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Congrès LR : quelles sont les différences de programmes entre Valérie Pécresse et Eric Ciotti, les deux finalistes en lice pour l'investiture à la présidentielle ?

Article rédigé par Clément Parrot
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 9 min
Valérie Pécresse et Eric Ciotti se sont qualifiés pour le second tour du congrès de LR, le 2 décembre 2021. (JOEL SAGET / AFP)

Les 140 000 adhérents du parti Les Républicains ont qualifié Eric Ciotti (25,59%) et Valérie Pécresse (25%) pour le second tour de la primaire fermée organisée par la formation de droite. Les votants ont désormais jusqu'à samedi pour désigner celui ou celle qui se lancera dans la course à l'Elysée.

Ils étaient cinq sur la ligne de départ. Il n'en reste plus que deux. Eric Ciotti et Valérie Pécresse ont obtenu respectivement 25,59% et 25% des voix, jeudi 2 décembre, lors du premier tour de scrutin pour l'investiture LR à la présidentielle 2022.

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Les deux anciens ministres de Nicolas Sarkozy sont parvenus à devancer leurs concurrents et doivent désormais se départager, lors d'un second tour qui se déroule jusqu'à samedi. En attendant de savoir comment les soutiens de Michel Barnier (23,93%), de Xavier Bertrand (22,36%) et de Philippe Juvin (3,13%) vont reporter leurs suffrages, franceinfo s'intéresse aux différences de programmes entre les deux candidats. Même si elles sont parfois ténues.

Sur le pouvoir d'achat

Valérie Pécresse souhaite une augmentation des salaires, en misant sur une baisse des cotisations sociales pour les classes moyennes et populaires. "Ma grande mesure pour le pouvoir d'achat, c'est de revaloriser les revenus du travail, les salaires, de 10%, et de faire en sorte que le travail paye", a détaillé la candidate sur franceinfo. Cette décision coûte environ 20 milliards d'euros, qu'elle souhaite financer notamment par des économies avec la suppression de "près de 200 000 postes" dans l'administration. Elle appelle également à "réconcilier le travail et le capital" en développant la participation des salariés dans les groupes cotés.

La présidente de la région Ile-de-France propose aussi, dans son programme, de créer "un régime de donations défiscalisées tous les six ans, jusqu'à 100 000 euros de la part des grands-parents et parents", de "doubler le crédit d'impôt d'aide à domicile pour aider la prise en charge des enfants et des personnes âgées dépendantes" et de viser pour 2030 "le versement d'un minimum contributif égal au smic net" pour les personnes retraitées.

De son côté, Eric Ciotti mise sur la baisse des taxes et des impôts pour améliorer le pouvoir d'achat des Français. Mais ses détracteurs lui reprochent de viser surtout les plus aisés. Le député des Alpes-Maritimes propose notamment la suppression de l'impôt sur les successions et les donations, "un impôt sur la mort", la sortie de la résidence principale du cadre de l'impôt sur la fortune immobilière (le dispositif qui a remplacé l'ISF) et l'exonération des plus-values immobilières au bout de dix ans (contre vingt-deux ans actuellement).

Il propose enfin de remplacer l'impôt sur le revenu par une "flat tax" au taux unique de 15%. "On a le record du monde des prélèvements obligatoires, ce n'est plus supportable, parce que ça a conduit certains à quitter notre pays", assume-t-il sur franceinfo. Selon son programme (lien PDF), il préconise également une baisse des cotisations pour "rapprocher le salaire net du salaire brut pour les Français gagnant moins de 3 000 euros par mois".

Sur les questions de santé

Valérie Pécresse estime que la pandémie a révélé "un hôpital à bout de souffle, tenu à bout de bras par des soignants engagés, mais exténués". Elle propose donc le recrutement de 25 000 soignants sur un quinquennat et un droit au logement prioritaire pour les soignants. Pour lutter contre la désertification médicale, elle souhaite aussi la création d'une bourse d'études pour les médecins exerçant dix ans dans un désert médical. 

