Jean-Pierre Elkabbach (Europe 1), Nathalie Saint-Cricq (France 2) et Hervé Favre (La Voix du Nord). Les candidats seront d'abord interrogés sur des sujets d'actualité, puis sur l'international, les questions sociétales (éducation, laïcité, etc.) et les sujets économiques et sociaux. Désigné par tirage au sort, c'est François Fillon qui répondra à la première question et Nathalie Kosciusko-Morizet aura le privilège de conclure les débats.

Qu'attendre de ce dernier affrontement télévisé avant le premier tour de la primaire, dimanche 20 novembre ? Franceinfo passe en revue les enjeux pour chacun des candidats, ce qu'ils peuvent espérer, et les erreurs qu'ils ne doivent pas commettre.

Juppé : comment stopper la dégringolade ?

Il a longtemps joué la prudence dans cette campagne. Rien de plus normal lorsque les sondages vous donnent vainqueur haut la main invariablement depuis plus d'un an. Mais voilà : plus l'échéance approche, plus le matelas de sécurité d'Alain Juppé semble se réduire. Autre nuage en vue dans le ciel du maire de Bordeaux : la déclaration de candidature d'Emmanuel Macron, qui pourrait détourner certains de ses électeurs potentiels.

Alain Juppé peut-il vraiment se permettre de continuer à gérer son avance sans prendre le moindre risque ? Comment se différencier de ses adversaires et montrer que son succès ne doit pas uniquement au rejet de la personnalité de Nicolas Sarkozy ? "Juppé représente une forme d'apaisement pour les électeurs situés au centre-droit voire au centre-gauche. Dégainer la mesure phare au dernier moment n'est donc pas la meilleure solution pour lui, analyse Jean-Daniel Lévy, directeur du département opinion et politique chez Harris Interactive. En revanche, face à François Fillon, l'ancien ministre des Affaires étrangères pourrait essayer de se démarquer en mettant en avant son expérience sur l'international."

Sans changer le contenu de ses propositions, Alain Juppé sera plus "incisif" lors du troisième débat, confie son entourage au Monde. Reste à savoir s'il trouvera des formules moins artificielles que celle déclamée lors de son dernier meeting au Zénith, à Paris, et qui lui a valu quelques moqueries sur les réseaux sociaux : "J'ai la pêche ! Mais avec vous, j'ai la super pêche !"

Sarkozy : lui reste-t-il des cartes à abattre ?

L'ancien chef de l'Etat a beau se démener comme un beau diable, sa campagne ne parvient pas réellement à décoller. D'autant qu'il risque, pour la première fois, de devoir répondre aux accusations de l'homme d'affaires Ziad Takieddine sur un éventuel financement libyen de sa campagne de 2007 – accusations que Nicolas Sarkozy dément catégoriquement. Après avoir décidé de donner des accents identitaires à sa campagne, puis après avoir agité le chiffon rouge Bayrou pour décrédibiliser Alain Juppé, Nicolas Sarkozy dispose-t-il encore d'un atout majeur dans son jeu ?

L'élection de Donald Trump aux Etats-Unis peut lui donner du grain à moudre, et lui permettre de justifier par la preuve son discours hostile aux élites, aux sondeurs et au système médiatique. Rien de très nouveau, en somme.

Mais c'est peut-être sur le terrain beaucoup plus concret de la fiscalité qu'il pourrait appuyer ce jeudi soir. "Il est aujourd'hui le seul à parler très clairement de baisse d'impôts", observe Jean-Daniel Lévy. Or, ses deux principaux concurrents militent pour une hausse de la TVA, taxe qui touche l'ensemble des ménages : une hausse d'un point côté Alain Juppé, de deux chez François Fillon. Un argument qui aurait le mérite de faire d'une pierre deux coups.

Fillon : éviter le faux-pas

L'incroyable envolée de la campagne de François Fillon, qui s'approche de plus en plus de la deuxième marche du podium, si l'on en croit les derniers sondages, doit beaucoup à l'attitude de l'ancien Premier ministre ces dernières semaines. Loué pour sa constance, la précision de son programme, sa droiture d'esprit et son sérieux, il a tout intérêt à continuer à jouer sur cette corde.

Plus que jamais, il devrait insister sur son rôle, non pas de troisième homme de cette primaire, mais de vainqueur potentiel, capable de battre Alain Juppé comme Nicolas Sarkozy en cas d'accession au second tour. Jean-Daniel Lévy résume : "Il est la solution idéale pour ceux qui veulent un candidat plus jeune qu'Alain Juppé et en même temps se débarrasser de Nicolas Sarkozy."

Principal piège pour François Fillon : céder à l'excès de confiance et se livrer de façon trop violente. Par le passé, plusieurs de ses prises de position lui ont en effet causé du tort : sa sortie en 2013 sur le choix du candidat "le moins sectaire" en cas de duel PS-FN aux municipales (phrase sur laquelle il est depuis revenu), a pu créer de l'incompréhension. Plus récemment, le missile envoyé à Nicolas Sarkozy sur le terrain des affaires, en utilisant la référence au général de Gaulle que "personne n'imaginerait mis en examen" selon lui, est aussi mal passé.

Le Maire, Kosciusko-Morizet, Copé et Poisson : préparer la suite

Pour ces quatre-là, sauf énorme surprise, l'aventure présidentielle prendra fin dimanche soir. Distancé dans les sondages et englué à une décevante quatrième place, Bruno Le Maire devrait continuer à marteler son leitmotiv du "renouveau". Mais pourquoi ce qui a échoué depuis des semaines deviendrait-il subitement efficace ?

Nathalie Kosciusko-Morizet, elle, devrait poursuivre son entreprise de ringardisation de ses concurrents. Elle n'a rien à perdre puisqu'elle n'a jamais sérieusement pensé gagner cette primaire. Tout comme Jean-François Copé, dont la candidature de témoignage est restée inaudible malgré les habits d'amuseur public qu'il a enfilés lors du dernier débat. Quant au but de Jean-Frédéric Poisson, il est déjà atteint : grâce à cette primaire et à ses trois débats télévisés, le président du Parti chrétien-démocrate a acquis une notoriété inespérée.

Chacun à leur niveau, ils jetteront leur dernières forces dans la bataille, dans l'espoir d'obtenir un score qui leur permettrait de peser sur la suite des événements. En cas de scores serrés, les deux qualifiés pour le second tour se disputeront leur soutien. A charge pour eux de ne pas insulter l'avenir lors de cette dernière joute.

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