Comme elle le détaille dans son programme, elle souhaite aussi "débureaucratiser" le fonctionnement de l'hôpital au profit des médecins chefs de service. Elle propose un mode de financement davantage tourné vers la qualité des soins, avec notamment la publication des évaluations et des suggestions des patients. "On ne fera pas l'économie des états généraux de la santé si nous arrivons au pouvoir en avril", prévient la candidate.

Dans son programme, Eric Ciotti propose d'abord de lutter contre les déserts médicaux en doublant le nombre de médecins formés, en développant les maisons médicales et les structures d'urgence, et en votant un plan de défiscalisation pour accompagner l'installation des jeunes praticiens. Comme son adversaire pour l'investiture, il souhaite "débureaucratiser la santé", en redirigeant des moyens de l'administratif vers l'opérationnel et en nommant des médecins à la tête des hôpitaux. 

Le député des Alpes-Maritimes souhaite aussi un plan cancer et un plan Alzheimer. Il propose en outre de revaloriser la médecine libérale en supprimant l'obligation d'appliquer le tiers payant. "La santé a un coût, mais elle ne doit pas avoir de prix", a-t-il estimé sur France 2, en assurant qu'une visite chez un généraliste rapporte moins au médecin qu'une "coupe chez un coiffeur".

Sur la sécurité

"Avant de parler de sanctions, il faut un plan Orsec pour la justice", plaide Valérie Pécresse. Elle propose d'augmenter de 50% sur cinq ans les moyens des tribunaux (soit trois milliards d'euros) afin de rénover les bâtiments, de donner des moyens informatiques et de recruter 16 000 personnes, dont "3 000 juges, 3 000 greffiers et 2 000 procureurs". Elle propose aussi de simplifier la procédure pénale, notamment pour réduire les délais de jugement, et de "systématiser les comparutions immédiates ou à délai rapproché pour les flagrants délits".

L'élue francilienne propose aussi des centres correctionnels fermés, "avec incarcération de détenus sous bracelet électronique pour assurer l'exécution des courtes peines". Elle souhaite aussi doubler le nombre de centres éducatifs fermés pour les mineurs et ouvrir à terme 20 000 places de prison. Elle se donne ainsi pour objectif d'assurer l'exécution des peines dans les trois mois. Enfin, elle veut mettre en place une circonstance aggravante lorsqu'un crime ou un délit est commis dans l'un des 62 quartiers de reconquête républicaine. Mais selon le constitutionnaliste Jean-Philippe Derosier, la mesure n'est pas applicable en France aujourd'hui. "On ne peut pas territorialiser des peines, la loi est la même pour tous", explique-t-il à La Montagne.

En matière de sécurité, Eric Ciotti ne lésine pas sur les budgets. Il propose "25 milliards d'euros de plus sur cinq ans pour la police et pour la justice". L'investissement permettra notamment d'atteindre 100 000 places de prison en 2027 (soit 34 000 supplémentaires et 5 000 en préfabriqués). Il compte aussi créer 3 000 postes de magistrats et 3 000 postes d'assistants de justice. Pour répartir ces nouveaux moyens, il souhaite la création d'un grand ministère de la Sécurité intérieure.

Derrière le slogan "impunité zéro", Eric Ciotti compte également porter l'amende forfaitaire pour consommation de drogue à 1 000 euros, hospitaliser "sous contrainte les toxicomanes installés dans la rue", rétablir les peines planchers et instaurer une peine de perpétuité réelle "pour ceux qui constituent des menaces durables pour la société". Il souhaite également un "Guantanamo à la française" pour lutter contre le terrorisme, comme il l'affirme dans une interview au Point (article abonnés). Enfin, le député propose d'abaisser la majorité pénale à 16 ans (contre 18 actuellement), de doubler les centres éducatifs fermés et de "supprimer les allocations familiales pour les parents dont les enfants ne respectent pas les valeurs de la République".

Sur l'immigration

Valérie Pécresse souhaite une loi constitutionnelle pour instaurer "des quotas par métiers et par pays". Elle ne veut plus du "droit du sol automatique" à 18 ans, mais "un acte de volonté et une garantie d'assimilation". Elle prévoit de faire pression sur les pays qui refusent de reprendre leurs ressortissants clandestins, en menaçant de mettre fin à la délivrance de visas d'entrée. Elle souhaite que les demandes d'asile soient déposées dans les ambassades françaises des pays d'origine.  

Dans son programme, elle propose aussi de présumer majeur tout "mineur non accompagné" qui refuse un test osseux, de renforcer et contrôler les conditions du regroupement familial, de supprimer les aides sociales aux sans-papiers, de recentrer l'aide médicale d'Etat (AME) sur les seules urgences et d'expulser du territoire toute personne en situation irrégulière représentant une menace grave, à moins qu'elle ne soit poursuivie en justice. Pour l'élue francilienne, l'obtention de la carte de séjour doit également être conditionnée à la maîtrise du français.

Eric Ciotti propose quant à lui de consulter les Français par référendum dès le mois de juin 2022 pour valider une réorientation des principes de la politique migratoire française. Il souhaite notamment restaurer le droit du sang et abolir le droit du sol, et veut le retour de la double peine, c'est-à-dire la possibilité d'expulser un étranger qui vient de purger sa peine de prison (mesure qui n'a pourtant jamais été supprimée).

Le député des Alpes-Maritimes propose également la fin du regroupement familial, la sortie de l'espace Schengen, la mise en place "d'un permis migratoire à points délivré sous condition" et la "priorité nationale et européenne appliquée aux emplois publics et privés, aux logements sociaux et aux allocations sociales non distributives".

Sur la lutte contre l'islamisme

Valérie Pécresse met sur la table une batterie de mesures dans l'objectif de lutter contre l'islamisme. Elle souhaite "pénaliser le port du voile forcé", "expulser tous les étrangers dont le comportement participe à l'islamisme radical inscrits dans les fichiers de l'antiterrorisme" ou encore "mettre en place des mesures de rétention pour les terroristes radicalisés, à l'issue de leurs peines de prison". Plus original, elle propose d'avoir recours à la technologie avec la reconnaissance faciale à l'entrée des transports en commun pour croiser les résultats avec les fichiers antiterroristes. Enfin, elle souhaite "faire de la radicalisation un motif de révocation ou de licenciement pour cause réelle et sérieuse, dans le privé comme dans le secteur public".

Eric Ciotti souhaite également lutter contre l'islamisme, en ajoutant notamment la mention des racines judéo-chrétiennes de la France dans la Constitution. Il veut aussi compléter la devise de la République avec le mot "laïcité" et interdire le voile islamique "pour les mineurs et les accompagnants scolaires, dans les services publics, à l'université et dans les bureaux de vote".

Sur l'écologie

Les deux candidats reconnaissent un dérèglement voire une urgence climatique, mais leurs propositions pour y faire face diffèrent. Valérie Pécresse souhaite "relever le défi climatique, mais sans punir les Français". Elle estime que la France n'est pas sur la bonne trajectoire pour atteindre la neutralité carbone en 2050. Elle souhaite donc faire 25% d'économies d'énergie et augmenter de 60% la production d'électricité avec la construction de six EPR et des énergies renouvelables. "Pas d'éoliennes s'il y a une opposition des populations, mais en revanche, quand ça fonctionne (...) il n'y a pas de raison de s'en priver", a expliqué la candidate sur France 2. Elle propose donc de diviser par deux l'éolien terrestre, mais de maintenir l'éolien marin et le photovoltaïque.

Elle propose aussi de créer une taxe carbone aux frontières de l'Union européenne, d'instaurer "une préférence européenne" avec des clauses sur le carbone dans tous les contrats publics et privés, de décarboner les transports ou encore de mobiliser les citoyens avec la mise en place d'une "Réserve écologique" "pour réaliser des plans de nettoyage systématiques pour chaque espace naturel protégé"

Eric Ciotti souhaite poursuivre le programme nucléaire avec six nouveaux EPR également, mais compte mettre fin aux projets éoliens, "sauf s'il y a un consentement local". Il propose aussi un grand plan national de développement des énergies "propres" (hydrogène et électrique), une taxe carbone à la frontière de l'Union européenne pour taxer les Etats pollueurs et la déclaration comme patrimoine national des barrages hydrauliques. "Seuls l'investissement, le progrès et la science permettront à notre société de relever le défi de la transition écologique", estime-t-il dans son programme.

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